Crave 3 concernant Drive My Car et Crave 1 concernant Dune et Survive

Comité décideur anglophone
Décision CCNR 20.2223-1733
2023 CCNR 5
20 septembre 2023
S. Courtemanche (Présidente), S. Hunter, Z. Mohamed, O. Mowatt, S. Sammut, E. Thomas, M. Ziniak

LES FAITS

Crave est un service facultatif de télévision spécialisé dans la diffusion de films et d’émissions dramatiques, de documentaires et d’émissions spéciales de haute gamme. C’est un service multiplexe à quatre chaînes, chacune ayant son propre contenu. Le CCNR a reçu une plainte au sujet de trois films, un diffusé sur Crave 3 et deux sur Crave 1.

Drive My Car sur Crave 3

Drive My Car a été diffusé sur Crave 3 le 30 mars 2023 à 6 h. Il s’agit d’un film japonais sous-titré en anglais datant de 2021. Au centre de l’intrigue, l’acteur de théâtre Yûsuke Kafuku pleure la mort inattendue de sa femme Oto qu’il savait infidèle. Deux ans après la mort d’Oto, Yûsuke accepte une résidence pour diriger une production multilingue d’une pièce russe. Ses interactions avec les participants à la production théâtrale, en particulier avec la jeune femme Misaki engagée pour lui servir de chauffeur, amènent Yûsuke à accepter la mort d’Oto.

Crave 3 a diffusé la mise en garde à l’auditoire suivante en formats audio et vidéo au début de l’émission. Le film a été diffusé sans pause publicitaire, ce qui n’a pas permis de répéter la mise en garde :

[traduction]

Cette émission 14+ comporte des scènes de violence, de langage grossier et de sujets délicats. Pour un auditoire averti.

L’icône de classification 14+ est apparue pendant la mise en garde à l’auditoire et ainsi que pendant 16 secondes au début du film. Elle n’a pas été répétée au début de la deuxième heure.

Le plaignant fait état de scènes de sexualité au début du film. Deux scènes montrent Yûsuke et Oto en train de faire l’amour, bien que l’éclairage et la prise de vue sont tels que le spectateur voit surtout le dos dévêtu d’Oto plutôt qu’une véritable nudité. Dans une autre scène, Yûsuke observe Oto en train de faire l’amour avec un homme sur un canapé. Il y a également des conversations de nature sexuelle alors qu’Oto développe un scénario pour la télévision dans lequel une adolescente se faufile dans la chambre d’un garçon qu’elle désire et se masturbe. Le plaignant demande si ce contenu à caractère sexuel est assez fort pour nécessiter une diffusion plus tardive et une mention dans la mise en garde. Dans sa réponse, Crave a déclaré qu’à l’avenir, la mise en garde à l’auditoire du film comporterait la mention « nudité ».

Dune sur Crave 1

Dune a été diffusé sur Crave 1 le 2 avril 2023 à 13 h 40. Dune est un film de science-fiction de 2021 basé sur un roman de Frank Herbert paru en 1965. L’intrigue se déroule dans un futur lointain. Le personnage principal est un adolescent, Paul Atréides, fils d’un duc. La famille de Paul quitte sa planète natale pour s’installer sur la planète désertique Arrakis, source d’une substance psychotrope précieuse appelée Mélange ou « Épice ». La gestion de la planète, jusqu’alors assurée par le baron Harkonnen, est attribuée au père de Paul, le duc Leto Atréides. L’intrigue qui suit tourne autour des tentatives de Harkonnen de déloger Leto Atréides. La planète Arrakis est habitée par les Fremen, un peuple mystérieux. La mère de Paul, Dame Jessica, est membre d’une confrérie de sorcières appelée Bene Gesserit. Paul a hérité des pouvoirs surnaturels de sa mère, pouvoirs qu’elle encourage son fils à développer. Paul est également formé en tant que combattant par les meilleurs soldats de son père.

Crave 1 a diffusé la mise en garde à l’auditoire suivante en formats audio et vidéo au début de l’émission. Le film a été diffusé sans pause publicitaire, ce qui n’a pas permis de répéter la mise en garde :

[traduction]

Cette émission PG contient des scènes de violence et de sujets délicats. Pour un auditoire averti.

L’icône de la classification PG est apparue pendant la mise en garde aux téléspectateurs ainsi que pendant 18 secondes au début du film. Elle n’a pas été répétée au début de la deuxième heure.

Le film comporte de nombreuses scènes de violence. Paul a souvent des visions de personnes en train de se battre et de mains ensanglantées tenant des armes. Dans une scène, la cheffe de Bene Gesserit teste la résistance à la douleur intense de Paul en l’obligeant à mettre sa main dans une boîte spéciale tout en l’immobilisant en le menaçant d’une aiguille empoisonnée à son cou. La scène est très sombre et sinistre.

Les scènes de batailles vécues entre les forces des Atréides et celles de Harkonnen sont pleines de coups de feu, d’explosions et de combats à l’épée. On y voit Harkonnen trancher la gorge du médecin des Atréides, ainsi que de multiples scènes où des vers géants, de grands monstres des sables, sèment la mort et la destruction. À un moment donné, Paul poignarde un Fremen lors d’un duel provoqué par ce dernier.

Les mots damn, hell, ass et shit apparaissent quelques fois dans le film. Dans sa plainte, le plaignant ne mentionne que le mot shit et demande si ce mot nécessite une diffusion après 21 h une mention dans la mise en garde à l’auditoire et une classification 14+.

En réponse, Crave a expliqué que les classifications choisies pour les trois films correspondaient aux classifications des organismes de contrôle cinématographique provinciaux pour diffusion en salle et estimait donc que les classifications étaient appropriées. Toutefois, Crave s’est engagé à ajouter « langage grossier » à la mise en garde à l’auditoire lors de diffusions futures du film.

Survive sur Crave 1

Survive a été diffusé sur Crave 1 le 16 avril 2023 à 9 h 20. Survive était à l’origine une série à plusieurs épisodes sur un service de diffusion en continu. Le long métrage sorti en 2022 a été assemblé à partir de scènes de la série. Jane, le personnage principal, est une jeune femme internée à cause de ses idées suicidaires. Ayant obtenu son congé de l’établissement où elle est soignée, Jane compte se suicider par surdose dans l’avion qui la ramène chez elle. Un jeune homme, Paul, tente de se lier d’amitié avec elle à l’aéroport et pendant le vol. L’avion s’écrase dans les montagnes. Jane et Paul en sont les seuls survivants. Le film raconte leurs efforts pour de survivre et échapper à leur sort.

Crave 1 a diffusé la mise en garde à l’auditoire suivante en formats audio et vidéo au début de l’émission. Le film a été diffusé sans pause publicitaire, ce qui n’a pas permis de répéter la mise en garde :

[traduction]

Cette émission PG contient des scènes de violence et de sujets délicats. Pour un auditoire averti.

L’icône de la classification PG est apparue pendant la mise en garde aux téléspectateurs ainsi que pendant 18 secondes au début du film. Elle n’a pas été répétée au début de la deuxième heure.

Vers le début du film, Jane raconte la tentative de suicide qui a mené à son placement dans une institution. Au cours d’un retour en arrière sous forme d’une séquence de scènes rapides, on voit Jane en détresse, des gros plans du sang sur ses mains, tandis qu’elle livre ses pensées sur l’incident : [traduction] « Si je le pouvais, je me tuerais. Ici. Maintenant. [...] Ce rasoir jetable, par exemple, c’est un instrument d’automutilation. Il attire l’attention. Beaucoup de sang, pas de dégâts réels. [...] Se vider de son sang, ça prend pas mal plus de temps qu’on se l’imagine. » Plus tard dans un autre retour en arrière, Jane se souvient du suicide de son père et on voit la blessure par balle à sa tempe.

D’autres scènes montrent la peur et le chaos de l’écrasement de l’avion, les débris du fuselage et des corps éparpillés sur une montagne, Jane ballottée dans une avalanche, des gros plans d’une blessure subie par Paul après une chute, et une scène où Jane est attaquée par un loup, ce qui la laisse avec un bras ensanglanté.

Il y a eu huit occurrences du mot fuck dans l’émission, ainsi que l’emploi des mots shit et asshole.

Le téléspectateur s’est plaint de l’heure de diffusion, compte tenu du langage grossier et de la violence, surtout si l’on considère la classification PG de l’émission. Crave a écrit qu’il ne diffuserait plus Survive avant 21 heures et qu’il ajouterait « langage grossier » aux prochaines mises en garde à l’auditoire.

(On trouvera des descriptions détaillées des scènes les plus pertinentes en question des émissions concernées à l’annexe A, en anglais seulement. La correspondance complète figure dans l’annexe B, en anglais seulement.)

LA DÉCISION

Le comité décideur anglophone a étudié la plainte à la lumière des dispositions suivantes du Code de déontologie et du Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) :

Code de déontologie de l’ACR, article 10 – Télédiffusion

a) Les émissions à l’intention des auditoires adultes ayant du contenu sexuellement explicite ou comportant du langage grossier ou injurieux ne devront pas être diffusées avant le début de la plage des heures tardives de la soirée, plage comprise entre 21 h 00 et 6 h 00. Les télédiffuseurs consulteront les dispositions du Code de l’ACR concernant la violence qui se rapportent à l’horaire des émissions comportant des scènes de violence.

Code de déontologie de l’ACR, article 11 – Mises en garde à l’auditoire

Pour aider les téléspectateurs à faire leurs choix d’émissions, les télédiffuseurs doivent présenter des mises en garde à l’auditoire lorsque la programmation renferme des sujets délicats ou, du contenu montrant des scènes de nudité, des scènes sexuellement explicites, du langage grossier ou injurieux ou, d’autre contenu susceptible d’offenser les téléspectateurs, et ce

a) au début de la première heure, et après chaque pause commerciale pendant la première heure, d’une émission diffusée pendant la plage des heures tardives qui renferme ce genre de contenu à l’intention des auditoires adultes, ou

b) au début, et après chaque pause commerciale, des émissions diffusées hors de la plage des heures tardives dont le contenu ne convient pas aux enfants.

Des modèles de mises en garde appropriées figurent à l’Annexe A [du code]. Il s’agit de textes suggérés. Les télédiffuseurs sont invités à adopter le genre de texte qui est le plus apte à fournir aux téléspectateurs les renseignements les plus utiles et opportuns en ce qui concerne l’émission visée.

Code de l’ACR concernant la violence, article 3.0 – Horaire des émissions

3.1 Programmation

3.1.1 Les émissions comportant des scènes violentes et destinées à un auditoire adulte ne doivent pas être diffusées avant le début de la plage des heures tardives de la soirée, plage comprise entre 21 h et 6 h.

Code de l’ACR concernant la violence, article 4.0 – Classification

Protocoles sur l’usage des icônes

Fréquence

L’icône de classification doit rester affichée pendant les 15 à 16 premières secondes de l’émission. [...] Dans le cas des émissions qui durent plus d’une heure, il faut présenter de nouveau l’icône au début de la deuxième heure.

Système de classification pour les télédiffuseurs canadiens de langue anglaise

8 + PG – Avertissement aux parents

Bien qu’elles soient destinées à un auditoire général, ces émissions peuvent ne pas convenir aux enfants de plus jeune âge (moins de huit ans). Les parents et les tuteurs doivent savoir que le contenu de ces émissions pourrait comporter des éléments que certains pourraient considérer comme impropres pour que des enfants appartenant au groupe des 8 à 13 ans les regardent sans surveillance.

Les émissions portant cette cote pourraient porter sur des thèmes ou des questions controversés. En sachant que des préadolescents et des enfants au début de l’adolescence pourraient faire partie de ce groupe de téléspectateurs, on doit porter une attention particulière pour ne pas encourager l’imitation des comportements représentés et on ne doit pas minimiser les conséquences des actions violentes.

Lignes directrices sur la violence

Autres lignes directrices sur le contenu

8 + 14+ – Plus de 14 ans

Les émissions portant cette cote comportent des thèmes ou des éléments de contenu qui pourraient ne pas convenir aux téléspectateurs de moins de 14 ans. On incite fortement les parents à faire preuve de circonspection en permettant à des préadolescents ou à des enfants au début de l’adolescence de regarder ces émissions sans la surveillance d’un parent ou d’un tuteur, puisque les émissions portant cette cote pourraient présenter de façon réaliste des thèmes adultes et des problèmes de société.

Lignes directrices sur la violence

Autres lignes directrices sur le contenu

8 + 18 + - Adultes

Émissions destinées aux adultes de 18 ans et plus.

Cette cote s’applique aux émissions dont le contenu pourrait comporter des éléments ne pas convenir aux téléspectateurs de moins de 18 ans.

Lignes directrices sur la violence

Autres lignes directrices sur le contenu

Les membres du comité décideur ont lu toute la correspondance afférente et ont visionné des enregistrements des émissions en question. Le comité conclut que Crave 3 a enfreint l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR pour ne pas avoir inclus « contenu à caractère sexuel » dans sa mise en garde à l’auditoire pour Drive My Car et l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence pour ne pas avoir affiché l’icône de classification au début de la deuxième heure du film. Le comité conclut que Crave 1, lors de sa diffusion du film Dune, a enfreint l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence pour ne pas avoir diffusé l’icône de classification au début de la deuxième heure. Le comité conclut aussi que Crave 1, lors de sa diffusion du film Survive, a enfreint l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR pour la diffusion de langage grossier à l’intention des auditoires adultes avant 21 h; a enfreint l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR pour ne pas avoir inclus « langage grossier » dans sa mise en garde pour ce film; a enfreint l’article 3.1 du Code de l’ACR concernant la violence pour la diffusion de scènes de violence à l’intention des auditoires adultes avant 21 h; et a enfreint l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence pour ne pas avoir diffusé l’icône de classification au début de la deuxième heure.

Les questions soumises au comité concernant les diffusions des films Drive My Car, Dune et Survive à l’antenne de Crave sont les suivantes :

Drive My Car

1. La mise en garde à l’auditoire doit-elle indiquer « sexualité » ou « activité sexuelle » au lieu de simplement « sujets délicats » à la lumière de l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR?

2. Le contenu sexuel du film est-il de nature à exiger une diffusion après 21 h à la lumière l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR?

3. L’icône de classification doit-elle être répétée au début de la deuxième heure du film conformément aux Protocoles sur l’usage des icônes de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

Dune

4. Les scènes de violence sont-elles de nature à exiger une diffusion après 21 h à la lumière de l’article 3.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

5. La mise en garde à l’auditoire doit-elle comprendre « langage grossier » à la lumière de l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR?

6. L’icône de classification doit-elle être répétée au début de la deuxième heure du film conformément aux Protocoles sur l’usage des icônes de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

7. La classification PG est-elle appropriée pour cette émission et conforme à l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

Survive

8. Le langage grossier est-il de nature à exiger une diffusion après 21 h à la lumière de l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR?

9. Les scènes de violence sont-elles de nature à exiger une diffusion après 21 h à la lumière de l’article 3.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

10. La mise en garde à l’auditoire doit-elle inclure « langage grossier » à la lumière de l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR?

11. L’icône de classification doit-elle être répétée au début de la deuxième heure du film conformément aux Protocoles sur l’usage des icônes de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

12. La classification PG est-elle appropriée pour cette émission et conforme à l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence?

Précédents du CCNR relatifs au contenu à caractère sexuel

Le CCNR a établi que des références sexuelles légères, des scènes suggestives ou des allusions sont acceptables à tout moment de la journée. Les scènes comportant une activité sexuelle doivent être diffusées après 21 h lorsque le CCNR a déterminé que les scènes comprennent une activité sexuelle explicite. Pour qu’une scène soit sexuellement explicite, elle doit évidemment représenter un acte sexuel de manière démonstrative et prolongée. De plus, la présence de nudité n’est pas déterminante pour établir qu’une scène est « explicite ».

