CTV Vancouver (CIVT-DT) concernant CTV News at 6 (agression mortelle à l’école secondaire d’Abbotsford)

COMITÉ DÉCIDEUR ANGLOPHONE
Décision CCNR 16/17-0554
2017 CBSC 9
26 septembre 2017
A. Noël (présidente), D. Braun, J. Doobay, E. Duffy-MacLean, P. Gratton, J. Pungente, L. Todd


LES FAITS

Le 1er novembre 2016, deux jeunes filles de l’école secondaire d’Abbotsford en Colombie-Britannique se font poignarder dans le corridor de l’école. La police est appelée sur les lieux à 14 h 05. Un suspect est appréhendé. CTV Vancouver (CIVT-DT) rapporte les faits en manchette le soir même dans son bulletin de nouvelles CTV News at 6.

Le reportage montre des véhicules et du personnel d’urgence qui arrivent sur les lieux, ainsi que des parents et des élèves à l’extérieur de l’école. Sur la bande défilant au bas de l’écran, on peut lire : [traduction] « Une vidéo troublante aurait capté l’agression ». La présentatrice de CTV Vancouver Tamara Taggart et la journaliste sur place Shannon Patterson échangent des commentaires.

[traduction]

Tamara Taggart :             CTV News vient tout juste de mettre la main sur une vidéo qui semble montrer l’une des agressions à mesure qu’elle prend place. Le journaliste de CTV Shannon Patterson nous parle en direct devant l’école secondaire d’Abbotsford. Et, Shannon, cette vidéo – dont il faut prévenir le public qu’elle est très explicite – montre une situation effroyable.

Shannon Patterson [devant l’école] :      Vous l’avez dit, Tamara. Elle montre une agression violente en train d’être perpétrée à l’intérieur de cette école, qui a plongé les élèves et les parents dans la stupeur.

On procède à la diffusion de la vidéo filmée sur cellulaire. Elle est présentée au ralenti. Filmée à partir d’un étage supérieur, elle laisse entrevoir le rez-de-chaussée de l’école à travers les barreaux de la rampe. Elle montre ce qui paraît être un jeune homme se ruant sur une femme qui gît au sol. On voit s’approcher la silhouette d’un homme plus âgé vêtu d’un tablier noir. Le plan se rapproche, mais on est encore assez éloigné des sujets. Le premier homme exécute un mouvement comme pour enfoncer un poignard. Il y a interruption dans la vidéo. Elle reprend après une coupure au moment où un objet brillant atterrit sur le sol et l’homme s’écarte de la femme. On peut lire en petits caractères dans le coin inférieur gauche de l’écran : « From YouTube ».

Mme Patterson décrit la scène à mesure que la vidéo déroule :

Cette vidéo a été affichée sur les médias sociaux peu après que deux personnes ont été poignardées à l’école secondaire d’Abbotsford. Un jeune homme est accroupi au-dessus d’une jeune femme étendue sur le sol à côté d’une flaque de sang. Il paraît être en train de la poignarder à l’abdomen. Il laisse échapper un couteau de ses mains et recule. Il a été appréhendé au moment où la nouvelle se répandait parmi les parents venus cueillir leur enfant à l’école.

Le reportage se poursuit avec des entrevues d’élèves et de parents qui décrivent la frayeur entourant la situation, notamment due au peu d’informations que reçoivent les parents pendant que leurs enfants sont enfermés dans l’école. Quelques élèves étaient encore détenus au moment où l’émission était diffusée. Mme Patteron rapporte qu’une des victimes a été emportée en ambulance, mais que l’état des deux jeunes filles n’est pas encore connu. Elle indique que la police d’Abbotsford annonce une conférence de presse pour 19 h qui devrait fournir un complément de détails. (La transcription complète et la description plus détaillée du bulletin de nouvelles figurent à l’annexe A, en anglais seulement.) Le public devait apprendre plus tard que l’une des victimes, une adolescente de 13 ans, avait succombé à ses blessures et que le suspect, un jeune homme de 21 ans, n’avait aucun lien avec les jeunes filles ou avec l’école. La police et la direction de l’école ont aussi demandé aux médias de ne plus diffuser la vidéo par respect pour les familles des victimes et pour ne pas traumatiser davantage les autres élèves.

