CIVT-DT (CTV Vancouver) concernant un reportage de CTV News at Six (Agression à l’arme blanche à North Vancouver)

Comité décideur anglophone
Décision CCNR 20.2021-1360
2021 CCNR 7
15 septembre 2021
S. Courtemanche (Présidente), W. Allen, J. McCabe, H. Montbourquette, S. Simpson, J. Tiessen, R. Waksman

LES FAITS

Le 27 mars 2021, CTV Vancouver (CIVT-DT) présente en manchette du téléjournal de 18 h, CTV News at Six, un reportage sur une agression à l’arme blanche dans le quartier de North Vancouver connu sous le nom de Lynn Valley.

Le texte défilant au bas de l'écran indique : [traduction] « Une agression terrifiante fait un mort et des blessés ». La présentatrice Angela Jung commence le reportage par la déclaration suivante :

[traduction]

Bonsoir. Merci de vous joindre à nous. Nous commençons par les dernières nouvelles sur cette horrible agression à North Vancouver à la suite de laquelle six personnes ont été emmenées à l'hôpital. Une personne a déjà succombé à ses blessures. Nous allons en apprendre davantage en direct avec Penny Daflos, de CTV, qui se trouve sur place à Lynn Valley. Penny, que savons-nous pour l’instant?

En direct de Lynn Valley, la journaliste Penny Daflos déclare :

[traduction]

Eh bien, la situation est encore très confuse. L’Équipe intégrée des enquêtes sur les homicides est arrivée et beaucoup d'enquêteurs sont encore sur place. Selon les témoins à qui nous avons parlé, il semble qu’il s’agisse d’une série d’agressions commises au hasard. Les gens se trouvaient sur cette place piétonne dans ce secteur commercial, s’adonnant à leurs activités habituelles, lorsque, disentils, cet homme a simplement commencé à attaquer des gens au hasard, dont un homme âgé et un professeur de secondaire très apprécié ici. On compte six victimes autour du Lynn Valley Village, un centre commercial de cette banlieue. Certaines des victimes étaient dehors. Deux d’entre elles étaient dans les locaux de la bibliothèque où se déroulait une vente de livres, un événement apparemment hebdomadaire. Une personne a été poignardée dans son véhicule garé à l’extérieur de la bibliothèque. Une autre femme a réussi à entrer dans un restaurant, suite une sorte d’altercation. Tous les gens ici sont en état de choc par ce qu’ils ont vu.

À l’écran, des images de victimes prises en charge par des ambulanciers défilent sur les propos de Penny Daflos. Alors que tous les visages de victimes sont brouillés, les images montrent notamment :

Nombre de ces scènes, ou d’autres similaires, sont diffusées plusieurs fois tout au long du reportage, notamment les images de victimes transportées vers les ambulances sur des brancards. Des extraits d’entrevues de quelques passants décrivant ce qu’ils ont vu sont aussi diffusés. Par exemple, un homme donne la description suivante de la scène :

[traduction]

Nous avons vu une victime poignardée dans cette voiture juste ici [pointage hors caméra] qui sortait de son, euh, entrait dans son véhicule. Elle avait un fils de 7 ans qui avait reçu, euh, plusieurs coups de couteau et saignait beaucoup. Nous l’avons aidée à entrer dans le restaurant. Elle a dit qu’il y avait un homme avec un couteau en liberté qui poignardait des gens au hasard. On a vu plusieurs victimes et on en a aidé une autre au coin de la rue. Il y en a au moins cinq dans ce périmètre d'une centaine de mètres et la police l’a attrapé juste en bas de la rue.

Après le commentaire d'un autre passant, le reportage montre des images granuleuses d’une intersection éloignée où se trouvent de nombreux véhicules de police. Un homme se tient sur le passage pour piétons. Il s’arrête pour faire face à tous les véhicules de police, puis se plie en deux et saute. Un objet se détache de lui et l’homme tombe par terre.

Un autre passant interrogé décrit la scène :

[traduction]

Il est sorti et marchait simplement, faisant les cent pas sur le côté de la rue, dans ce passage pour piétons là-bas. Et il s’est poignardé lui-même, -apparemment c’est ce que quelqu’un a dit-, et puis ils se sont emparés de lui. Et ensuite ils l’ont juste plaqué au sol et se sont jetés sur lui.

Cette remarque est suivie d’images de policiers et de secouristes qui s’occupent de l’homme par terre sur le passage pour piétons, à proximité d’une ambulance. Ils le remettent debout puis l’installent sur un brancard.