Or, la « nudité » et le « contenu à caractère sexuel » ne sont pas la même chose, une émission pouvant contenir l’une sans l’autre. Même si elles ne sont pas destinées exclusivement à un public de 18 ans et plus, des scènes acceptables pour une diffusion avant 21 h peuvent exiger une mise en garde à l’auditoire lorsqu’elles ne conviennent pas aux enfants de 12 ans et moins. Enfin, lorsque la violence, la sexualité ou le langage grossier sont jugés acceptables pour une diffusion avant 21 h, le télédiffuseur doit aussi se demander si la présence d’un tel contenu exige une mention dans la mise en garde à l’auditoire.

Des cas de références sexuelles légères, de scènes suggestives et d’allusions ont été examinés dans TQS concernant un épisode de Loft Story (Décision CCNR 03/04-0200 et -0242, 22 avril 2004), où le comité a examiné un épisode de la série de téléréalité Loft Story, qui a été diffusé à 19 h. Pendant les derniers moments de l’épisode sur la moitié de l’écran, les lofteurs pouvaient être vus obscurément dans un bain tourbillon en train de s’embrasser les uns les autres, changer de partenaire, et certaines femmes retiraient le haut de leur maillot (bien qu’aucune nudité n’ait été montrée). Le comité a jugé que la scène n’était pas suffisamment sexuellement explicite pour exiger, soit une mise à l’horaire après le début de la plage des heures tardives, soit des avertissements aux téléspectateurs. Il a expliqué sa position ainsi :

Bien qu’il y ait clairement des baisers et des caresses s’échangeant dans le bain entre les lofteurs, on ne montre pas de nudité et il n’y a rien d’autre qui puisse mener l’auditoire à conclure que l’activité intime aille plus loin que l’échange de baisers. En définitive, le comité considère que la scène est suffisamment anodine pour être acceptable à l’heure de sa diffusion sans nécessiter des précautions additionnelles comme des mises en garde à l’auditoire. Le comité comprend que certains auditeurs puissent ne pas trouver acceptable que ces jeunes adultes fassent ce qu’ils faisaient, mais ce niveau de moralité n’est pas ce que le comité doit juger. Quiconque voulant éviter ce genre d’émission aurait été mis en garde par le classement « 13 ans et plus ».

Dans Global concernant ReGenesis (« Baby Bomb ») (Décision CCNR 04/05-1996, 20 janvier 2006), le comité s’est penché sur un épisode d’une émission dramatique centrée sur les activités d’un organisme fictif mis sur pied pour enquêter sur des progrès douteux dans le domaine de la biotechnologie. L’épisode a été diffusé à 20 h. Une téléspectatrice s’est plainte d’une scène dans laquelle la fille adolescente du personnage principal tombait sur son père et sa petite amie faisant l’amour. La scène a duré 16 secondes et la caméra montrait le dos nu d’une femme à cheval sur un homme, puis la femme de face, se couvrant la poitrine avec les mains tandis que l’homme la repousse. Les membres du comité décideur étaient partagés à force égale quant à savoir si cette scène était suffisamment explicite pour exiger une mise à l’horaire après 21 h. Le comité a observé que la nudité en soi n’est pas généralement problématique avant 21 h. Il a également développé la position du CCNR sur les émissions qui contiennent des scènes d’activité sexuelle par rapport à cette émission :

Sur cette question, les comités du CCNR ont établi une série de précédents très clairs qui sont donc relativement faciles à suivre même si leur application n’a rien de scientifique ou de mathématique. Le principe de base est qu’il n’y a pas de difficulté inhérente à présenter des activités sexuelles saines à la télévision. À quel moment le problème se pose-t-il? La réponse tient à deux éléments : l’heure de diffusion et la nature de l’activité à l’écran.

Commençons par le critère mathématique de l’heure. Avant la plage des heures tardives (de 21 h à 6 h), le CCNR estime qu’il est inapproprié de montrer des activités sexuelles destinées à des esprits et à des yeux adultes. La période avant le début des heures tardives compte 15 heures, à savoir la grande majorité de la journée de diffusion et environ 90 % de nos heures normales de réveil, pendant lesquelles les télédiffuseurs offrent à leurs auditoires un refuge sûr, c.-à-d. une période pendant laquelle la programmation ne comprend pas de contenu destiné aux adultes, que celui-ci soit à caractère sexuel ou autre. Il peut toujours y avoir des émissions pendant cette période que certains parents ne voudront pas que leurs familles écoutent – tous les adultes devraient s’efforcer d’évaluer le caractère approprié de tous les genres de programmation tant pour eux-mêmes que pour leurs enfants – mais cela ne sera pas attribuable à son contenu orienté exclusivement vers les adultes. Et même pendant la période avant le début de la plage des heures tardives, les télédiffuseurs avertissent leurs auditoires de ce à quoi s’attendre.

C’est précisément cette raison que la programmation comportant un contenu sexuel adulte est correctement réservée à la période des heures tardives. Réfractaire de par sa nature à la notion de refuge sûr, ce contenu doit être diffusé au cours d’une plage horaire que l’on sait, au départ, susceptible d’inclure des thèmes visuels ou psychologiques adultes.

Que constitue alors la nature d’un contenu sexuel destiné à des adultes? La réponse fait intervenir deux critères : le caractère explicite et l’intensité.

La décision Bravo! concernant le long métrage Perfect Timing (Décision CCNR 03/04-1719, 15 décembre 2004) est un exemple de contenu sexuel qui doit être mis à l’horaire après 21 h. Dans cette décision, le comité a traité de la diffusion d’une comédie à caractère sexuel comportant de nombreuses scènes de nudité frontale d’hommes et de femmes dans un contexte de sexualité. Le film a été diffusé à 14 h. En se basant sur la présence du mot f en anglais et du contenu à caractère sexuel, le comité a conclu que le film était destiné à des auditoires adultes et devrait être diffusé seulement après 21 h. Quant au contenu à caractère sexuel, le comité a déclaré :

Dans la présente affaire, le comité considère qu’il est clair qu’étant donné la fréquence des scènes d’activité sexuelle en plus des scènes de nudité qui sont encore plus nombreuses, le film s’adresse exclusivement à un auditoire adulte. Le fait qu’on puisse le qualifier de film burlesque, plutôt que de film érotique sérieux ne change rien à cet égard. Son contenu ne convient pas aux moments de la journée où l’on peut s’attendre que les jeunes membres des familles regardent la télévision et que les membres adultes de ces familles pensent que les jeunes peuvent effectivement regarder la télé, sans qu’il soit nécessaire de s’assurer qu’on ne présente pas du contenu exclusivement à l’intention des adultes.

Dans HIFI concernant 10 000 BC, The Mechanic et Trailer Park Boys (Décision CCNR 16/17-0474, 9 août 2017), le CCNR avait à examiner plusieurs différentes diffusions. The Mechanic, un film d’action, traitait d’un tueur à gages professionnel. Outre de nombreuses scènes d’une extrême violence, le film comportait aussi des scènes d’activité sexuelle, lorsque, par exemple, le protagoniste a des rapports sexuels avec une prostituée dont les seins sont estompés mais les fesses nues bien visibles ou qu’un personnage secondaire s’ébat avec une femme contre un mur dans une ruelle, ou encore, sur l’écran d’un portable, que deux femmes se livrent à des échanges sexuels. HIFI a dit qu’il avait utilisé une version éditée pour la diffusion du film à 15 h. Le comité a conclu que la présence du contenu à caractère sexuel nécessitait une mise à l’horaire après 21 h. Trailer Park Boys était un faux documentaire comique à propos des résidents d’un parc de maisons mobiles vivant des revenus de la drogue et de délits mineurs. La série complète avait pour thème les drogues illicites, l’éthylisme, les bagarres, échanges de coups de feu et activités criminelles, le tout néanmoins traité sur un ton humoristique. Dans les trois épisodes examinés par le comité, il y a des scènes de relations buccogénitales d’un couple, allusions à la « baise » et à la sexualité carcérale. Les épisodes ont été diffusés à 14 h et 20 h. Le comité a conclu que, « Étant donné les expressions grossières non censurées, les thèmes adultes, la violence et le contenu sexuel, [...] même si le mot fuck a été assourdi, le contenu des deux épisodes était réservé exclusivement aux adultes et, pour cette raison, n’aurait pas dû être diffusé avant 21 h, conformément à l’article 3.1.1 du Code de l’ACR concernant la violence et l’article 10(a) du Code de déontologie de l’ACR. »

Le CCNR s’est penché sur la question de la nudité et de l’activité sexuelle dans Showcase Television concernant le long métrage Rats (Décision CCNR 99/00-0772, 23 août 2001) qui concernait un long métrage diffusé à 19 h. Le film s’axait sur un thème adulte centré sur l’état mental instable et détériorant du protagoniste. Bien que le film ne contienne pas de nudité, il y avait deux scènes d’activité sexuelle. Dans la première, le protagoniste éperdu est couché au lit avec son amie couchée sur lui. Dans la deuxième, le protagoniste est assis sur une chaise avec une femme en extase qui est assise sur lui à califourchon. Le comité n’a eu aucune difficulté à établir que ces scènes étaient destinées à un auditoire adulte :

C’est l’activité sexuelle et non la nudité qui détermine si une scène est jugée « adulte » ou non. Il est évident qu’une scène peut être sexuellement explicite sans nudité et que celle-ci devrait pouvoir être accessible aux adultes, et non aux jeunes membres de la famille. Le comité considère que la seconde scène érotique dans Rats, qui est d’une longueur d’une minute, vingt-cinq secondes, s’insère dans cette catégorie. Il ne s’agit pas simplement d’une rencontre romantique ou suggestive, mais bien d’une scène érotique, explicite, prolongée, qui atteint un point culminant. Sa diffusion à 19 h n’est donc pas de mise.

Précédents du CCNR relatifs au langage grossier à l’intention des auditoires adultes

Le CCNR a toujours déclaré que les mots de la famille f en anglais constituent un langage « à l’intention des auditoires adultes » et ne doit donc pas être diffusé avant le début de la période des heures tardives à 21 h. Lorsque ces mots sont présents dans une émission, le télédiffuseur peut diffuser l’émission avant 21 h en mettant les mots en sourdine ou après 21 h sans mise en sourdine.

Le CCNR estime que la diffusion de jurons comme ass, hell, damn et goddamn est acceptable à tout moment de la journée.

Dans WTN concernant le long métrage Wildcats (Décision CCNR 00/01-0964, 16 janvier 2002), le film contenait un langage très grossier, tel que fuck, motherfucker, pussy et shit, dans son créneau horaire de 16 h. Le télédiffuseur a assourdi les mots fuck et motherfucker uniquement dans certains cas. Le comité a estimé que les passages non modifiés de langage grossier constituaient des « scènes à l’intention des auditoires adultes » :

En de telles circonstances, WTN avait deux possibilités : modifier toutes les occurrences de ces mots ou diffuser le film pendant la période des heures tardives du fuseau horaire d’origine. En se fondant sur la lettre du télédiffuseur et les cinq instances où des mots grossiers ont été assourdis, tout porte à croire que le télédiffuseur ait choisi la première option. Dans les circonstances, on ne peut comprendre pourquoi le diffuseur a assourdi les mots fuck et motherfucker dans certains cas, mais les a laissés à cinq autres reprises. Qu’il s’agisse d’un choix délibéré ou accidentel, la présence d’un tel langage grossier dans un film diffusé avant 21 h constitue une violation de [la disposition de l’horaire de l’émission].

La présence de certains autres jurons dans le film, tels que pussy et shit ainsi que la phrase « You can't win a pissing contest against a prick », a suscité un malaise chez les membres du comité. Alors que ces expressions ne posent aucun problème après 21 h, le comité estime qu’elles sont problématiques à leur état naturel à un moment non seulement hors de la période critique mais aussi à une heure où on pouvait s’attendre à ce que des enfants soient à l’écoute, l’émission Wildcats ayant été diffusée de 16 h à 18 h un dimanche après-midi.

Dans BBC Canada concernant The F-Word (Décision CCNR 08/09-1516, 1er avril 2010), le comité a traité d’une des séries de cuisine de style réalité/information mettant en vedette le chef Gordon Ramsay. M. Ramsay est bien connu pour son style agressif et exigeant dans la cuisine, ainsi que pour son utilisation fréquente de jurons, y compris le mot anglais fuck et leurs variations. Chaque épisode de cette série consistait en diverses séquences se rapportant à la nourriture, y compris de la cuisine mettant une équipe au défi, des recettes de la part de vedettes, la méthode pratico-pratique et des renseignements sur divers genres d’aliments. M. Ramsay a employé les mots fuck ou fucking à plusieurs occasions, parfois en signe de frustration avec l’équipe de cuisine, parfois dans un esprit plus charitable, parsemant ses propos de Fuck you, Fucking hell, « Don’t fuck it up » et « So far, you’re fucking useless ». BBC Canada a diffusé l’émission à 20 h avec des mises en garde à l’auditoire contenant un avis sur la présence de langage grossier et l’icône de classification 18+. Un téléspectateur s’est plaint de la présence du mot F en anglais dans le cadre d’une émission diffusée pendant les heures de grande écoute. En se fondant sur de nombreux précédents, le comité a conclu que la télédiffusion a enfreint l’article 10 :

Comme le CCNR le fait souvent remarquer, la plupart des questions dont il est saisi ne peuvent être résolues de façon mathématique prévisible. Ce n’est généralement pas le cas en ce qui concerne l’emploi du mot f en anglais et ses variantes. Les comités du CCNR ont invariablement déterminé que le mot f en anglais et ses variantes font partie de la catégorie « langage grossier à l’intention d’un auditoire adulte » et qu’ils ne doivent être diffusés que pendant la plage des heures tardives, soit de 21 h à 6 h.

[...]

Il faut également noter que le fait d’accompagner une émission d’une mise en garde à l’auditoire ne tire pas le télédiffuseur d’affaire en ce qui concerne les autres exigences du Code, comme la mise à l’horaire. Le radiodiffuseur qui souhaite diffuser une émission contenant un quelconque des mots de la famille du mot F en anglais a foncièrement deux choix; notamment présenter l’émission après le début de la plage des heures tardives, ou avant le début de cette plage à condition, dans ce cas-là, d’assourdir, de supprimer par un blip ou de couper le langage offensant par un autre moyen. Il va sans dire que même si l’émission s’intitule The F-Word, ce qui n’est pas offensant en soi, cela ne donne pas le droit au télédiffuseur d’éviter de choisir une des deux options qui précèdent. Si l’emploi du mot fuck ou d’un de ses dérivés est essentiel pour établir le caractère de l’émission, comme il semblerait être le cas dans la présente affaire, le seul choix est celui de diffuser l’émission après 21 h.