Le CCNR a reçu six plaintes concernant le reportage de CTV Vancouver sur l’agression à l’école secondaire d’Abbotsford, mais un seul plaignant a demandé au CCNR de trancher. Il mentionne dans sa lettre que l’équipe des nouvelles de CTV Vancouver [traduction] « a dépassé les limites » en montrant la vidéo. Il déclare que « diffuser ce qui semble être le meurtre d’un enfant à l’école est tout à fait inapproprié et extrêmement irrespectueux envers la famille de cet enfant » et que CTV a violé la vie privée des élèves. Il exige à la fois des excuses publiques et des excuses privées aux familles touchées par la tragédie.

CTV Vancouver a répondu qu’il n’avait pas diffusé l’agression comme telle et qu’il y avait de la confusion dans le public à savoir quel télédiffuseur avait diffusé quelles portions de la vidéo. CTV a insisté sur le fait que les téléspectateurs avaient été prévenus de la nature troublante de la vidéo avant sa diffusion, qu’il n’avait pas inclus la portion audio de la vidéo faisant entendre les cris des victimes, qu’il avait supprimé toutes les images montrant l’agresseur en train de frapper sa victime et qu’il avait flouté le visage de la victime pour protéger la confidentialité. La station a reconnu que les reportages où il est question de violence insensée rendent toujours la tâche difficile, mais qu’il avait choisi d’inclure la vidéo pour aider le public à comprendre ce qui était arrivé. CTV estime avoir agi conformément à tous les codes de l’industrie, ses lignes directrices et sa législation.

Le plaignant, dans une seconde lettre au CCNR, a indiqué qu’il n’était pas satisfait de cette réponse de CTV. Selon lui, même si CTV avait supprimé certains passages de la vidéo, les portions effectivement diffusées n’en étaient pas moins inappropriées et [traduction] « violaient la vie privée d’une mineure durant une grave expérience ». De son côté, CTV écrivait au CCNR qu’il estimait avoir fait preuve de bon jugement éditorial en censurant sa présentation de la vidéo. (La correspondance complète figure à l’annexe B, en anglais seulement.)

LA DÉCISION

Le comité décideur anglophone a étudié la plainte à la lumière des articles suivants du Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) et du Code de déontologie journalistique de l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées du Canada (ASNNR) :

Code de l’ACR concernant la violence, Article 6.0 – Nouvelles et émissions d’affaires publiques

6.1       Les télédiffuseurs doivent faire preuve de discernement dans les reportages de scènes de violence, d’agression ou de destruction qu’ils présentent aux nouvelles et dans leurs émissions d’affaires publiques.

6.2       Il faut faire preuve de circonspection dans le choix et la présentation répétée d’images présentant des scènes de violence.

6.3       Les télédiffuseurs doivent informer à l’avance les téléspectateurs de la présentation de scènes de violence qui sortent de l’ordinaire ou de reportages qui font état de sujets délicats comme l’agression sexuelle, ou les poursuites judiciaires liées à des crimes sexuels, et ce plus particulièrement pendant les bulletins de nouvelles ou les dépêches de l’après-midi ou du début de soirée, que les enfants pourraient regarder.

[...]

6.7       Les télédiffuseurs doivent se reporter au Code de déontologie de l’Association canadienne des directeurs de l’information en radio-télévision [renommé le Code de déontologie journalistique de l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées] pour plus de directives sur les reportages en général.

Code de déontologie journalistique de l’ASNNR, Article 5.0 – Respect

Les journalistes se montrent toujours respectueux et tiennent compte en tout temps de la pertinence d’un récit pour l’intérêt public.

5.1          Nous nous efforcerons de respecter la dignité de chacun, et d’autant plus quand la nouvelle concerne des enfants et des personnes vulnérables.

5.2          Nous procéderons avec tact et retenue en rapportant des situations potentiellement dangereuses ou impliquant des images ou des descriptions violentes.

5.3          Nous traiterons tout le monde avec égards et ferons en sorte de ne pas fausser le caractère ou l’importance de l’événement par notre présence.