Un langage grossier n’exige pas nécessairement une mise à l’horaire après 21 h, comme l’a démontré Prime concernant le long métrage Smokey and the Bandit (Décision CCNR 05/06-1575, 8 janvier 2007). Un téléspectateur s’est plaint du langage grossier dans le cadre de la diffusion de Prime du long métrage, une comédie réalisée en 1977 mettant en vedette Burt Reynolds et Sally Field. Le film avait été diffusé de 11h00 à 13 h l’heure du Centre (midi à 14 h l’heure de l’Est). Plusieurs des scènes comportaient du langage grossier en anglais, comme son-of-a-bitch, damn, hell, shit, bullshit, ass et Jesus Christ. Il y avait aussi une scène dans laquelle un personnage articule l’expression Fuck off, mais il est inaudible en raison des effets sonores insérés au même moment pour créer un effet comique. Le comité a conclu que Prime n’avait pas violé le code en diffusant le film avant 21 h avec les mises en garde nécessaires :

Le comité reconnaît que le langage grossier n’est pas poli et que certains membres de la société sont, à juste titre, très offensés par ce langage. Malheureusement pour certains, la diffusion de langage grossier ou offensant est permise tout en étant soumise à certaines restrictions. Bien qu’il n’existe pas de liste de mots offensants, des décisions de la CCNR ont défini certains mots comme étant « destinés exclusivement aux auditoires adultes ». Ces mots, composés jusqu’à présent de la famille f en anglais, ont été relégués aux émissions diffusées pendant la période critique de 21 h à 6 h. Les différents comités ont tous conclu que bien que de mauvais goût, la diffusion de tous les autres mots avant 21 h était acceptable.

[...]

Le mot f en anglais n’a pas été employé sans être assourdi astucieusement (voir ci-dessus). Puisque la mise en sourdine est l’une des solutions acceptables à la présence de langage grossier dans un long métrage, son recours ne saurait faire l’objet d’une violation dans le cas qui nous préoccupe. Dans l’ensemble, le comité conclut que le genre du langage grossier utilisé dans Smokey and the Bandit ne suffit pas pour caractériser ce film comme étant destiné exclusivement aux adultes. Le comité estime que sa diffusion avant 21 h n’entraîne aucune violation.

Dans sa décision HGTV concernant Timber Kings (Décision CCNR 14/15-0784, 21 octobre 2015), le CCNR a estimé que le langage grossier ne méritait pas d’être réservé à un auditoire adulte. Le CCNR a étudié une plainte au sujet du langage grossier dans une téléréalité. L’émission gravite autour d’une entreprise de Colombie-Britannique spécialisée dans la construction de bâtiments de bois rond sur commande. Elle présente les membres de l’équipe en entrevues et des séquences filmées sur les différents chantiers de construction. Un épisode a été diffusé à 19 h avec une classification PG (avertissement aux parents). Au cours de l’épisode, le mot shit a été prononcé 15 fois dans le contexte d’expressions comme « oh, shit! » ou « holy shit » utilisées par les travailleurs pour exprimer la surprise ou la frustration devant une tâche particulièrement ingrate. L’un d’eux a employé l’expression « This thing’s a bitch » pour décrire la difficulté à manœuvrer une rétrocaveuse et on en a entendu un autre s’exclamer « Jesus! » sous le coup de la surprise. Dans deux autres cas, un signal sonore a servi à masquer un juron. Une téléspectatrice déplorait la répétition excessive des mots shit et bitch au cours de l’émission, surtout étant donné que la programmation de HGTV peut généralement être vue par toute la famille. Ce genre de langage, expliquait-elle, ne lui aurait causé aucun problème si l’émission avait été présentée plus tard dans la soirée. Le comité a conclu que HGTV n’avait pas enfreint l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR parce que le langage était assez léger pour être acceptable à n’importe quelle heure de la journée.

Précédents du CCNR relatifs à la violence destinée à un auditoire adulte

Aucune formule mathématique ne permet d’établir quelles scènes de violence sont à l’intention exclusive d’un auditoire adulte et par conséquent, ne doivent être diffusées qu’après 21 h. Le CCNR tient compte de la fréquence, des scènes sanglantes, du caractère explicite de la violence et de son ton pour déterminer quelles scènes sont réservées aux adultes. D’autre part, les scènes de violence modérée sont acceptables à tout moment de la journée.

Dans CHMI-TV concernant le long métrage Double Team (Décision CCNR 99/00-0372, 5 mai 2000), le comité a étudié une plainte concernant, entre autres choses, la diffusion à 20 h de ce film mettant en vedette Jean-Claude Van Damme. Le film était, selon le plaignant, « plein de bagarres, d’explosions et de fusillades ». Le comité a trouvé que la nature et la portée de la violence présentée dans le film visaient un auditoire adulte et qu’il n’aurait donc pas dû être diffusé avant 21 h.

Un comité du CCNR a examiné deux épisodes d’une série dramatique policière qui suivait les activités d’un groupe d’enquêteurs spéciaux utilisant des techniques de criminalistique pour élucider des crimes commis dans la ville de New York dans TQS concernant deux épisodes de Les experts: Manhattan (CSI: New York) (Décision CCNR 08/09-0880, 11 août 2009). Chaque épisode commençait par l’enquête autour d’un cadavre sur le lieu du crime, y compris des gros plans de blessures. On transportait ensuite les cadavres au laboratoire pour effectuer les autopsies et le téléspectateur voyait les cadavres sur les tables d’autopsie et les incisions qui leur avaient été faites. L’enquête révélait de plus en plus de détails sur les meurtres avec des retours en arrière. Par exemple, on avait plongé un crochet pointu dans l’estomac d’une jeune femme dont le corps avait été lancé par une fenêtre avant d’atterrir sur le toit d’un autobus scolaire. Une autre femme avait été poussée sur le boyau d’un réservoir d’azote liquide de sorte que le boyau lui avait transpercé la poitrine et la température intensément froide avait causé une crise cardiaque. Le deuxième épisode concernait un homme battu et frappé à la bouche avec le canon d’une carabine et une jeune femme mortellement blessée par une carabine lancée du haut du toit d’un appartement. Les deux épisodes ont été diffusés à 20 h. Le comité a conclu que les scènes violentes étaient destinées exclusivement à un auditoire adulte et que ces épisodes auraient donc dû être diffusés seulement après 21 h. Le comité a conclu que :

[…] le niveau de scènes sanglantes et du caractère explicite des meurtres, y compris plonger un crochet dans l’estomac d’une femme et lancer son corps par une fenêtre d’où il atterrit sur le toit d’un autobus scolaire, plonger un boyau d’azote liquide dans la poitrine d’une femme, battre un homme à mort avec la crosse d’une carabine et tuer ensuite une femme d’une balle tirée par cette carabine lorsqu’elle est lancée d’un immeuble, tout cela mérite d’être qualifié d’excessivement adulte. Toutes ces scènes montraient des détails précis, explicites, réalistes et des plus vifs. Le comité conclut que toute diffusion avant le début de la plage des heures tardives de ces épisodes de Les experts : Manhattan enfreint la disposition sur l’horaire des émissions de l’article 3 du Code de l’ACR concernant la violence.

Dans HIFI concernant 10 000 BC, The Mechanic et Trailer Park Boys (Décision CCNR 16/17-0474, 9 août 2017), le CCNR avait à examiner plusieurs différentes diffusions. The Mechanic, un film d’action, traitait d’un tueur à gages. Il renfermait de nombreuses scènes d’une extrême violence. On voyait, par exemple, le personnage principal abattre son mentor à bout portant. Plus tard, il étrangle un homme avec une courroie avec laquelle il pend ensuite le cadavre à une porte, puis il met en marche une vidéo pornographique pour faire croire à une asphyxie autoérotique. Durant une très longue scène, deux hommes se battent à coups de poing et coups de pied, s’acculent au mur et s’assènent des coups de couteau. Tous deux saignent abondamment et l’un d’eux finit par abattre l’autre en le frappant sans relâche avec une pelle de cheminée. La plupart des scènes du film étaient de cette nature. HIFI avait diffusé ce film à 15 h. Bien que le télédiffuseur ait affiché une mise en garde quant à la violence, le comité a conclu sans hésitation qu’il avait enfreint l’article 3.1.1 pour avoir diffusé ce film en dehors des heures tardives en soirée. Trailer Park Boys était un faux documentaire comique à propos des résidents d’un parc de maisons mobiles vivant des revenus de la drogue et de délits mineurs. Bien qu’il se soit agi d’une comédie, il y avait des échanges de coups de feu, un jeune homme blessé par balle, et un passage où les deux protagonistes, présumant que l’homme qu’ils ont frappé à la tête en est mort, l’enroulent dans un tapis qu’ils ficellent au toit de la voiture et dont il finit par glisser. Les épisodes étaient diffusés à 20 h. Ici encore, bien que HIFI, en affichant une mise en garde, ait prévenu l’auditoire de la violence du contenu, le comité a conclu qu’il y avait suffisamment de violence, sans compter les thèmes de la drogue et de l’alcoolisme, pour exiger une diffusion après 21 h.

Dans Space concernant Star Trek : Discovery (« Choose Your Pain ») (Décision CCNR 17/18-0391, 18 avril 2018), le comité a étudié un épisode d’une série de science-fiction qui se déroule une dizaine d’années avant la série télévisée originale Star Trek. La série suit l’équipage du vaisseau spatial USS Discovery au cours de la guerre qui oppose la Fédération aux Klingons. L’épisode renferme de nombreuses scènes de violence, où, par exemple, un Klingon tue le pilote de la Fédération en lui arrachant le cœur de la poitrine, ou des prisonniers se font battre et torturer, sans compter une longue séquence dans laquelle les Klingons et les officiers de la Fédération s’élancent les uns sur les autres et se battent à coups de poing pour culminer sur l’image d’une Klingone abattue à coups de pistolet au laser qui hurle de douleur pendant que son visage fume et crépite. L’épisode a été diffusé à 20 h. Le comité a conclu que les scènes étaient destinées exclusivement à un auditoire adulte et donc ne devraient être diffusées qu’après 21 h :

Dans le cas qui nous occupe, il y a eu plusieurs scènes de violence tout au long de l’épisode qui étaient de nature explicite, comme les nombreuses bagarres avec beaucoup de coups de poing et d’étouffements; des personnages dont la face ensanglantée témoigne d’actes de violence; des scènes de torture; la mort infligée en tordant le cou; et la scène où l’on arrache le cœur d’un des personnages.

Même si la violence était pertinente au déroulement de l’intrigue, il y avait, sur l’ensemble de l’épisode, de nombreuses scènes comportant de la violence explicite, lesquelles, dans l’esprit du comité, étaient « réservées exclusivement à un auditoire adulte ». Par conséquent, la diffusion de cet épisode de Star Trek : Discovery à 20 h est allée à l’encontre de la disposition du Code de l’ACR concernant la violence qui traite de l’horaire des émissions.

La décision CFCF-TV concernant Matrix (Décision CCNR 93/94-0166, 6 décembre 1995) figure parmi les exemples de contenu violent pouvant être diffusé avant 21 h. Le comité a conclu qu’il n’y avait aucune scène violente dans cette série d’action qui méritait d’être qualifiée de « scène destinée à un auditoire adulte », et que le télédiffuseur pouvait donc diffuser l’émission avant 21 h.

Dans ce cas-ci, la décision s’articulait sur le contenu d’un seul épisode de Matrix, lequel a été visionné par le comité. De l’avis des membres du comité, il ne fait aucun doute que l’épisode dont il est question était axé sur l’action, mais il ne contenait pas des éléments qu’on aurait pu qualifier de « scènes violentes destinées à un auditoire adulte » et encore moins de violence gratuite. Il y avait des éléments d’action et de suspense, mais l’unique scène de violence comme telle concernait une personne frappée par une voiture. Vu les circonstances, le comité est d’avis que l’émission ne répond pas aux critères sur le contenu qui auraient entraîné l’application de l’article 3.1.1, nécessitant ainsi la diffusion de l’émission après 21 h.

Dans CKCO-TV concernant Kazan (Décision CCNR 96/97-0226, 20 février 1998), le comité régional de l’Ontario a énoncé des critères qui peuvent être utiles pour déterminer si les scènes sont « destinées à un auditoire adulte ». Cette décision concernait un film diffusé un dimanche après-midi qui raconte l’histoire d’un chien (mi-chien, mi-loup) du nom de Kazan dont le défi personnel est de décider s’il répondra à l’appel de la forêt ou s’il vivra parmi les humains. Le film montrait un homme qu’on étrangle, ainsi que Kazan qui reçoit des coups de poing, des coups de pied et qu’on tente de noyer. Le comité a trouvé qu’aucune de ces scènes ne pouvait être tenue pour une scène « destinée à un auditoire adulte ».

Les scènes de violence contenues dans Kazan ne sont pas de nature à être destinées exclusivement à un auditoire adulte, bien qu’elles contiennent des éléments plus violents que les scènes de Before It’s Too Late et de l’épisode de Matrix pris en considération par le conseil. Bien qu’il soit difficile de proposer une formule toute faite qui puisse aider à arriver à une telle conclusion, le conseil considère que la présence combinée de la peur, du suspense, du sang et du détail explicite peut contribuer à caractériser comme « adulte » une programmation contenant des scènes de violence. Le conseil note que les scènes de violence contenues dans le film Kazan étaient courtes et souvent obscurcies pour ne pas trop apeurer. Le conseil trouve que, dans l’ensemble, le film était très « calme »; aussi est-il d’avis que le peu de scènes de violence contenues dans le film ne contredisent pas cette caractérisation. Étant donné les mises en garde, qui ont précédé la diffusion du film et qui ont été répétées lors de la première pause publicitaire, le conseil est à l’aise avec la décision de CKCO-TV de diffuser le film Kazan à 13 h.

Un épisode d’une série dramatique à propos de trois bonnes sorcières qui a été diffusé de 19 h à 20 h a été examiné par un comité du CCNR dans VRAK.TV concernant Charmed (« Histoire de fantôme chinois ») (Décision CCNR 02/03-0365, 17 juillet 2003). L’épisode a commencé avec une scène dans laquelle un jeune homme est encerclé dans une ruelle par une bande de voyous. Ceux-ci l’abattent, mais on ne voit ni sang ni blessure. Ils versent ensuite de l’essence sur le cadavre et y mettent le feu. Plus tard dans l’épisode, les personnages rencontrent une créature maléfique aux yeux incandescents qui porte un masque à cornes. Vers la fin de l’épisode, une des sorcières utilise ses pouvoirs de télékinésie pour précipiter le chef de la bande meurtrière au bas d’un escalier. Il y a échange de coups de feu entre lui et la police et le chef de la bande est tué. La lance de la vilaine créature à cornes transperce le « corps » du fantôme du jeune homme tué au début. L’intrigue comportait un deuxième volet et une scène où l’un des personnages principaux a des visions d’un homme qui se fait renverser par une voiture. Un téléspectateur s’est plaint que cet épisode renfermait de la violence inutile qui n’était pas appropriée pour les enfants. Le comité a conclu que l’épisode exigeait des mises en garde à l’auditoire après chaque pause publicitaire, mais ne posait pas de problème quant à l’horaire et la violence gratuite.

[...L]e contenu est loin d’être exclusivement à l’intention d’un auditoire adulte, ce qui lui permet par conséquent d’être diffusé avant 21 h (le début de la plage des heures tardives). Le fait que le contenu soit quelque peu bouleversant pour les jeunes téléspectateurs ne signifie pas qu’il doit automatiquement paraître après le début de la plage des heures tardives.

CITY-TV concernant Trauma (« Stuck ») (Décision CCNR 09/10-0389, 22 juin 2010) portait sur un épisode d’une émission dramatique ayant pour sujet des ambulanciers à San Francisco. Il y avait plusieurs scènes montrant de la violence, des accidents et des blessures. Une des premières scènes montrait un ouvrier qui se fait prendre le bras dans une machine. On voyait un gros plan de sa main en spasme et du sang qui gicle. D’autres séquences montraient une bagarre à coups de poing, une explosion suivie d’un incendie dans un restaurant et les brûlures d’une des victimes, et un homme qui fait une chute et s’empale sur une barre d’armature. Le téléspectateur avait droit aux gros plans de l’homme hurlant de douleur pendant que les ambulanciers tentaient d’extraire le poteau de son corps. L’émission avait été diffusée à 21 h. Un téléspectateur a suggéré que l’épisode aurait dû s’accompagner de mises en garde précisant qu’il y aurait des scènes montrant « une amputation, une vivisection, une mutilation, un démembrement, une bifurcation [sic], une décapitation ou toute autre forme de graves lésions corporelles déchirant des parties du corps. » Bien que l’émission ait été, en fait, diffusée dans la plage des heures tardives, le comité s’est demandé si l’émission était destinée exclusivement aux auditoires adultes, ce qui aurait exigé des mises en garde. Le comité a conclu que l’épisode ne tombait pas dans la catégorie « destinée exclusivement aux adultes » et que le télédiffuseur n’était donc pas obligé de fournir des mises en garde, mais qu’elles auraient été utiles pour les téléspectateurs. Quant au caractère du contenu, le comité a fait les observations suivantes :

Dans le cas de l’épisode mis en cause de Trauma, le comité reconnaît qu’il y a effectivement des incidents explicites, mais ils sont tous, bien entendu, accidentels plutôt que voulus, explicites mais non violents selon le sens qui précède du terme violent. Le contenu est perturbant, mais bon nombre d’opérations chirurgicales le sont aussi pour le téléspectateur qui ne possède pas une formation en médecine. La peur et le suspense devant la violence qui s’annonce sont absents, et la plupart du contenu explicite à l’écran concerne des incidents accidentels et médicaux, ce qui est plutôt contraire à la substance des émissions se rapportant à la violence criminelle. À la différence, en outre, d’autres émissions, le titre de celle-ci laisse entendre le genre de contenu auquel l’auditoire peut s’attendre. Bien que ce ne soit pas l’équivalent d’une mise en garde à l’auditoire (nous abordons ce sujet plus en profondeur dans la prochaine section), il ne fait aucun doute qu’il renseigne le téléspectateur sur la nature de l’émission.

Quoi qu’il en soit, le résultat net se résume à dire que le comité ne trouve pas que le contenu soit exclusivement destiné aux adultes.

Précédents du CCNR relatifs aux mises en garde à l’auditoire

L’obligation d’inclure des mises en garde à l’auditoire a pour objectif de garantir que les téléspectateurs ont une pleine compréhension du contenu du programme qu’ils s’apprêtent à regarder. La rigueur et l’exhaustivité sont essentielles pour satisfaire à cette exigence. Pour atteindre cette rigueur et exhaustivité, on doit questionner si la mise en garde fait état de tout contenu violent, sexuel ou grossier acceptable avant 21 h. En affichant des mises en garde rigoureuses et exhaustives, on s’assure qu’en cas de contenu inapproprié pour les enfants de moins de 12 ans, les téléspectateurs sont avertis et peuvent faire un choix avisé en fonction du contenu des émissions.

En ce qui concerne le type de mise à garde à l’auditoire obligatoire pour le contenu de nudité, de sexualité, à caractère sexuel et d’activité sexuelle, le CCNR a établi que l’expression « sujets délicats » ne peut pas servir d’expression fourre-tout pour tout le contenu adulte. L’expression « sujets délicats » peut servir à des émissions qui abordent des problématiques difficiles comme le suicide, la toxicomanie, la traite de personnes et autres sujets semblables.

Dans Global concernant ReGenesis (« Baby Bomb ») (Décision CCNR 04/05-1996, 20 janvier 2006), le comité national de la télévision générale s’est penché sur un épisode d’une émission dramatique centrée sur les activités d’un organisme fictif créé pour enquêter sur des progrès douteux dans le domaine de la biotechnologie. L’épisode a été diffusé à 21 h et contenait une courte scène d’activité sexuelle et une mention non assourdie du mot fuck. Dans la mise en garde à l’auditoire qui a été diffusée au début de l’émission et après chaque retour de pause publicitaire, on a averti les téléspectateurs du langage grossier, mais pas du contenu à caractère sexuel. Le comité a constaté une infraction de l’article 11 pour cette raison.

Dans Comedy Network concernant Puppets Who Kill (« The Island of Skip-Along Pete ») (Décision CCNR 05/06-0383, 30 mars 2006), une téléspectatrice s’est plainte de la diffusion des expressions Jesus et Jesus fucking Christ en anglais comme interjections employées par les personnages criminels dans le cadre de cette émission comique à l’intention des adultes. La mise en garde au début de l’émission et après chaque retour de pause comportait uniquement la mention « sujets délicats ». Le comité a conclu que ces mises en garde étaient insuffisantes puisqu’elles ne comportaient pas de mention du langage grossier.

Dans Teletoon concernant Team America: World Police (Décision CCNR 07/08-1011, 7 août 2008), le comité du CCNR a traité d’une plainte concernant un long métrage réalisé par les créateurs de South Park. Le film mettait en vedette des marionnettes qui représentaient des humains et qui étaient membres d’un service de police spécial mis sur pied pour combattre le terrorisme à l’échelle mondiale. Le film renfermait de nombreuses scènes de violence sanglante, de langage grossier y compris les mots fuck, asshole et shit. En plus de dialogue à caractère sexuel, le film renfermait des scènes d’activités sexuelles, y compris une longue scène pendant laquelle un agent et une agente de Team America sont nus et se livrent à des actes sexuels dans différentes positions. Le film a été diffusé entre 21 h 30 et 23 h 40. Teletoon a diffusé des mises en garde à l’auditoire au début de la diffusion et après chaque pause publicitaire, qui mentionnaient [traduction] « Cette émission aborde un sujet destiné à un auditoire adulte. L’émission pourrait contenir des thèmes adultes et du langage grossier. Pour un public averti. » Le comité a conclu que les mises en garde n’étaient pas complètes puisqu’elles n’évoquaient pas la violence et la sexualité. Le comité a fait les commentaires suivants au sujet des mises en garde :

Dans la présente affaire, bien que Teletoon ait bel et bien avisé les téléspectateurs du « langage grossier » dans le film, il a rangé la violence et le contenu à caractère sexuel sous le titre ambivalent de « thèmes adultes ». [...] Le comité considère cela carrément insuffisant pour les téléspectateurs qui voudront peut-être savoir à quel type de contenu ils seront, ainsi que leurs familles, exposés. Il se peut que certaines personnes qui sont offensées par du contenu à caractère sexuel ne se préoccupent pas de la violence. Il se peut que d’autres tolèrent ces deux catégories mais soient perturbées par l’emploi de langage grossier. Bien que le comité ne voit aucun problème pour ce qui est de la désignation supplémentaire « sujet à l’intention d’un auditoire adulte », il en vient à la conclusion que cette mention n’est pas suffisamment précise dans les cas de contenu à caractère sexuel, de violence, et de langage grossier ou injurieux. On doit bien les préciser dans les mises en garde à l’auditoire. [...]

[...]

Pour les raisons qui précèdent, le comité juge que la mise en garde à l’auditoire qui a été choisie enfreint l’article 11 in fine du Code de déontologie de l’ACR et le paragraphe 5.3 du Code de l’ACR concernant la violence.

Enfin, dans Starz 1 concernant High Fidelity, Ramy et The Right Kind of Wrong et Starz 2 concernant The Hangover et Bridesmaids (Décision CCNR 20.2021-0745, 16 juin 2021), le comité a étudié cinq diffusions distinctes, y compris deux émissions dramatiques et trois long métrages humoristiques. Toutes les émissions renfermaient plusieurs usages du mot fuck et autre langage grossier. Toutes les émissions renfermaient un certain montant de contenu à caractère sexuel, certaines scènes étant de l’avis du comité assez modérées, d’autres plutôt explicites. Toutes les émissions ont été diffusées pendant l’après-midi. Dans les mises en garde à l’auditoire, le télédiffuseur avait averti du langage grossier, des sujets délicats et, dans certains cas, de la nudité, mais aucune n’a averti du contenu à caractère sexuel. Le comité a trouvé une infraction pour ne pas avoir fourni cette précision dans les mises en garde :

Pour être conformes, les mises en garde doivent détailler tous les éléments d’une émission, sans rien omettre, afin de donner le plus de renseignements possibles sur son contenu. Dans ce cas-ci, le télédiffuseur a utilisé une expression fourre-tout, « sujets délicats », ce qui est insuffisant.

Précédents du CCNR relatifs aux niveaux de classification et aux protocoles sur l’usage des icônes

Niveaux de classification

Crave était au départ un service de télévision payante en vertu du régime d’octroi de licence du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes (CRTC) et pouvait donc utiliser les classifications des organismes de contrôle cinématographique. Toutefois, le CRTC a éliminé la catégorie « télévision payante » le 1er septembre 2017, fusionnant les deux catégories de télévision « spécialisée » et « payante » en la catégorie « télévision facultative ». Le changement est entré en vigueur immédiatement pour les chaînes payantes appartenant aux grandes entreprises médiatiques qui avaient obtenu une licence de groupe, ce qui incluait Crave, propriété de Bell Média. Les services de télévision payante n’étaient donc plus sujets aux Codes concernant la télévision payante et leurs dispositions sur le classification des films et devaient dorénavant satisfaire aux exigences du Code de l’ACR concernant la violence comme la télévision conventionnelle et les anciens services spécialisés.

En vertu de ce code, le CCNR a expliqué que les télédiffuseurs ne peuvent pas simplement attribuer à un film la classification identique ou équivalente des organismes de contrôle cinématographique parce que le contexte du visionnement dans une salle de cinéma est différent de celui du visionnement à la maison. Dans une salle de cinéma, le consommateur choisit consciemment d’acheter un billet, alors qu’à la maison, le téléspectateur peut tomber accidentellement sur une émission en changeant de chaîne.

Bien qu’ils puissent s’inspirer des classements des organismes de contrôle cinématographique, les télédiffuseurs doivent faire une évaluation indépendante du caractère approprié de la classification du Groupe d’action sur la violence à la télévision (GAVT) (c’est-à-dire, les classifications décrites précédemment) en fonction des descripteurs du système et des précédents du CCNR. Même si cela peut surprendre, il n’y a pas de lien direct entre la classification d’une émission en vertu de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence et sa mise à l’horaire en vertu de l’article 3.0 du Code de l’ACR concernant la violence ou de l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR. Par exemple, une émission qui renferme des scènes destinées exclusivement à un auditoire adulte, et ne peut donc être diffusée qu’après 21 h, pourrait néanmoins être correctement classée 14+ en vertu du système GAVT.

Dans TQS concernant le long métrage L’Affaire Thomas Crown (Décision CCNR 01/02-0622, 20 décembre 2002), le comité a évalué une plainte concernant la mise à l’horaire et la classification d’une scène de nature sexuelle dans le cadre d’un long métrage diffusé à 19 h. La scène durait environ deux minutes et montrait les deux personnages principaux, un homme et une femme, se livrant à des actes sexuels, leurs seins nus et fesses nues bien visibles à l’écran. Le télédiffuseur a expliqué que la version du film présentée dans les salles de cinéma avait été classée « Visa général » par la commission de classement de sa province à l’époque, la Régie du cinéma du Québec, mais qu’il avait resserré cette classification à 8+ pour la diffusion à la télévision. Le comité a rendu l’importante décision établissant que les télédiffuseurs de langue française, même s’ils ont le droit d’utiliser le système de la Régie, ne peuvent pas automatiquement se fier au classement d’un film par la Régie, à cause des circonstances différentes de l’environnement télévisuel :

L’Affaire Thomas Crown est un long-métrage dramatique qui, de par sa nature, et conformément aux exigences établies dans « Système de classification de la violence dans les émissions de télévision », Avis public 1997-80 du CRTC en date du 18 juin 1997, doit s’accompagner d’une icône de classification. C’était l’intention dans la création du système de classification canadien que ce serait le télédiffuseur qui déciderait du niveau de classification convenable en s’appuyant sur un des deux systèmes de classification qui ont cours au Canada pour la télévision générale et les services spécialisés (les règles portant sur la télévision payante sont différentes, mais elles ne sont pas pertinentes pour les fins de cette décision). Tel que stipulé dans l’Avis public du CRTC, le CRTC a convenu que « les télédiffuseurs de langue française doivent se servir du système de classification de la Régie du cinéma du Québec. » (Les télédiffuseurs de langue anglaise se servent du système instauré par le Groupe d’action sur la violence à la télévision (GAVT)).

Par suite de cette règle établie par le CRTC, les catégories, ou les niveaux, de classification qu’utilisent les télédiffuseurs au Québec sont essentiellement celles que connaissent les cinéphiles québécois, notamment G, 13+, 16+ et 18+. Les télédiffuseurs y ont ajouté la catégorie 8+. Cette catégorie est l’équivalent du « G déconseillé aux jeunes enfants » de la Régie. La question qui revêt toutefois davantage d’importance est celle de comprendre l’effet du principe cité plus haut qui est tiré de l’Avis public 1997-80 du CRTC. De l’avis du comité, le libellé établit sans équivoque que le CRTC s’attend à ce que les télédiffuseurs s’appuient sur le système de classification de la Régie du cinéma, et non pas sur la classification comme telle que la Régie aurait attribuée à un long-métrage donné. Le choix de la classification appropriée revient au télédiffuseur et non à la Régie lorsqu’il s’agit de télédiffusion. S’il subsiste un doute quant à cette interprétation, il suffit de considérer la phrase complète de laquelle est tirée la référence ci-haut au système de classification en vigueur au Québec. Cette phrase indique que

les services de télévision payante et à la carte continuent d’utiliser les cotes des régies provinciales de classification et que les télédiffuseurs de langue française doivent se servir du système de classification de la Régie du cinéma du Québec.

Autrement dit, les radiodiffuseurs ultimement discrétionnaires, les services payants, doivent utiliser les cotes de classification elles-mêmes telles qu’attribuées par les commissions de classification provinciales alors que les radiodiffuseurs de télévision générale de langue française doivent utiliser le système de classification de la Régie du cinéma.

Cette interprétation est de plus appuyée par le fait que le CRTC, dans ce même document, indique qu’il s’attend que le CCNR « exerce la fonction d’arbitre dans les différends portant sur la classification des émissions de télévision », une fonction qui perdrait tout son sens si les radiodiffuseurs n’avaient aucune responsabilité quant au choix de la classification appropriée. Il est aussi évident que le CRTC ne pourrait pas s’attendre à ce que le CCNR joue un rôle dans l’évaluation des choix de la Régie en matière de classification (dans la mesure où ces cotes sont déterminées par l’autorité provinciale pour les fins du cinéma); la responsabilité du CCNR ne pourrait logiquement être exercée qu’en ce qui a trait au choix du niveau de classification du radiodiffuseur pour la diffusion à la télévision. Il est aussi pertinent de souligner le fait que la Régie établit les classifications pour les longs-métrages présentés dans les cinémas, autrement dit les films auxquels le public n’a pas accès à moins qu’il décide consciemment d’acheter un billet pour aller voir un film au cinéma local.

Mais la télévision, c’est autre chose. Les télédiffuseurs généraux apportent leurs films chez tout le monde. Le téléspectateur, lui, n’a pas à prendre de mesure plus entreprenante ou consciente que d’allumer son téléviseur et de choisir un canal (ce qui risque de ne pas être une mesure particulièrement entreprenante dans le cas des gens qui font du saute-canal, pour ne citer qu’un exemple de comportement relativement passif). Il s’agit d’au moins une raison pour créer un jeu d’outils qui permette aux téléspectateurs de faire un choix éclairé. Les codes en matière de radiotélévision, l’institution de la plage des heures tardives et l’obligation de diffuser des mises en garde, ainsi que les classifications d’émissions et la puce antiviolence, font tous partie de cette trousse à outils.