5.4          Nous éviterons le sensationnalisme.

5.5          Nous n’empiéterons pas sur la vie privée d’une personne à moins qu’il y ait un intérêt supérieur en jeu.

Les membres du comité décideur ont lu toute la correspondance afférente et ont visionné un enregistrement de l’émission visée. Le comité conclut que CTV Vancouver a violé les articles 6.1 et 6.2 du Code de l’ACR concernant la violence. Il n’a pas violé l’article 6.3 puisqu’il a bel et bien diffusé un avertissement. Le comité conclut que CTV Vancouver a violé par ailleurs les articles 5.1, 5.2 et 5.4 du Code de déontologie journalistique de l’ASNNR, mais qu’il n’y a pas eu infraction à l’article 5.5.

Diffusion des extraits d’une vidéo de nature violente

Le comité a commencé par se demander si CTV avait pris la décision éditoriale appropriée en décidant de diffuser la version éditée d’une vidéo prise à partir d’un téléphone dans son bulletin de nouvelles du 1er novembre. Cette vidéo était-elle essentielle à la nouvelle ou constituait-elle du sensationnalisme? Le fait d’éditer cette vidéo suffisait-il à en justifier la diffusion? Le fait que la police ait demandé aux médias de s’abstenir de la montrer était-il pertinent à l’affaire?

Le comité conclut à l’unanimité que la diffusion de la vidéo, même dans sa version éditée, ne contribuait rien au récit et démontre un manque de jugement éditorial de la part du télédiffuseur. Intégrer la vidéo au bulletin de nouvelles de 18 h le 1er novembre constitue une violation de l’article 6.1 du Code de l’ACR concernant la violence. Le fait d’avoir omis la portion sonore et l’agression comme telle ne diminue pas l’impact créé par ce clip troublant. Quoique la vidéo n’ait été diffusée qu’une seule fois, le comité conclut que CTV n’a pas exercé la réserve nécessaire en choisissant de diffuser cette vidéo violente et que, pour cette raison, il a enfreint l’article 6.2 du code susmentionné[1].

Le comité note que CTV a bien émis un avertissement aux téléspectateurs avant de diffuser la vidéo et que ce faisant, il s’est conformé aux dispositions de l’article 6.3 du Code de l’ACR concernant la violence qui exige que les télédiffuseurs informent à l’avance les téléspectateurs de la présentation d’images troublantes comme celles que renferme cette vidéo.

Comportement respectueux

C’est la première fois[2] que le CCNR a l’occasion d’examiner un dossier à la lumière du nouveau Code de déontologie journalistique de l’ASNNR entré en vigueur le 1er juillet 2016. Il y a suffisamment de similarités entre les deux versions du code de l’ASNNR pour permettre au CCNR d’appliquer les principes établis dans des décisions antérieures. Néanmoins, le comité observe que certains articles de la nouvelle version, notamment l’article 5.0, formulent des attentes en termes légèrement différents de la version précédente.

L’article 5.0 du Code de déontologie journalistique de l’ASNNR fait appel à un comportement respectueux qui tienne compte de la pertinence du récit pour l’intérêt public. Comme mentionné plus haut, le comité a déterminé que l’inclusion d’une scène filmée à partir d’un téléphone dans la diffusion du 1er novembre ne reflétait pas un jugement éditorial approprié. Il s’ensuit une infraction à l’article 5.0 du Code de l’ASNNR. L’article 5.1 exige de respecter la dignité de chacun, et d’autant plus quand la nouvelle concerne des enfants. Le comité conclut que la diffusion d’images montrant la jeune victime ne respectait pas la dignité de cette enfant et violait l’article 5.1. L’article 5.2 recommande de procéder avec tact et retenue dans le recours aux images violentes. Le comité estime qu’il n’y a eu ni tact ni retenue dans la décision de montrer en images une situation tragique et très troublante et qu’il s’ensuit une violation de l’article 5.2. L’article 5.4 exige de la part des télédiffuseurs qu’ils évitent le sensationnalisme. Étant donné que le comité a été d’accord que la vidéo n’ajoutait rien au récit, il conclut que l’inclusion d’images violentes faisait entrer un élément de sensationnalisme dans la diffusion, en violation de l’article 5.4[3].