C’est dire que même si les catégories sont les mêmes pour les écrans du cinéma et de la télévision, la façon dont on établit l’applicabilité de la catégorie à une émission en particulier peut varier.

Exemples de classifications PG acceptables et inacceptables

Un comité du CCNR a étudié la classification PG dans CHRO-TV concernant Dead Man’s Gun (« The Mesmerizer ») (Décision CCNR 97/98-1208, 3 février 1999). Un épisode de la série dramatique avait comporté une courte scène de nudité juste avant l’heure critique. Le comité a jugé que la classification PG était acceptable.

La catégorie PG, dont la description figure ci-dessus, paraît aux yeux du conseil être la mieux appropriée à l’émission en question. Pour la catégorie PG, les lignes directrices sur le contenu concernant le sexe et la nudité prévoient la « possibilité de brèves scènes de nudité » et la « possibilité d’allusions ou de contenu sexuels restreints et discrets lorsque cela convient à l’intrigue ou au thème ». Le conseil estime que la scène qui montre le torse nu d’une femme était certainement brève et que l’absence de toute représentation d’activité sexuelle constituait un contenu sexuel suffisamment « discret » pour justifier cette classification. Par ailleurs, le caractère approprié de la classification PG devient encore plus clair quand on compare les lignes directrices sous PG à l’égard du sexe et de la nudité avec celles qui figurent dans la description des classements 14+ et 18+. La première prévoit une « possibilité de scènes de nudité et/ou d’activité sexuelle dans le contexte du récit ou du thème », la seconde une « possibilité de représentations explicites de sexe et/ou de nudité ». Le conseil estime que la seule scène impliquant de la nudité a été brève, et l’épisode renfermait effectivement un « contenu sexuel restreint et discret ». Par conséquent, le conseil estime que le choix du télédiffuseur s’est avéré judicieux.

Dans CFPL-TV concernant des épisodes de Hercules : The Legendary Journeys et Xena : Warrior Princess (Décision CCNR 98/99-0306, 17 juin 1999), le comité a traité d’une plainte concernant la violence dans le cadre de deux émissions à caractère fantastique. Le comité n’a décelé aucun problème dans le fait que les émissions soient présentées un dimanche après-midi, ni dans la classification PG (Avertissement aux parents) qui leur avait été attribuée. Le comité a également noté que, bien que ces émissions d’action et d’aventure fantastiques aient contenu plusieurs scènes comportant une certaine violence, « les combats sont davantage suggérés que montrés en détail ». Par ailleurs, selon le comité, les émissions ne renfermaient pas d’images pornographiques ni de sadomasochisme, comme le soutenait le plaignant; il a trouvé, cependant, que plusieurs scènes « comportaient [...] des allusions sexuelles et suggéraient une activité sexuelle ».

Enfin, dans Prime concernant le long métrage Smokey and the Bandit (Décision CCNR 05/06-1575, 8 janvier 2007), un téléspectateur s’est plaint du langage grossier dans le cadre de la diffusion par Prime de ce long métrage, une comédie réalisée en 1977 et mettant en vedette Burt Reynolds et Sally Field. Le film avait été diffusé de 11 h à 13 h, heure du Centre (de midi à 14 h, heure de l’Est). Plusieurs scènes comportaient du langage grossier en anglais, comme son-of-a-bitch, damn, hell, shit, bullshit, ass et Jesus Christ. Il y avait aussi une scène dans laquelle le personnage articulait le juron anglais fuck, mais il était inaudible en raison des effets sonores qu’on avait insérés au même moment pour créer un effet comique. Prime a classé le film PG et a fourni des mises en garde à l’auditoire tout au long de l’émission pour signaler le langage grossier aux téléspectateurs. Le comité a conclu que PG était une classification acceptable pour cette diffusion.

Parmi les exemples de classifications PG inacceptables, on retrouve CHMI-TV concernant le long métrage Double Team (Décision CCNR 99/00-0372, 5 mai 2000). Le comité a examiné une plainte invoquant, parmi plusieurs motifs, la classification de ce long métrage qui mettait en vedette Jean-Claude Van Damme. Le film était « plein de bagarres, d’explosions et de fusillades. » Le comité n’a pas été d’accord avec le choix du télédiffuseur d’adopter la classification de PG et a déclaré que 14+ aurait été plus acceptable.

De toutes les catégories à envisager pour ce film – PG, 14+ ou 18+ –, le télédiffuseur a choisi celle qui convenait le moins. Tout d’abord, dans la description de la cote « PG », il est énoncé que : « Bien qu’elles soient destinées à un auditoire général, ces émissions peuvent ne pas convenir aux enfants plus jeunes (moins de huit ans). » [c’est nous qui soulignons]. Deuxièmement, les lignes directrices concernant la violence stipulent que « la représentation de conflits ou d’agressions doit être limitée et modérée » et que « la représentation de violence ne doit pas être omniprésente. » De l’avis du Conseil, et apparemment aussi de l’avis du télédiffuseur si on se fie à ses mises en garde, le film ne vise décidément pas un auditoire général. C’est un film à l’intention d’un auditoire adulte. Qui plus est, la violence présentée dans le film est loin d’être « modérée et limitée. » Bien que le film contienne des éléments de violence qui conviennent à un public adulte pour ce qui est de son horaire de diffusion, le Conseil ne croit pas que la nature de cette violence soit du genre à justifier une cote de 18+, la plus restrictive. Les lignes directrices visant la catégorie 14+ conviennent que « la violence peut constituer l’un des éléments dominants du scénario » et que la programmation peut même « comporter des scènes intenses de violence ». Alors que pour des raisons d’horaire, l’émission doit être réservée à un auditoire adulte, le but du classement 14+, dans l’esprit du Conseil, est de fournir suffisamment d’information aux familles pour leur permettre de juger si ce film, malgré tout plus adapté à un auditoire adulte, paraît convenir à leurs enfants plus âgés.

Par conséquent, le Conseil estime que le télédiffuseur a fait le mauvais choix et qu’il a enfreint les conditions du système de classification, l’icône de 14+ étant celle qui devrait accompagner de futures diffusions de ce film.

Un autre exemple d’une classification PG inacceptable s’est produit dans Showcase Television concernant le long métrage Frankie Starlight (Décision CCNR 02/03-0682, 30 janvier 2004). Le comité a estimé qu’une classification de 14+ aurait été plus appropriée dans le cas d’un film qui fait usage du mot fuck, plutôt que la cote PG que lui avait assignée le télédiffuseur. Le comité a conclu que le recours constant à un langage grossier, par opposition à de légères vulgarités, fait que le film devrait être coté 14+ et non PG. Le comité est heureux de constater que c’est également la conclusion à laquelle en est venu le télédiffuseur qui a fait savoir dans sa lettre qu’à l’avenir, Frankie Starlight serait classé 14+.

Dans Showcase concernant le long métrage Rats (Décision CCNR 99/00-0772, 23 août 2001), le comité a trouvé que la classification PG affichée avec ce film de sexualité explicite était inadéquate. La classification PG admet la « possibilité d’allusions ou de contenu sexuels restreints et discrets ». Le comité a trouvé que la longue scène dans laquelle le protagoniste se fait chevaucher par une femme et où les deux participants se démènent jusqu’au paroxysme était loin d’être « discrète ». Il a décidé qu’une classification de 14+, qui permet l’« activité sexuelle dans le contexte du récit ou du thème », aurait été la classification appropriée.

Enfin, dans CHCH-TV concernant NCIS (« Mind Games ») (Décision CCNR 05/06-0479, 15 décembre 2005), le comité a examiné un épisode d’une dramatique centrée sur le crime. Cet épisode concernait un tueur en série. On y montrait des photographies de femmes dont la langue avait été coupée, le dos entaillé en forme de cœur et le corps pendu à un arbre. Il y avait également une scène dans laquelle une agente du NCIS est confrontée à un agresseur. L’émission, diffusée par le réseau CBS aux États-Unis, faisait l’objet d’une substitution simultanée par la station CHCH-TV. Celle-ci a classé l’épisode PG. Le comité a conclu qu’en raison de la nature explicite de la violence, l’émission exigeait d’être classée à tout le moins 14+.

Dans la présente affaire, le comité considère qu’il était trop conservateur de choisir la classification PG. La violence dans l’émission n’était pas, comme l’indique la description de la classification PG, à la fois « limitée et modérée ». Bien qu’elle n’ait pas été prépondérante, elle était moins que « limitée » et encore bien moins que « modérée ». De l’avis du comité, même si le niveau de violence se situait sous celui d’« intense » dans la définition de la catégorie 14+, il s’en approchait davantage.

Bien que les catégories représentent une transition sans heurt sur une ligne continue d’un niveau quelconque à celui au-dessus, la description d’une définition de classification à la prochaine ne présente pas la même continuité. Il s’agit de mots après tout, ce qui signifie qu’il est moins probable qu’ils soient liés les uns aux autres aussi étroitement que les catégories elles-mêmes. Il se peut donc que le contenu abordé ne se classe pas parfaitement dans la catégorie au-dessous ou celle au-dessus. En pareille circonstance, et lorsque le télédiffuseur qui attribue la classification conclut que le contenu va au-delà de la définition moins élevée, il n’a qu’un seul choix, soit la classification plus élevée, même lorsque la définition plus élevée n’est pas atteinte. Autrement, le téléspectateur ne serait pas protégé par l’information et les avis.

Exemples de classifications 14+ acceptables et inacceptables

Dans Showcase Television concernant le film Police 10-07 (Décision CCNR 00/01-0613, 16 janvier 2002), le comité national des services spécialisés a examiné un film concernant le meurtre en série d’homosexuels par une pratique appelée étranglement érotique. Le film, qui renfermait des scènes menaçantes, quelques scènes d’action violentes et d’autres qui montraient les résultats d’actes criminels survenus plus tôt, avait été classé 14+. Le comité a conclu que c’était la classification appropriée puisque cette catégorie permet « des thèmes adultes et des problèmes de société »; « la violence [comme] l’un des éléments dominants du scénario »; et des « scènes intenses de violence ».

Une autre classification 14+ acceptable a été examinée dans WTN concernant le long métrage Wildcats (Décision CCNR 00/01-0964, 16 janvier 2002). Le film contenait deux brèves scènes de nudité masculine et féminine, ainsi que de nombreuses répétitions des mots fuck, motherfucker, shit et autres expressions grossières. Le film avait été classé 14+, ce que le comité national des services spécialisés a jugé être un bon choix.

Un autre comité du CCNR a trouvé acceptable la classification 14+ du télédiffuseur dans Showcase Television concernant le long métrage Muriel’s Wedding (Décision CCNR 02/03-0882, 30 janvier 2004), portant sur un film qui renfermait le mot fuck et ses dérivés.

Dans OUTtv concernant le long métrage L.I.E. (Décision CCNR 09/10-1703, 7 janvier 2011), le sujet de la plainte était un long métrage dans lequel un garçon de 15 ans appelé Howie se lie d’amitié avec un homme plus âgé qu’il appelle Big John. Au début, Big John laisse entendre qu’il aimerait recevoir de Howie des faveurs sexuelles, mais ces faveurs ne sont jamais rendues et il s’instaure entre les deux une relation père-fils. Au cours du film on entend à plusieurs reprises l’interjection anglaise fuck (et ses dérivés), des conversations de nature sexuelle, et une scène d’activité sexuelle impliquant le père de Howie et une femme. Une téléspectatrice s’est plainte que le film constituait de la [traduction] « pornographie juvénile » et pouvait faire en sorte d’enseigner aux prédateurs sexuels comment [traduction] « séduire les innocents ». Le film a été diffusé à 21 h, heure de l’Est, soit 20 h dans le fuseau horaire du Centre où demeurait la plaignante. Une icône de classification 14+ a été diffusée au début de la télédiffusion, mais n’a pas été répétée au début de la deuxième heure. Bien que le télédiffuseur ait déclaré dans sa lettre qu’il avait coté le film 18+, le comité national des services spécialisés a estimé que 14+ était suffisant.

Pour ce qui est du choix du niveau de classification, le comité a été frappé par l’affirmation du télédiffuseur selon laquelle il avait attribué la classification 18+ à L.I.E., alors qu’il était nettement évident d’après l’enregistrement témoin du film qu’il avait choisi la classification 14+. Le comité considère qu’il faut mettre davantage de soin et d’attention lorsqu’il s’agit de répondre aux plaintes de la part du public. Dans ce cas-ci, cette erreur laisse entendre que l’administrateur en chef des opérations du réseau OUTtv n’a pas examiné l’émission avant de formuler sa réponse.

Cela dit, le comité n’estime pas qu’une classification plus élevée que 14+ ne fût nécessaire. Ni la violence ni le contenu à caractère sexuel n’était suffisamment prononcé pour dépasser le niveau de 14+. Pour ce qui est de la question du langage grossier, le comité considère que la description pour cette classification permet l’utilisation fréquente de langage grossier ou de forte intensité. De l’avis du comité, l’intensité du langage grossier est conforme à ce niveau de 14+ qui a bien été atteint mais jamais dépassé. Par conséquent, le télédiffuseur n’a commis aucune infraction en choisissant la classification 14+ comme niveau approprié pour le film.

Enfin, dans Starz 1 concernant High Fidelity, Ramy et The Right Kind of Wrong et Starz 2 concernant The Hangover et Bridesmaids (Décision CCNR 20.20210745, 16 juin 2021), le comité du CCNR a étudié cinq émissions distinctes, soit deux émissions dramatiques et trois long métrages humoristiques. Toutes les émissions renfermaient le mot fuck et autre langage grossier. Certains renfermaient du contenu à caractère sexuel. Par exemple, The Right Kind of Wrong contenait la scène d’un homme faisant un cunnilingus à une femme aux seins nus, alors qu’une autre présentait le couple principal ayant une relation sexuelle sur une montagne. The Hangover contenait plusieurs références verbales vulgaires au sexe, ainsi que des photographies d’un homme dans un ascenseur recevant une fellation, le pénis clairement visible. Le film présentait aussi, sur un mode comique, des scènes de violence au cours desquelles les personnages principaux se faisaient battre et étaient abreuvés d’injures. Bridesmaids contenaient beaucoup d’insinuations comiques à caractère sexuel, par exemple un couple présenté dans différentes positions sexuelles, un autre se livrant à des rapports sexuels en faisant référence verbalement à un sandwich sousmarin ainsi qu’à nombre de commentaires tels que [traductions] « faire des pipes pour avoir du crack » et « Mets ta saucisse américaine dans mon McMuffin anglais ». Starz a classé toutes les émissions 14+. Le comité était d’avis que la classification proposée était appropriée pour toutes les émissions. Cependant, il a fait des commentaires concernant l’épisode de Ramy qui renfermait la scène d’une femme demandant à un homme de l’étrangler pendant qu’elle se doigtait, une demande qui a rendu l’homme inconfortable. Le comité a fait les commentaires suivants concernant le système de classification en général et cette scène en particulier :

Les décisions du CCNR laissent une grande latitude à la classification 14+. [...] Quant à la ligne de séparation entre 14+ et 18+, le CCNR a déjà dit [...] qu’une émission comprenant de lourdes insinuations à caractère sexuel et un thème ouvertement sexuel, mais pas de scènes d’activité sexuelle, pouvait être cotée 14+.