Quant à l’atteinte à la vie privée, dans l’ancienne version du Code de l’ASNNR, la dignité et la vie privée, parce qu’elles constituaient les deux volets d’un même article, étaient souvent traitées simultanément. Les facteurs pris en considération dans les décisions invoquant cet article étaient cependant différents[4]. Dans la version 2016 du code, les deux notions figurent dans des articles différents. C’est pourquoi, même si le comité a conclu à une violation de la disposition sur la dignité, il doit évaluer séparément le respect de la vie privée. Étant donné que la vidéo de la victime était floutée et que l’identité de la personne agressée n’a pas été donnée dans le bulletin qui montre la vidéo, le comité conclut que l’inclusion d’une vidéo floutée ne constitue pas une infraction à l’article 5.5.

Demande formulée par la police

Le comité se range à l’avis qu’il appartient aux télédiffuseurs de prendre leurs propres décisions. En l’absence d’une ordonnance de non-publication, une simple demande formulée par les autorités policières ne constitue pas une interdiction en bonne et due forme. Les télédiffuseurs seraient bien avisés de peser soigneusement le bien-fondé de ces demandes, mais cela ne devrait pas les empêcher de prendre leurs propres décisions en se conformant aux dispositions des codes.

Réceptivité du télédiffuseur

Dans toutes les décisions rendues par le CCNR, ses comités évaluent dans quelle mesure le radiodiffuseur s’est montré réceptif envers le plaignant. Bien que le radiodiffuseur ne soit certes pas obligé de partager l’opinion du plaignant, sa réponse doit être courtoise, réfléchie et complète. Dans la présente affaire, CTV Vancouver s’est donné la peine de répondre au plaignant, en donnant ses arguments en faveur de la diffusion des images de l’agression. Le fait que le plaignant et le comité n’aient pas été d’accord avec ses arguments n’enlève rien à la courtoisie dont fait preuve sa réponse. Ce télédiffuseur ayant rempli son obligation de se montrer réceptif, il n’y a pas lieu d’en exiger davantage de sa part, sauf pour l’annonce de cette décision.

Annonce de la décision

CTV Vancouver est tenu : 1) de faire connaître la présente décision selon les conditions suivantes : une fois pendant les heures de grande écoute, dans un délai de trois jours suivant sa publication et une autre fois dans un délai de sept jours suivant sa publication, dans le même créneau horaire que celui de CTV News at 6 (mais pas le même jour que la première annonce); 2) de faire parvenir au plaignant qui a présenté la demande de décision dans les 14 jours suivant la diffusion des deux annonces, d’une confirmation écrite de son exécution; 3) au même moment, de faire parvenir au CCNR copie de ces confirmations accompagnées du fichier-témoin attestant la diffusion des deux annonces, qui seront formulées comme suit :

Le Conseil canadien des normes de la radiotélevision a jugé que CTV Vancouver avait enfreint le Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs et le Code de déontologie journalistique de l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées en rapportant l’agression perpétrée à l’école secondaire d’Abbotsford le 1er novembre 2016. CTV Vancouver a diffusé une portion de l’agression filmée à partir d’un téléphone. Il s’agissait d’une vidéo de nature violente qui n’était pas indispensable au récit, ce qui est interdit par l’article 6 du Code concernant la violence et d’un manquement au respect de la dignité d’un enfant, ce que dénonce l’article 5 du Code de déontologie journalistique.

La présente décision devient un document public dès sa publication par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision.

[1] Voir les décisions suivantes dans lesquelles ces mêmes dispositions du code s’appliquent : CTV concernant Canada AM (Bizutage du Régiment Airborne) (Décision CCNR 94/95-0159, 12 mars 1996); CTV concernant un reportage (fusillade par la police) (Décision CCNR 94/95-0213, 26 mars 1996); CTV concernant un reportage du prononcé de sentence de Charles Ng (Décision CCNR 98/99-1120, 22 mars 2000); CHAN-TV concernant une nouvelle rapportant un accident fatal (Décision CCNR 00/01-0839, 23 janvier 2002); CTV Newsnet concernant un reportage (Meurtre d’un otage à Ryad) (Décision CCNR 03/04-1817, 15 décembre 2004); CTV concernant la couverture de l’accident mortel en luge aux Jeux Olympiques d’hiver de 2010 (Décision CCNR 09/10-0895+, 12 novembre 2010).