La scène d’asphyxie érotique ne comporte pas d’images de nudité et le comité reconnaît qu’elle s’inscrit dans l’intrigue et dans l’évolution du personnage au sens où la rencontre entre Nour et Ramy incite ce dernier à remettre en question ses stéréotypes sur les femmes musulmanes. L’épisode entier aborde les conflits de Ramy de façon réaliste et réfléchie. Bien que la scène présente une forme de gratification sexuelle moins conventionnelle et soulève des enjeux de consentement et de dénigrement, les précédents du CCNR précisent clairement que la cote 18+ n’est obligatoire que si l’émission entière contient des représentations de véritables activités sexuelles ou des descriptions vulgaires et détaillées d’un acte sexuel. Il faut donc qu’une émission renferme une grande quantité de contenu sexuellement explicite et qu’elle soit dans l’ensemble de nature sexuelle pour être cotée 18+. Dans le cas présent, il n’y a pas d’achèvement de l’acte sexuel et le segment sur l’étouffement n’est qu’une petite partie du scénario de l’épisode. Bien que le comité estime que la présentation d’un acte sexuel troublant (asphyxie érotique) et d’enjeux de consentement et de dénigrement rapprochent cet épisode très près d’une classification 18+, il croit cependant que celui-ci penche du côté 14+ de la ligne de séparation entre 14+ et 18+ et que la classification 14+ suffit.

Protocoles sur l’usage des icônes de classification

Pour les émissions nécessitant une classification, l’icône de classification doit apparaître pendant au moins 15 secondes au début de l’émission ainsi qu’au début de la deuxième heure lorsque l’émission dure plus d’une heure. Tout manquement à cet égard constitue une violation de l’article 4.0.

Dans Showcase concernant le long métrage Rats (Décision CCNR 99/00-0772, 23 août 2001), le comité a trouvé une violation au motif de la « fréquence » de l’article 4.0 pour le manquement par Showcase d’afficher l’icône de classification au début de la deuxième heure.

Un comité du CCNR a traité des épisodes de The Sopranos dans CTV concernant The Sopranos (Saison 2) (Décision CCNR 01/02-0104+, 9 mai 2002), qui était une série dramatique centrée sur la mafia, dont tous les épisodes avaient été classés 18+. Bien que, d’habitude, chaque épisode ait duré une heure, quelques-uns se sont prolongés quelques minutes au-delà de 23 h. Un téléspectateur s’est plaint qu’ayant allumé son téléviseur pour syntoniser le bulletin de nouvelles, il avait été confronté à la violence et au langage ordurier de The Sopranos. L’icône de 18+ avait été diffusée au début de l’émission, mais n’a pas été rediffusée au début de la deuxième heure. Pour cette raison, le comité a constaté une infraction.

Dans OUTtv concernant le long métrage L.I.E. (Décision CCNR 09/10-1703, 7 janvier 2011), le sujet de la plainte était un long métrage dans lequel un garçon de 15 ans nommé Howie se lie d’amitié avec un homme plus âgé qu’il appelle Big John. Au début, Big John laisse entendre qu’il aimerait recevoir de Howie des faveurs sexuelles, mais ces faveurs ne sont jamais rendues et il s’instaure entre les deux une relation père-fils. Le film avait été diffusé à 21 h, heure de l’Est, qui correspondait à 20 h dans le fuseau horaire du Centre, celui de la plaignante. Une icône de classification 14+ avait été diffusée au début de la télédiffusion, mais n’avait pas été répétée au début de la deuxième heure. Bien que le télédiffuseur ait déclaré dans sa lettre qu’il avait classé le film 18+, le comité a estimé que 14+ était suffisant, mais que l’icône aurait dû être diffusée au début de la deuxième heure.

La règle concernant l’affichage de l’icône de classification est simple et clairement énoncée à l’article 4 du Code concernant la violence. L’icône doit paraître au début de l’émission et de nouveau au début de la deuxième heure dans le cas des émissions durant plus de soixante minutes. [...] OUTtv a violé l’article 4 pour avoir omis d’afficher l’icône de classification au début de la deuxième heure du film.

Enfin, dans HIFI concernant 10 000 BC, The Mechanic et Trailer Park Boys (Décision CCNR 16/17-0474, 9 août 2017), le CCNR a examiné plusieurs différentes émissions. Dans le cas de The Mechanic, un film d’une durée de deux heures, HIFI ayant omis d’afficher l’icône de classification au commencement de la deuxième heure, il y avait une violation de l’article 4.0.

Conclusions du comité sur les trois films diffusés par Crave

Drive My Car

Le comité estime que les précédents du CCNR rappelés ci-dessus sont très clairs en ce qui concerne les mises en garde à l’auditoire et la rigueur et l’exhaustivité nécessaires. Il y a clairement une activité sexuelle dans ce film et, par conséquent, la mise en garde aurait dû indiquer « scènes à caractère sexuel » ou « activité sexuelle ». L’absence d’une telle mention signifie que Crave 3 a enfreint l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR.

Bien que le contenu à caractère sexuel du film ait nécessité une mise en garde, en se fondant sur les précédents cités ci-dessus, le comité ne considère pas que l’activité sexuelle était explicite et destinée uniquement à un public adulte. Par conséquent, il n’était pas obligatoire de diffuser ce film après 21 h à la lumière de l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR.

Ici encore, les précédents du CCNR sur les Protocoles sur l’utilisation des icônes de classification sont clairs en ce qui concerne l’obligation de répéter l’icône de classification au début de la deuxième heure d’une émission. Le manquement de Crave 3 à cette obligation constitue une violation de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence.

Dune

Comme il a été expliqué dans les précédents ci-dessus, il n’existe pas de formule mathématique pour déterminer quelle violence est destinée exclusivement à un public adulte et doit donc être diffusée seulement après 21 h. Le CCNR prend en considération la fréquence, les scènes sanglantes, le caractère explicite et le ton des scènes de violence pour déterminer si elles sont destinées exclusivement à auditoire adulte. Bien que Dune contienne de nombreuses scènes de violence, notamment les batailles entre les factions belligérantes et les gros plans de sang et d’armes dans les visions de Paul et dans la réalité vécue, le comité est d’avis que les scènes de violence dans ce film de science-fiction n’ont pas atteint un niveau réservé à un auditoire adulte. Par conséquent, Crave 1 pouvait diffuser ce film dans un créneau horaire avant 21 h.

En ce qui concerne le langage grossier, les précédents ont établi que la diffusion de jurons légers tels que ass, hell et damn est acceptable à tout moment de la journée, bien que cela dépende parfois de la fréquence et du contexte du langage grossier. Le plaignant mentionne la position de la Federal Communications Commission (FCC) des États-Unis sur le mot shit, soulignant que la FCC n’autorise pas la diffusion de ce mot pendant les heures de la journée. Le CCNR et le système canadien ne partagent pas ce point de vue; le mot shit est autorisé pendant les heures de la journée, surtout s’il est utilisé comme une simple interjection et non pour insulter une personne. Le mot shit n’est apparu qu’une seule fois dans le film Dune pour exprimer la frustration ou l’inquiétude. Par conséquent, le comité a déterminé que le langage utilisé dans Dune est acceptable dans un créneau horaire de jour à la lumière du Code de déontologie de l’ACR.

En outre, le comité considère que le langage grossier dans le film était suffisamment modéré pour ne pas devoir être mentionné dans la mise en garde. Il n’y a donc pas de violation de l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR à cet égard. Le comité encourage toutefois les télédiffuseurs à être exhaustifs et détaillés dans l’identification de tous les éléments d’une émission que certains téléspectateurs peuvent trouver choquants. L’objectif des mises en garde à l’auditoire est, après tout, de permettre aux téléspectateurs de faire des choix éclairés.

Conformément à sa conclusion ci-dessus concernant la répétition de l’icône de classification au début de la deuxième heure, le comité estime que le fait que Crave 1 ne l’ait pas fait dans cette émission constitue une infraction de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence.

Enfin, à la lumière des précédents décrits ci-dessus, le comité considère que la classification PG était appropriée pour ce film d’aventure de science-fiction.

Survive

En ce qui concerne la violence dans ce film, Survive contient un certain nombre de scènes violentes, notamment l’écrasement de l’avion, des blessures telles qu’un bras cassé et une lacération fatale de la gorge ainsi que l’attaque d’un loup. Le comité note que les scènes violentes comprennent de nombreux gros plans des blessures et que, dans la scène du bras cassé, la plaie est béante et on voit le cartilage. L’une des dernières scènes du film comporte une attaque violente et sanglante d’un loup qui blesse gravement le personnage de Jane. Le comité estime qu’en zoomant sur les blessures et l’attaque du loup, les scènes violentes sont explicites et choquantes, surtout si l’on considère que ce film a été diffusé à 9 h 20 et que ces scènes sont des représentations réalistes d’actes violents. De l’avis du comité, ces scènes de violence étaient destinées exclusivement à un auditoire adulte et nécessitaient une diffusion après 21 h. Par conséquent, le comité constate que Crave 1 a enfreint l’article 3 du Code de l’ACR concernant la violence.

Sur les trois films examinés par le comité, Survive est le seul à contenir le mot f en anglais, que l’on entend huit fois dans ce film. Dans sa réponse, Bell Média explique que le langage grossier [traduction] « n’a pas été détecté pendant [son] processus de programmation interne » et reconnaît qu’il ne diffusera pas le film avant 21 h à l’avenir. Compte tenu des précédents et du fait que Crave 1 reconnaît que le langage grossier dans le film nécessitait un créneau horaire après 21 h, le comité conclut que Crave 1 a enfreint l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR.

Le comité constate également que Crave 1 a enfreint l’article 11 du Code de déontologie de l’ACR pour ne pas avoir inclus « langage grossier » dans sa mise en garde à l’auditoire.

Conformément aux constatations ci-dessus en ce qui a trait à la répétition de l’icône de classification au début de la deuxième heure, le comité estime que le fait que Crave 1 ne l’ait pas fait dans cette émission constitue une infraction de l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence.

Crave 1 a attribué la classification PG à Survive. Dans sa réponse, Bell Média a expliqué que les classifications de GAVT choisies pour ces films (c’est-à-dire Dune et Survive) s’alignent sur les classifications des organismes de contrôle cinématographique provinciaux. Comme nous l’avons expliqué précédemment, Crave étant désormais considéré comme un service facultatif, il ne peut plus se contenter d’attribuer la classification d’un organisme de contrôle cinématographique ou une classification équivalente, car le contexte de visionnement dans une salle de cinéma est différent de celui d’une émission regardée à la maison. Dans une salle de cinéma, le consommateur choisit consciemment d’acheter un billet. À la maison, un téléspectateur peut tomber accidentellement sur un programme en changeant de chaîne.

Étant donné le niveau de violence et le langage grossier de ce film, il devait être diffusé après 21 h et, sur la base des précédents décrits ci-dessus, le comité conclut qu’une classification PG n’était pas appropriée. Au contraire, une classification 14+ était nécessaire pour le film Survive. Par conséquent, le comité a conclu que Crave 1 a enfreint l’article 4.0 du Code de l’ACR concernant la violence lorsqu’il a utilisé une classification PG pour le film Survive.

Réceptivité du télédiffuseur

Dans toutes les décisions rendues par le CCNR, ses comités évaluent dans quelle mesure le radiodiffuseur s’est montré réceptif envers le plaignant. Bien que le radiodiffuseur ne soit certes pas obligé de partager l’opinion du plaignant, sa réponse doit être courtoise, réfléchie et complète. Dans la présente affaire, Crave a répondu au plaignant en fournissant une information complémentaire sur chaque film. Mais ce qui est plus important, c’est que Crave s’est engagé à apporter des changements lors des prochaines diffusions de ces films, notamment en ce qui concerne la mise à l’horaire et la formulation des mises en garde à l’auditoire. Bien que cet engagement ne modifie pas les conclusions du comité en ce qui concerne les diffusions spécifiques examinées dans le cadre de la présente décision, le comité félicite Crave d’avoir reconnu ses erreurs. Le télédiffuseur ayant rempli son obligation de se montrer réceptif, il n’y a pas lieu d’en exiger davantage de sa part, sauf pour l’annonce de cette décision.

Annonce de la décision

Crave 3 est tenu : 1) de faire connaître la présente décision selon les conditions suivantes, en formats audio et vidéo : une fois pendant les heures de grande écoute, dans un délai de trois jours suivant sa publication, et une autre fois dans un délai de sept jours suivant sa publication, dans le même créneau horaire que Drive My Car, mais pas le même jour que la première annonce, 2) de faire parvenir au plaignant qui a présenté la demande de décision, dans les quatorze jours suivant la diffusion des deux annonces, une confirmation écrite de son exécution et 3) au même moment, de faire parvenir au CCNR copie de cette confirmation accompagnée du fichier-témoin attestant la diffusion des deux annonces, qui seront formulées comme suit :

Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision a jugé que Crave 3 avait enfreint le Code de déontologie et le Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs lors de sa diffusion du film Drive My Car le 30 mars 2023. Crave 3 aurait dû indiquer « contenu à caractère sexuel » dans sa mise en garde à l’auditoire conformément à l’article 11 du Code de déontologie et il aurait dû afficher l’icône de la classification une deuxième fois conformément à l’article 4 du Code concernant la violence.

Crave 1 est tenu: 1) de faire connaître la présente décision selon les conditions suivantes, en formats audio et vidéo : une fois pendant les heures de grande écoute, dans un délai de trois jours suivant sa publication; une fois dans un délai de sept jours suivant sa publication dans le même créneau horaire que Dune, mais pas le même jour que la première annonce; et une fois dans un délai de sept jours suivant sa publication dans le même créneau que Survive, mais pas le même jour que la première annonce, 2) de faire parvenir au plaignant qui a présenté la demande de décision, dans les quatorze jours suivant la diffusion des trois annonces, une confirmation écrite de son exécution et 3) au même moment, de faire parvenir au CCNR copie de cette confirmation accompagnée du fichier-témoin attestant la diffusion des deux annonces, qui seront formulées comme suit :

Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision a jugé que Crave 1 avait enfreint le Code de déontologie et le Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs lors de ses diffusions des films Dune le 2 avril et Survive le 16 avril 2023. Crave 1 n’a pas affiché l’icône de classification à la fréquence nécessaire pendant les deux films. Dans sa télédiffusion de Survive, Crave 1 a montré des scènes de violence et de langage grossier destinées aux auditoires adultes à un créneau horaire inapproprié et la mise en garde de l’auditoire aurait dû préciser « langage grossier ». La classification attribuée par Crave 1 à Survive était également insuffisante.

La présente décision devient un document public dès sa publication par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision.

APPENDIX A

Crave is a discretionary television service specializing in feature films and premium drama programs, documentaries and specials. It is a multiplex with four separate channels that air different content. Crave 1 and 3 are the channels under examination here.

Crave 3

Drive My Car

March 30, 2023

6:00 am

Drive My Car is a Japanese film with English subtitles from 2021. The main character is Yûsuke Kafuku. Oto is his wife. Yûsuke is a theatre actor and Oto is a television screenwriter. Early in the movie, Oto dies unexpectedly of a cerebral hemorrhage. Yûsuke was aware that Oto was unfaithful to him, which complicates his grieving process. Two years after Oto’s death, Yûsuke accepts a residency to direct a multilingual production of the play Uncle Vanya by Russian playwright Anton Chekhov. The play ends up starring a young actor named Koshi1 Takatsuki whom Yûsuke presumes was one of the men with whom Oto cheated on him. Through Yûsuke’s interactions with the people involved in the theatre production, particularly the young woman, Misaki, who is hired as Yûsuke’s chauffeur, Yûsuke comes to terms with Oto’s death.

Crave 3 broadcast the following viewer advisory in audio and video formats at the beginning of the broadcast. There were no commercial breaks during the broadcast and therefore no other opportunities to repeat the advisory:

The following program is rated 14+ and contains scenes with violence, coarse language and mature themes. Viewer discretion is advised.

The 14+ classification icon appears during the viewer advisory and again at the beginning of the actual film for 16 seconds. It is not repeated at the top of the second hour.

The following scenes are the most relevant to the complaint:

06:01:19-06:04:25

Oto is topless. She is telling a story as she develops a script for a television program about an adolescent girl sneaking into an adolescent boy’s house. Oto is sitting up in a bed, but the lighting behind her makes it dark, so the viewer cannot really see her bare breasts. At 6:02, the camera angle switches to show her from behind. The viewer sees her bare back and the top part of her buttocks as she kneels in the bed talking to her husband Yûsuke lying beside her with no shirt on. The camera angle switches again. Oto lies down. She continues her story about the girl sneaking into the bedroom of the boy she has a crush on. Part of the story is:

Oto: She holds back the urge to masturbate.

Yûsuke: Why? The limits of a television drama?

Oto: No. She has her own set of rules. Things she’ll allow or won’t allow herself to do.

Yûsuke: She can sneak into his house, but not masturbate there.

Oto: Right.

06:04:32-06:04:40

Oto & Yûsuke are lying in bed together with their arms around each other and shown from above. They are both topless with their lower halves covered by blankets. Oto is lying on her front, so the viewer can only see her back.

Driving in the car, Oto & Yûsuke continue to plot out the storyline of the tv show. It involves the girl leaving an unused tampon in the boy’s room as a token that he might find one day as evidence she had been there. Oto says of the female character, “She’s kinky”. She takes tokens of the boy in return, such as a pencil. The girl in the story sneaks into the boy’s house repeatedly.

06:16:12-06:17:08

Yûsuke returns home to his apartment to find Oto having sex with another man. It is possibly the young actor named Koshi Takatsuki whom she had brought with her to see Yûsuke’s performance earlier, but both Yûsuke and the viewer only see the man from behind. When Yûsuke first walks in, he hears Oto making noises of pleasure. Oto & the other man are on the couch, both with bare torsos. Yûsuke sees them reflected in a mirror. The other man’s back is to him; Oto is straddling the man and bouncing up and down as she moans in pleasure. Yûsuke watches for a moment, then leaves the apartment. Oto never notices Yûsuke there.

06:24:21-06:31:00

Yûsuke & Oto are at home. Yûsuke unzips Oto’s dress and kisses her passionately. She starts to undo his shirt. The scene cuts to them lying in bed kissing. She is wearing a camisole. He removes her underpants and adjusts her legs so he can get between them. He takes off his own underpants and thrusts on top of her. They kiss passionately. Yûsuke pulls her into an upright position as they continue to have sex. The scene cuts to them lying on the bed in the dark. Oto has her eyes open, but Yûsuke has his closed. Oto continues her story about the adolescent girl. Yûsuke kisses Oto’s neck and caresses her shoulder. She & Yûsuke kiss passionately some more. Oto straddles Yûsuke and continues to narrate her screenplay: “She begins to masturbate on Yamaga’s bed. She strips off all her clothes one layer at a time.” Oto takes off her camisole, but is shown from the back. She kisses Yûsuke. She continues her story as she grinds against Yûsuke: “She’s forbidden herself from doing it, but now she can’t stop.” The camera angle shifts so the viewer can see the curve of Oto’s breast as she leans over Yûsuke. She sits up again and there is a close-up of her face as she continues to both tell the story and have intercourse with Yûsuke. The camera angle switches to being from above. Yûsuke covers his eyes with the back of his hand as Oto’s gyrations speed up until she climaxes and collapses on top of him.

08:02:07-08:13:20

Yûsuke explains to Koshi Takatsuki that Oto used to narrate stories while they were having sex and then she would get Yûsuke to tell them back to her afterwards so she could turn them into screenplays. Yûsuke tells Koshi that he knows Oto had sex with other men, usually the actors who appeared in her tv series. They discuss the story Oto was working on about the girl who sneaks into the room of the boy she likes. Koshi tells Yûsuke the ending of that story which Yûsuke had not heard from Oto. The girl is discovered naked on the bed in the boy’s room by a burglar. The burglar attempts to rape her, so she stabs him repeatedly with a pen in his eye, neck and temple until he dies. Then the girl washes the blood off in the shower and goes home. The token she leaves in the boy’s room that day is the burglar’s corpse.

There are two instances each of the phrases “Damn it” and “God damn it” in the film.

Crave 1

Dune

April 2, 2023

1:40 pm

Dune is a 2021 science fiction film based on the 1965 novel by Frank Herbert. The plot takes place in the distant future and the main character is adolescent Paul Atreides. Paul is the son of a duke whose family moves from their home planet Caladan to a desert planet called Arrakis. Arrakis is the source of a valuable psychotropic substance called melange, but colloquially known as “spice”. Paul’s father, Duke Leto Atreides, was told to rule the planet, taking power away from Baron Harkonnen. Much of the plot involves Harkonnen trying to wrest power back from Leto Atreides. The compound in which the Atreides family lives is called Arrakeen. The planet Arrakis is inhabited by a mysterious people called the Fremen. Paul’s mother is Lady Jessica. She is a member of a sisterhood of witches called Bene Gesserit. Paul has inherited some of Jessica’s supernatural powers, which Jessica has encouraged him to develop. Paul is also being trained in the art of combat by Leto’s top soldiers, Duncan and Gurney.

Crave 1 broadcast the following viewer advisory in audio and video formats at the beginning of the broadcast. There were no commercial breaks during the broadcast and therefore no other opportunities to repeat the advisory:

The following program is rated PG and contains scenes with violence and mature themes. Viewer discretion is advised.

The PG classification icon appears during the viewer advisory and again at the beginning of the actual film for 18 seconds. It is not repeated at the top of the second hour.

The following scenes are the most relevant:

13:43:18-13:43:59

Men are walking across the desert. A person rises up from the sand and stabs another person with a sword in slow-motion. There is a close-up of a gun trigger. There is a fiery explosion and flares going off around people huddled on the sand or trying to flee. People are struck and fall to the ground.

13:53:14-13:53:26

Paul is telling Duncan about the dreams he has been having. Paul tells Duncan in one he saw Duncan lying dead in battle. There is a scene to represent this. Many men in white suits & helmets are lying in what appears to be the inside of a spaceship. There are blood smears on them and on the floor.

13:57:35-14:00:10

Gurney does sword-fighting training with Paul. They wear special bracelets that activate a special power called a Holtzman shield that prevent them from getting injured. They take it very seriously and get aggressive. Gurney yells at Paul to “Fight! Come on!”

14:06:33-14:09:24

Paul’s mother Jessica is a member of an all-female order called Bene Gesserit whose members have supernatural powers such as telekinesis. Jessica forces Paul to meet with the leader of the order, Truthsayer Gaius Helen Mohiam who subjects him to a test. Mohiam wears all black clothing and a black veil. Mohiam is sitting in a chair in the middle of a darkened room. She uses telekinesis to force Paul to kneel in front of her. She insists that he put his hand in a small metal box that is situated on the arm of her chair. She puts a needle near his neck and tells him it is poisonous. If he does not obey, she will prick him with the needle to invoke instant death. The tone of the scene is very dark and sinister. She asks him what he would do to escape. There is tinkly music to imply something is happening to his hand inside the box and Paul gets a pained expression on his face that he tries to resist. Jessica is standing outside the door of the room. She holds her midsection and grimaces as if she can feel Paul’s pain. Paul fights back tears and grunts. Mohiam says, “Silence!” Paul is shaking and his face goes red, but he keeps his hand in the box. Paul concentrates. His mother recites lines about fear in whispers outside the room. Paul has visions of fire, a charred hand and a hand holding a sword. His face shows he is gaining control over the situation as he stares at Mohiam. She says “Enough” to end the test and Paul pulls his hand out of the box. Mohiam tells Paul he is very powerful because he is Jessica’s son, not because he is a duke.

14:21:45

Leto: What do they say about this hell hole again?

Gurney: “To shower, you scrub your ass with sand”, My Lord. That’s what they say.

14:36:55

Gurney: What the hell’s a sand compactor?

14:38:25-14:38:33

Dr. Kynes is going to give an aerial tour of the machines that harvest melange. She approaches Leto Atreides to inspect the integrity of his special suit. His guards instinctively draw their swords and point them at her neck and face. Leto Atreides tells them “it’s all right” and they lower their weapons.

14:43:51-14:49:23

Duke Leto Atreides, Paul and a team have flown a helicopter-like vehicle called an ornithopter into the desert to observe the spice harvester machines. Dr. Kynes explains that there is always a risk of sandworms. They see one approaching the harvester. The carryall that lifts the spice harvester up cannot make full contact with the harvester that needs to be evacuated. When Kynes hears the pilots communicating about the malfunctioning carryall leg, she mutters under her breath, “Shit”.

Leto insists they save the men on the harvester despite having to abandon all the spice they have harvested: “Damn the spice! I want every man off that crawler now!” Paul is out in the desert to help them. He gets distracted by his visions so he does not return to the ornithopter. Gurney runs out to get him. It is difficult for them to make their way back to the ornithopter due to the sandstorm and uneven ground. The sand ripples as the sandworm approaches. They just make it onto the ornithopter as they watch the sandworm swallow the harvester. Dr. Kynes utters a prayer.

14:52:27-14:53:11

Paul tells his mother about the vision he had while outside in the desert. It is shown in a series of slow-motion flashes. He is with a young woman around his age. They begin to kiss. There is a close-up of a sword with blood on it. Paul pulls away from her and drops to his knees. There is a close-up of a hand covered in blood. The sword with blood on it is shown again. He says he thought he saw his own death.

14:57:32-15:08:30

It is nighttime. Something seemingly shoots the Arrakeen guards and causes them to fall down. There is a close-up of a person’s hand holding a gun. The lights dim as a figure is shown in a doorway. Leto Atreides wakes up and goes into the main area of his palace. A servant woman is lying on the steps. The Duke calls for security, but no one comes. He activates his Holtzman shield and goes to her. He rolls her over and sees that there is a blade in her chest. She grips his shoulder and then lets go, leaving a bloody handprint, and dies. Leto Atreides seemingly endures an electrical shock and there is a small dart in his back. His Holtzman shield ceases to function and the dart pierces his back, causing him to fall to the floor and collapse. Someone notifies Gurney that the shield has come down on the complex. Gurney summons the military and they jump to action into their ornithopters. There are explosions, weapons firing and soldiers running. Some soldiers fall down due to the explosions. A giant piece of equipment falls in a fiery blaze. Spaceships land and men wearing armoured suits gets off. There is a mêlée as the two sides fight each other with swords and equipment explosions go off around them. Rows of soldiers march then fight each other with swords and bayonets, some with Holtzman shields.

Atreides’ guards are lined up on their knees with their hands tied behind their backs. Glossu Rabban Harkonnen, who is the Baron’s nephew, approaches them with a sword. He swings it to behead each of them in turn, though the beheadings are obscured by blurry flames.

The soldiers on Harkonnen’s side are called Sardaukar. Four Sardaukar soldiers approach Duncan. They fight with swords and Holtzman shields, with Duncan killing all four of them.

Paul and Jessica are on a ship as prisoners of the Harkonnens. There are three Harkonnens. Jessica is bound and gagged. Their captors discuss leaving them out in the desert to be eaten by sandworms or cutting their throats. The ornithopter carrying Paul and Jessica flies off as more fiery eruptions occur at Arrakeen.

Duncan fights with more Sardaukar and Harkonnen. Duncan gets into an ornithopter and flies around as Arrakeen is destroyed.

15:09:12-15:11:33

Jessica’s and Paul’s captors continue to discuss what to do with them. Paul tells them not to touch his mother. One of the captors slaps him across the face. Then Paul asks them to remove his mother’s gag. The captor punches Paul and tells him to “Shut up”. Paul and Jessica use their supernatural powers to order one captor to kill another one. The first captor slits the throat of the second captor. His body falls out the open hatch of the ornithopter. The third captor covers Jessica’s mouth and she bites his hand. Paul trips the first captor. Jessica orders the third captor to cut her ropes and give her the knife he is holding. Jessica then stabs him with it and pushes his body down. She slits the throat of the first captor. The ornithopter lands.

15:14:47-15:15:13

Duke Leto Atreides wakes up, slumped in a chair naked, in a room with Baron Harkonnen and his men. Leto’s doctor, Dr. Yueh, is brought in by Harkonnen’s soldiers. Dr. Yueh explains that he interrupted the Atreides communications system and took down the shield in exchange for Harkonnen releasing Yueh’s wife. Harkonnen approaches Yueh, picks him up by the hair and slits his throat with a sword. The camera is on Harkonnen rather than Yueh, so the viewer does not see the actual throat being slit. Harkonnen drops Yueh’s dead body to the floor, though it is slightly off camera.

15:15:41-15:16:24

Harkonnen leans over Leto and threatens him. Harkonnen puts a hand on his sword and activates his Holtzman shield. Leto follows the advice Yueh gave him earlier and bites down on the fake tooth Yueh gave him to release a poisonous gas. The gas goes into Harkonnen’s face who screams in pain. Other men in the room collapse and two guards standing outside the door close it so the gas does not get out of the room.

15:19:53-15:22:31

Paul and Jessica are abandoned out in the desert. Paul has a vision of watching a battle from a height. There are many soldiers in uniforms coming out of the sand and running at their equally numerous opponents. There is much running, acrobatics and slashing with swords as sand blows around them. One soldier’s mask opens and the face is revealed to be Paul with bright blue eyes. There is a close-up of a crysknife and then a pile of what appears to be bodies ablaze. Then, there is a scene of a person in a robe walking in the desert with a bloodied hand. Soldiers have their arms raised and a spaceship is above Caladan. The pile of burning bodies is shown again. Paul becomes agitated when describing this vision to his mother. There is a slow-motion shot of a sword dripping with blood. Paul gets angry at his mother for making him a Bene Gesserit.

15:30:29-15:33:55

A Sardaukar army descends on the hideout where Dr. Kynes has taken Paul, Jessica and Duncan. They approach the entrance, but Fremen soldiers jump out of the sand and fight them with swords. Duncan senses something is happening outside the door. He throws off his cape and gets ready to fight, walking towards the door. He opens the door and sees a group of soldiers fighting each other. He draws his sword and closes the door. Paul shouts Duncan’s name and runs toward him as the door slides closed. Duncan activates his Holtzman shield and runs towards the soldiers. A swordfight ensues, with Duncan successfully felling most of the soldiers. One stabs Duncan in the chest and another punches him in the face. The soldiers step over Duncan’s bleeding body while those inside scramble to save themselves from the Sardaukar. The soldiers use a laser to get through the metal door. Duncan manages to raise himself up and swordfight with the remaining soldiers. He collapses to the ground and the viewer sees his face as he dies.

15:36:23-15:37:45

Dr. Kynes has told Jessica and Paul to escape in an ornithopter. She is standing on a sand dune, watching what is likely the sign of a sandworm coming. Suddenly, she is stabbed in the back and tumbles down the dune. Three soldiers walk towards her as she grips her wound and looks at her hand. The three soldiers approach her and accuse her of betraying the emperor. She pounds on the sand. The sand moves and the soldiers and Dr. Kynes sink into it as the sandworm sucks them up.

15:38:25-15:44:36

Paul is flying himself and his mother in the ornithopter that Dr. Kynes gave them. Enemy ornithopters are following them. The enemies shoot missiles at their aircraft. Their ornithopter goes into a sand cloud and there are explosions around them. The window cracks and other pieces of the aircraft start to malfunction. Paul lets go of the controls, closes his eyes and the ornithopter starts spinning in the sandstorm.