[2] Un autre dossier traitant la couverture du même incident par Global a été évalué par le même comité du CCNR et la décision dans les deux cas a été rendue le même jour. Voir Global BC (CHAN-DT) concernant Global News Hour at 6 et Global News at 11 (agression mortelle à l’école secondaire d’Abbotsford) (Décision CCNR 16/17-0553+, 26 septembre 2017).

[3] Voir les décisions suivantes qui soulèvent les notions de respect et de sensationnalisme : CTV concernant un reportage (fusillade par la police) (Décision CCNR 94/95-0213, 26 mars 1996) et CTV concernant un reportage du prononcé de sentence de Charles Ng (Décision CCNR 98/99-1120, 22 mars 2000).

[4] Voir les décisions suivantes sur la façon dont le CCNR évalue les atteintes à la vie privée dans un bulletin de nouvelles : CTV concernant Canada AM (Bizutage du Régiment Airborne) (Décision CCNR 94/95-0159, 12 mars 1996) et CHAN-TV (BCTV) concernant un bulletin de nouvelles (Meurtre sur le métro de Toronto) (Décision CCNR 97/98-0383, 20 mai 1998).



Appendix A

CTV Vancouver aired coverage of a stabbing incident at Abbotsford Senior Secondary School in Abbotsford, British Columbia as the top story of its CTV News at 6 newscast on November 1.  The anchors were Tamara Taggart and Mike Killeen.  A description of the report is as follows:

red banner across bottom of screen reads “Breaking News”

caption at bottom of screen:  “Two Girls Stabbed at Abbotsford Secondary”

male voice-over:     Breaking news.  Police rush to the scene after two girls are stabbed at a school in Abbotsford.  The school locked down this afternoon.  A terrifying situation for students and parents.

[scene of school exterior:  police cars driving or parked along side of road; paramedics wheeling a gurney with someone covered by a sheet; people standing around outside school with yellow police tape surrounding school property]

Killeen:           Good evening.  Abbotsford Police say one male suspect is in custody tonight.

caption changes to “Disturbing Video Appears to Show Stabbing”

Taggart:         A short time ago, CTV News obtained video that appears to show one of the stabbings as it happens.  CTV’s Shannon Patterson is live outside Abbotsford Secondary.  And, Shannon, this video – which we should warn people is very graphic – shows a frightening situation.

Patterson [outside school]:          It certainly does, Tamara.  It shows a violent attack in progress inside this school that has left students and parents stunned.

[cellphone video:  It is shown in slow motion.  Taken from a higher floor, it shows a lower floor of the school through a railing.  It shows what appears to be a male pushing over a female who is already lying on the ground.  Another male figure wearing a black apron approaches them.  The video zooms in somewhat, but is still at quite a distance from the people.  The first male holds his arm up as if to begin a stabbing motion.  At this point, the video stops.  It cuts and then resumes as something shiny falls to the ground and the male backs away from the female.  The female’s body, including her face, is blurred.  The male continues to back away.  There is a blurred red blotch beside the female.

A small caption to the bottom left reads “From YouTube”.]

During the showing of the video, Patterson describes the scene:

This video was posted on social media shortly after two people were stabbed at Abbotsford Secondary.  A young man stands over a young woman as she lies on the floor next to a red stain.  He appears to stab her in the mid-section.  A knife then falls away from his hand and he backs away.  He was taken into custody as news spread to parents arriving for school pick-up.

[scene of police van driving]

Patterson interviewing an unidentified man:  Somebody walked into the rotunda area, which is just in the front area of the school, and stabbed a girl.

[scenes of parents and young people standing around; paramedics standing by a gurney; police with weapons standing outside]

Patterson:    Stunned parents watched as one of the students was taken by stretcher to an air ambulance and police with long-guns patrolled outside.

Patterson interviewing male parent:     This is crazy.  It doesn’t happen in ... yeah, no words, I guess.

Patterson:    You must be worried for your child.

male parent: Of course.

[people standing around outside school]

Patterson:    With the school in lockdown, parents were stuck behind police tape, frantically trying to get a hold of their children inside.

[close-up of woman talking on a cellphone]

interview with that woman:         Terrified, obviously.  It’d be nice to hear something.

Patterson:    Not a lot of information?

woman:         Nothing.