The scene cuts to Baron Harkonnen who survived Leto’s poison breath, but is now submerged in a tank of black viscous liquid that apparently helps his healing. He tells his nephew Rabban to restart spice production and to kill all the Fremen.

The scene cuts back to Paul and Jessica in the aircraft spinning in the sandstorm. Paul retakes the controls and manages to direct it out of the sandstorm. He struggles to control it as its wings fall off and it crashes into the sand. Paul and Jessica survive and make their way out into the desert.

15:51:19-15:53:17

Paul and Jessica get chased by a sandworm. The sound of a thumper (which is a device the Fremen use to divert the sandworms) makes it stop before it eats them.

15:55:16-15:57:30

Paul and Jessica encounter a group of Fremen in the desert. They are menacing and threatening because they want to kill Paul and Jessica for the water in their bodies. Their leader Stilgar, whom Paul met earlier when his father attempted to negotiate with him, tells them to spare Paul because he can learn their ways but Jessica is too old to learn. Stilgar lunges at Jessica with a knife. She grabs his arm to fend him off. Stilgar grabs Jessica by the head and flips her over. Paul strikes Stilgar and runs to fight off the other Fremen. Jessica manages to get a hold on Stilgar with a knife to his throat. Paul finds higher ground and points a gun at the group. Stilgar tells Jessica he judged her too hastily and asks for peace. She lets him go. Stilgar says they have to get to a certain location and the fate of Paul and Jessica will be decided there. Jessica hands Stilgar back his weapon. Paul lowers his gun but then hears a voice behind him and points it at the person speaking. He is surprised to see it is the girl from his recurring dreams. Her name is Chani.

15:59:28-16:00:12

Paul has a vision of himself fighting a Fremen named Jamis with weapons called crysknives. In the vision, Paul is stabbed and falls to the ground. Jamis reaches for Paul and there is blood on Jamis’s crysknife.

16:03:01-16:05:45

Jamis challenges Paul to a fight. Chani has given him a special crysknife to use. Paul & Jamis strike each other and wave their crysknives. Paul re-sees his visions from earlier of the bloody hand and pile of burning bodies. In reality, Paul stabs Jamis and Jamis falls to the ground. Paul kneels at his side. There is blood on Paul’s knife. The other Fremen put Jamis’s body on a sheet. Paul walks away somberly as the other Fremen touch him on the shoulder.

Crave 1

Survive

April 16, 2023

9:20 am

Survive was originally a multi-episode series on a streaming service. Scenes from the series were edited together to make a feature film in 2022. Its main character is Jane, a young woman who has been institutionalized for suicide ideation. She is discharged from the facility, but plans to kill herself with a drug overdose on the airplane ride home. At the airport and on the plane, a young man named Paul tries to befriend her. Their plane crashes in the mountains and Jane and Paul are the only survivors. The plot follows them as they try to survive and make their way back to civilization.

Crave 1 broadcast the following viewer advisory in audio and video formats at the beginning of the broadcast. There were no commercial breaks during the broadcast and therefore no other opportunities to repeat the advisory:

The following program is rated PG and contains scenes with violence and mature themes. Viewer discretion is advised.

The PG classification icon appears during the viewer advisory and again at the beginning of the actual film for 18 seconds. It is not repeated at the top of the second hour.

The following scenes are the most relevant:

09:21:24-09:21:39

There is a series of quick cuts to represent Jane’s dream: a close-up of an eye with blood in it; a woman in the fetal position spinning in mid-air; a woman’s face in red light; a silhouette of a woman in blue eerie light; flashing lights; a woman standing with her eyes closed; a woman floating; a woman screaming; a woman falling and landing on the ground on her back

09:22:25

Kara: Fuck Doctor M.

09:24:14

Jane in voice-over describing the mental health facility, Lifehouse, she is staying at: “We specialize in you, the truly fucked.”

09:25:51-09:27:20

Jane is in the facility shower, shaving her legs. In voice-over and flashback, she remembers her suicide attempt. There are a series of quick cuts to illustrate her comments, including: a close-up of blood on palms of hands and a close-up of a hand holding a gun. In the present, Jane nicks her leg with the disposable razor and blood appears. The flashbacks continue: close-ups of scars; an image of Jane looking at her wrist with a scar; a finger running along a scar; a close-up of the razor with a bit of blood on it; a close-up of her leg with bloody razor nicks; a blade with blood on it; a face looking over her saying “Oh god”; blood on a levelled surface; Jane with blood dripping down her arms thumping into a piano; Jane holding a bloody hand to her face and looking upset; Jane trying to climb stairs with blood all over her; Jane lying down with blood on her hands and clothing; a woman trying to help her; paramedics wheeling her into an ambulance; Jane leaves a bloody handprint on a window. The narration that accompanies these scenes is as follows:

If I could, I’d kill myself. Right here, right now. The question isn’t why or how or when. It’s been decided. Before me. Before my father. Before his mother. We’re cursed. It’s in our blood. It’s our fate. We’re all born prisoners in our bodies and there’s only one escape from that sentence, but it’s a lot harder than you’d think. This disposable razor, for example, this is a cutter’s instrument. An attention-getter. Lots of blood, no real damage. Time, that’s your true enemy. Bleed out takes a lot longer than you’d think. See, I could create a scene like last year’s. Lots of blood, lots of drama. That was all for show. I didn’t want to go; I wanted to be saved. I wanted to be pitied, martyred, understood. Or maybe just loved. But this time, I just want to die.

09:28:05

Jane & another girl are talking about their experiences. Jane asks the girl about her cut marks and tells her that she herself tried to “off” herself last year. About her mother, Jane says, “I really fucked her up”. The girl says, “I think talking screws shit up too.”

09:32:30

Jane: I lose my shit, which is probably why I’m in here. Life is impossible to plan, so I’m constantly losing my shit.

09:35:03

Jane: I’m just useless, so fucking useless.

09:35:38

There is another flashback of a bloody hand as Jane remembers her father.

09:38:21

Jane: Shit, shit, shit.

09:41:22

Jane: Shit.

09:48:59-09:55:04

Jane is in an airplane bathroom lining up pills to take to kill herself. The plane starts shaking and the flight attendant tells her to return to her seat. Before she has a chance to do so, the plane starts rocking more, the lights flicker on & off and the red emergency floor lights go on. People start screaming. Jane cries out “Help!” from the bathroom. There is a bright light outside the window as if the plane is on fire. There is screaming and chaos as things fly around inside the plane. Jane is still trapped in the bathroom and gets thrown around inside. All the passengers scream as the plane goes down. Jane keeps screaming “Help me!” The screen goes black for a few seconds. Then Jane wakes up with a bloody gash on her temple. She lights a match to look at herself in the bathroom mirror. She manages to bust open the door which leads directly outside where it is snowing. There is fuselage, some of which is on fire, and bodies lying on the ground. There is a woman crying for help. Jane goes up to the woman. She is on her knees but holding out bloody hands to Jane. Jane says “Are you okay?” but the woman collapses in the snow and Jane sees that the woman’s neck is covered in blood. Jane goes into the plane and sees many dead passengers in their seats with wounds and blood. She screams “Help!” and then hears a man moaning. She pushes some fuselage off him and sees that it is her seatmate Paul with whom she had conversed earlier. He stands up but groans in pain.

09:55:41

Paul [in pain]: Ah shit! It’s fucking freezing.

09:59:17-10:01:26

In the morning, Jane busts down the door of the bathroom and goes outside. It is daytime. The fuselage is now covered in snow. She walks around and sees a dead body. It is the woman with the bloody hands from the previous night. She approaches it to investigate. The body is frozen and has blood on its face. Paul joins her outside.

Paul: Jesus Christ.

[...]

Paul: Cut this shit! Please! [...] We can’t cry because we’re stuck on a fucking mountain!

10:04:37-10:04:50

Paul is trying to convince Jane they need to make their way down the mountain.

Paul: Get your shit and let’s go!

[...]

Jane: Please, just stop being an asshole.

10:06:47

Jane: You’re not an asshole.

10:11:16

Paul: Shit.

Jane: What?

Paul: Shit, shit, shit!

Jane: What?

Paul: There’s no more cliff.

10:15:47

Jane: Do you just make this shit up as you go along?

Paul: Yeah, basically I do.

Jane: Oh, okay, cool. Can I make shit up too sometimes?

10:18:01-10:19:52

Jane gets caught in an avalanche. She goes flying through the air, swirling in snow. Then the screen goes white as she is buried in snow. There are close-ups of her scared face trapped under the snow as Paul frantically tries to dig her out. She tries to shout “help me” but cannot speak loudly enough.

10:23:52-10:24:26

Jane is telling Paul about what happened in her childhood. It is shown in flashback. There is the sound of a gunshot. Child Jane sits up in bed and screams. She goes to her father’s office. He is in a chair with a gun in his hand. There is a close-up of a very bloody fresh gunshot wound in his temple. Child Jane screams.

10:32:33

Paul: I was scared. I was scared. I was so fucking scared.

10:33:46

Paul: We are going to get out of this fucking cave!

10:37:52-10:39:31

Paul slips on a rock and falls. He lands on his back, but is crying out in pain and his hand is all bloody. He says he can’t feel his arm and tells Jane to get some sticks so they can set the bones together. She slices his jacket open with a pocket knife. There is a large gouge on his arm and bone peaking out. She gets sticks to stabilize it. Paul groans in pain. She uses clothing as a tourniquet and tugs on it to tighten it. Paul screams in pain.

10:42:40

Paul: Shit.

10:46:13

Jane: I think we’re pretty goddamn lucky.

10:50:05-10:51:37

Jane is attacked by a wolf. She wraps her winter jacket around her arm to fend it off. The wolf bites her arm and knocks her on her back. She screams as the dog snarls and bites her. She beats it on the head. The wolf tears the fabric of her clothing. The glass mirror shard she had in her pocket fell out. She grabs it. She and the wolf stare at each other. She stands up holding the shard. The wolf jumps on her and she stabs it with the shard. There is a struggle with much growling and snarling. Jane gets the wolf on its back and stabs it repeatedly. There is blood shown coming out of the wolf. The wolf dies. Jane stands up. Her arm is all bloody, as is the mirror shard. There is a close-up of the wolf’s dead face.

APPENDIX B

The Complaint

The CBSC received the following complaint on April 24, 2023 via its webform:

Name of Television Station: Crave 3; Crave 1

Program Name: Drive My Car; Dune; Survive

Date of Program: 30/03/2023; 02/04/2023; 16/04/2023

Time of Program: 6:00AM; 1:40PM; 9:20AM

Specific Concern:

For all the programs, the rating icon does not appear again around 1:00:00. What are the things that the viewer advisory is at least required to mention? What if it is the viewer advisory for a program airing during the 9pm–6am period?

Crave 3

Drive My Car

2023/03/30

6:00–9:05am ET

A stronger suggestive scene that can be seen appear[s] around the beginning. Breast nudity can be seen around the beginning (which is dark), around 0:29:08 (which is blurry, out of focus) when the angle changes from showing her back to the front of her face. Buttock nudity can be seen around 0:24:50, 0:25:10. Some of the stronger sexual scenes that can be seen (not involving the audio) are around 0:16:27–0:16:47, 0:24:40–0:25:36, and 0:28:47–0:30:45.

The viewer advisory does not mention these.

Is the breast nudity dark or blurry enough to not be considered nudity? Is the language around 01:18:25 and 02:17:12 strong enough to require [a] viewer advisory?

Crave 1

Dune

2023/04/02

1:40–4:20pm ET

The s-word appears at least once around 1:02:49. The Federal Communications Commission (FCC) which has the power to regulate content on over-the-air television but not on cable television in the United States says (which contains highly offensive language and can be found at

https://docs.fcc.gov/public/attachments/FCC-06-17A1.pdf for the PDF version,

https://transition.fcc.gov/eb/Orders/2006/FCC-06-17A1.html for the HTML version,

https://www.fcc.gov/document/complaints-regarding-various-television-broadcasts-between-february-2-2002 for links to the various versions):

"The 'S-Word' is a vulgar, graphic and explicit description of excrement. Its use invariably invokes a coarse excretory image."

"the 'S-Word' is a vulgar excretory term so grossly offensive to members of the public that it amounts to a nuisance"

The FCC also says (which contains highly offensive language and can be found at

https://docs.fcc.gov/public/attachments/FCC-06-166A1.pdf for the PDF version,

https://transition.fcc.gov/eb/Orders/2006/FCC-06-166A1.html for the HTML version,

https://www.fcc.gov/document/complaints-regarding-various-television-broadcasts for links to the various versions):

"during the 10:00 p.m.-6:00 a.m ‘safe harbor,’ broadcasters are permitted to air indecent and profane material. Nevertheless, with rare exceptions, they do not allow the ‘F-Word’ or the ‘S-Word’ to be broadcast during that time period.

In Canada, does the s-word require [a] viewer advisory mentioning language and the rating to be at least 14+?

Crave 1

Survive

2023/04/16

9:20–11:15am ET

The f-word and variations of it appear, the first of which can be heard around 0:02:02. The violence around 1:30:43 is stronger than the rating that appear[s] before and around the start of the program allows.

Broadcaster Response

Crave responded to the complainant on May 8:

The Canadian Broadcast Standards Council (CBSC) has forwarded us a copy of your electronic correspondence regarding the programs Drive My Car, Dune, and Survive, which aired on Crave on March 30, 2023 at 6:00am, April 2, 2023 at 1:40pm, and April 16, 2023 at 9:20am respectively for our attention and response.

Before we address your specific concern, it should be noted that in addition to our own programming policies, Crave is a member in good standing of the CBSC and adheres to all codes and guidelines.

Drive My Car is a critically acclaimed, Academy Award winning, Japanese feature film directed by Ryusuke Hamaguchi following a theatre director grieving the death of his wife. In addition to winning an Academy Award for Best International Feature Film, it was nominated for 3 other awards including Best Picture.

Dune is a critically acclaimed, Academy Award winning feature film adapted from the best-selling novel by Frank Herbert. The film is directed by Denis Villeneuve and stars Timothee Chalamet. The film was a box office success upon release and was nominated for 10 Academy Awards, ultimately winning 6.

Survive is a feature film following the 2 survivors of a plane crash who are stranded in the wilderness and are forced to work together to find their way back to safety. The film stars Sophie Turner and Corey Hawkins.

Thank you for bringing your comments to our attention. First, to address Drive My Car and Dune – the AGVOT ratings and viewer advisories we assigned align with various provincial film board ratings including Consumer Protection BC (whose ratings are also used in Ontario, Manitoba, and Saskatchewan), the Alberta Film Classification Office, and the Ministry of Culture and Communications in Quebec. In light of this, we do not believe that we misrepresented the films. However, after careful consideration, we will be changing the AGVOT on Dune to include an advisory on language with a viewer advisory that states: “The following program is rated PG and contains scenes with violence, coarse language, and mature themes. Viewer Discretion is advised.” And we will be changing the AGVOT on Drive My Car to include a nudity disclaimer, with an advisory that states “The following program is rated 14+ and contains scenes with violence, nudity, coarse language, and mature themes. Viewer Discretion is advised.”

Second, to address Survive – the strong language you referenced was not caught during our internal scheduling process wherein we endeavour to ensure such words are not broadcast during daytime hours and we apologize for this human error. Going forward, we will not air Survive before 9pm, and, when it does air, will have an advisory that states “The following program is rated 14+ and contains scenes with violence, coarse language, and mature themes. Viewer Discretion is advised.”

We sincerely apologize for any offense we may have caused and we thank you for bringing this to our attention – we take viewer feedback very seriously and appreciate you taking the time to reach out.

Additional Correspondence

The complainant filed his Ruling Request on May 22. He did not make any additional comments.