[scenes of other parents on cellphones & standing around; close-up of cellphone screen that reads “The swat police just walked in checking each and every classroom to make sure no one else was hurt”]

Patterson:    The only info coming from texts sent from students in lockdown.

interview with first man:   The latest thing is that the police are going through every classroom, the SWAT police, uh, making sure there’s nobody else hurt in any of the other rooms.

interview with female parent:     It’s terrifying for the parents because we have no idea.  Like, we know our children are in locked classrooms, but we have no idea what’s going on ʼcause nobody tells us.  And you see all these, massive amounts of police and ambulances and fire trucks.  And you just, it’s terrifying.

male district official addressing crowd of parents:    They’re going to stage at the Abby Arts Centre.

Patterson:    Parents crowded around a district official looking for any details.

district official:         I can let you know that there’s no threat in the school.  Everybody’s safe.  Um, and that’s all the information I have right now.

Patterson:    Abbotsford Senior Secondary who were inside the school when this attack happened remain on lockdown.  It’s been nearly four hours now.  Their parents have been told they can pick them up shortly at a nearby arts centre, but we don’t have an exact time on that yet.  The school behind me, Mike, remains a crime scene.

Killeen:           Still a tense situation there tonight, Shannon.  What do we know about the conditions of those two girls who were stabbed?

Patterson:    We don’t have their condition at this time other than the fact that they were injured.  We saw video of one of them very dramatically being injured inside the school.  We’re not sure what happened to the second girl.  We know at least one of them was airlifted to hospital.  We saw that helicopter leave the field shortly after the stabbing.  There is a press conference, Abbotsford Police, at 7 pm tonight where we expect to get more details, not only on those victims, but on the suspect who’s in custody.  Mike?

Killeen:           Obviously staying on this.  Thanks, Shannon.  Live tonight in Abbotsford.


Appendix B

The Complaint

The CBSC received six complaints about CTV’s coverage of the Abbotsford school stabbing.  Of those six, four provided enough information to proceed through the CBSC’s process.  Of those four, only one complainant requested a ruling.

His complaint was sent to the station on November 1, 2016, then to the CBSC on November 2, and reads as follows:

Good evening,

I am writing as it is imperative that CTV Vancouver issue a public apology on the 6 pm news for choosing to air the cell phone video shot by a minor showing another student being violently attacked inside a school.

I have watched your news broadcast for years and in a few short moments, you lost all credibility and respect from me.  I am shocked, angered, and appalled that the decision was made to air this video for so many reasons.  As CTV is aware, safety and protection of privacy of students within a school is incredibly important and this was violated.  In addition to this, airing the potential murder of a child in a school is completely inappropriate and extremely disrespectful to the family of this child.

Your news team crossed the line today and needs to be held to a higher standard.  A public apology for this choice is necessary as is a private apology to the families affected by this tragic crime.

Broadcaster Response

CTV Vancouver responded to the complainant on December 12:

Thank you for raising your concerns about CTV Vancouver’s decision to air on CTV News at 6 some of the video shot on a cell phone camera from inside Abbotsford Senior Secondary on November 1st, 2016.

As you correctly point out, the video that was shot that day shows a student being attacked inside the school.  But let me be very clear:  CTV Vancouver did not broadcast the actual image of this attack.  I’ll explain in detail what we did broadcast in a moment, but I think I should point out that there is a lot of confusion over the use of this video on local newscasts because another broadcaster in Vancouver decided to air it in its entirety including the audio of the victims’ screams.  CTV News, however, did not.

Telling the story of a senseless murder is a very difficult task.  We at CTV News understand that these are very sensitive topics to our viewers and during the telling of these terrible stories, we work very hard to report what has happened in a fair and responsible manner.

Most importantly, before our story aired, we warned our viewers that it contained images they might find disturbing in accordance with the Canadian Association of Broadcasters (CAB) Voluntary Code Regarding Violence in Television Programming (the CAB Violence Code).  This permitted our viewers to make the decision as to whether or not they wished to view the story.

As well, we made significant edits to this video for our viewers.  We showed the suspect in the moments before he attacked, and we showed him in the moments after.  CTV Vancouver edited out all images that showed the attacker actually striking his victim.  In addition, we used a digital effect to fully obscure all images of the victim, thus protecting her privacy and focusing only on the suspect – a man, as you know, who had made his way into a public school to attack students.  And we went even further – removing all audio and making the parts of the video that we broadcast completely silent.

As a newsroom that afternoon, we were focused on trying our best to help answer a vitally important question:  What happened in the school?  It’s a question our reporters outside of the school were being asked repeatedly that afternoon by parents.  Indeed, many parents of students at the school complained to us about a lack of information as they waited outside.  We decided, as journalists, that parts of the video, carefully and sensitively edited in the way I’ve just described, could help provide answers.

As I hope you can now tell, we were very much aware that broadcasting this video unaltered would likely offend some of our viewers and wasn’t necessary in order to tell the story.  And let me just say to you personally that I completely understand how you’re feeling.  I have a 14-year-old son in high school and this story, as it is to so many of our viewers, is deeply upsetting to me.  It’s beyond tragic.  But it’s also a crime, and it raises serious questions about the safety of our children.

The CAB Violence Code recognizes the responsibility of broadcasters not to sanitize the news:

“While broadcasters shall not exaggerate or exploit situations of aggression, conflict or confrontation, equal care shall be taken not to sanitize the reality of the human condition.”

The CBSC has acknowledged this principle in past decisions:  “The [Violence] Code recognizes that society has a right, if not an obligation, to have presented to it the reality of the news however unpleasant or even intolerable the news may be from time to time.

While we regret that you were offended by some of the video shown and that was certainly not our intent, we believe that this segment was in accordance with all applicable industry codes, guidelines and legislation.

We very much appreciate that you’ve taken the time to formally raise these concerns and that you have given CTV a chance to respond in detail.  Thank you.

CTV is a member of the CBSC in good standing and adheres to all its codes and guidelines.

Additional Correspondence

The complainant responded directly to CTV on December 14:

Thank you for your detailed response; however, I disagree with some of the statements and am not satisfied with this response.

As I mentioned in my previous communication, I have been a long-standing, loyal viewer of CTV Vancouver.  Your station is the only station I watched that night and I watched in horror as your station on the 6 pm news aired a man holding up a knife and made a stabbing motion towards a lifeless body.  I appreciate the news team may have edited the video and removed the audio.  Regardless, I cannot unsee that stabbing motion.  That was clearly inappropriate for TV and a violation of a minor’s privacy during a grave experience.

To resolve this issue, it is my expectation that a private apology be sent to the school and the family of the victims.  In addition, a public apology needs to be issued to the viewers. Please attach a copy of both to your reply to my email.

CTV’s Assistant News Director wrote back stating:  “The next step for you, if you aren’t satisfied, is to request a review from the CBSC.  Thanks again.”  The complainant then wrote to the CBSC indicating his dissatisfaction and asking what the next steps would be.  The CBSC responded with its customary message about its process and timeframe for examining files.

Once the Panel meeting had been scheduled, the CBSC provided CTV with the opportunity to add any additional comments to the file.  It did so on May 25, 2017.

Thank you for your note of May 23rd, informing us of the CBSC Adjudicating Panel’s intention to examine CBSC File # 1617-0554 “Abbotsford Stabbing.”

We would like to further clarify information about our decision to broadcast some of the cell phone video in question – pointing out again that CTV Vancouver did not broadcast any video of the actual attack, but instead focused on the period of time before and after the attack occurred.

Please allow me now to go further into our decision as it relates to Article 6 of the CAB Violence Code and Article 5 of the RTDNA Code of Journalistic Ethics, the provisions that the CBSC Panel will consider in their adjudication.  Both codes call for editorial judgment and careful consideration when using graphic images on the news.  They call for sensitivity, decency and respect, while at the same time requiring broadcasters to consider the public interest and warning news organizations against the sanitization of the news.  The CAB Code also requires that audiences be warned in advance of graphic images being displayed and the RTDNA warns against sensationalism.  CTV Vancouver believes that all the guidelines set out in both codes were carefully followed.  Great sensitivity and editorial judgment went into our treatment and use of this video, including making the key decision to warn our audience in advance, to not show the actual attack, to fully blur the image of the victim, to turn down all audio and to focus on the important questions that parents were asking us – namely what happened inside the school and could something have been done to stop it?

CTV Vancouver believes that the use of segments of this video, carefully treated in the ways we’ve described above and in our answer to the original complaint, could assist in the search for these answers and were clearly in the public interest and in compliance with all applicable industry Codes and guidelines.