La journaliste Penny Daflos revient alors avec plus de détails sur la situation :

[traduction]

Encore une fois, des séquences filmées sous plusieurs angles semblent montrer le suspect se poignardant lui-même avant d'être arrêté par la GRC. J'ai parlé avec un jeune témoin quelques instants avant de passer à l’antenne. Il estime que le couteau faisait au moins 30 cm de long et déclare que l’homme criait des obscénités aux policiers qui tentaient de l’arrêter. Les témoins le situent dans la vingtaine, voire la trentaine. Il a été emmené sur une civière, et selon les témoins, il avait des entraves aux jambes. Donc, l’EIEH se prépare à, euh, nous donner un briefing, une mise à jour, vers 18 h 15. Nous attendons que les enquêteurs nous donnent des détails. Mais je dois vous dire que les témoins ne manquent pas ici. Des douzaines et des douzaines de personnes ont vu ce qui s’est passé, car la zone est très vaste. Il a même fallu un bus pour prendre en charge tous les témoins. Mais à part les personnes que l’on peut qualifier de témoins de première ligne, il y a déjà nombre de personnes qui ont publié des vidéos de l’incident sur les médias sociaux. Il y avait même un drone dans les airs. Les enquêteurs vont donc disposer d’un grand nombre de preuves pour leur enquête, Angela.

La séquence se termine par une question d’Angela Jung qui demande à Penny Daflos si la police a une idée de la motivation du suspect. Cette dernière répond que les autorités tiennent le suspect en garde à vue et que CTV tentera de recueillir plus d’informations auprès d’eux. (Une description et une transcription plus complètes figurent à l’annexe A en anglais seulement.)

Le 27 mars, le CCNR a reçu une plainte au sujet de la diffusion de ce reportage. La plaignante s’inquiétait du fait que CTV ait montré une vidéo des victimes de l’agression à l’arme blanche. CTV Vancouver a répondu à la plaignante le 12 mai. CTV a noté que la plaignante semblait s’offusquer du fait que certains des blessés – tous adultes, âgés de 22 à 78 ans, selon la GRC – apparaissaient dans les bulletins de nouvelles – les visages brouillés – pendant que la police enquêtait et que les ambulanciers administraient les premiers soins. CTV a affirmé qu’il croyait avoir rapporté cet incident [traduction] « de manière équitable, responsable, avec tact et retenue » et qu’il était respectueusement en désaccord avec l’affirmation de la plaignante selon laquelle les images étaient inappropriées pour un téléjournal. CTV a fait remarquer qu’il avait choisi de brouiller le visage des victimes, [traduction] « afin de ne pas leur causer un traumatisme supplémentaire, tout en montrant aux téléspectateurs la scène de cette attaque tout à fait publique ». CTV a cité les dispositions pertinentes du Code de l’ACR concernant la violence ainsi que des décisions du CCNR qui autorisent la présentation de nouvelles déplaisantes. Le télédiffuseur a affirmé que sa diffusion était [traduction] « conforme à tous les codes de l’industrie applicables et qu’il était justifié de raconter cette histoire accompagnée des images appropriées ». CTV a également écrit ce qui suit :

[traduction]

Nous pensons que notre émission a suivi toutes ces directives, y compris un avertissement aux téléspectateurs sur les images qu’ils allaient voir. Par conséquent, à notre avis, notre reportage sur cet événement tragique a trouvé le juste équilibre entre la communication d’informations essentielles à la communauté et le tact nécessaire à l’utilisation d’images troublantes.

La plaignante a déposé sa demande de décision le 12 mai, déclarant qu’elle estimait justifié de demander l’examen de l’émission, d’autant plus que CTV avait été réprimandé pour des histoires similaires dans le passé.

Le 16 juin, CTV Vancouver a envoyé une autre lettre au CCNR dans laquelle il soulignait que [traduction] « les images de cette scène de crime étaient de nature à intéresser le public et constituaient un élément important du travail journalistique surtout que les agressions avaient eu lieu dans un espace commercial public »; de plus, ces images étaient « essentielles à la présentation du reportage ». Le télédiffuseur a fait valoir que les images montrant principalement des premiers intervenants et des policiers enquêteurs au travail ainsi que des victimes faisaient partie de la scène de crime, et qu’elles étaient donc [traduction] « un élément clé de l’histoire pour expliquer aux téléspectateurs la nature de cette agression publique qui a frappé des citoyens au hasard ». CTV a également souligné que les images avaient été prises dans un lieu public et que les visages des victimes avaient été brouillés pour protéger leur identité et faire preuve de tact. Toutes les images représentaient des adultes pleinement conscients alors que les premiers soins leur étaient prodigués de manière calme et professionnelle. CTV a estimé que [traduction] « les images n’étaient pas utilisées de façon sensationnaliste mais que leur contenu était pertinent, respectueux et solide sur le plan journalistique ». CTV a ensuite reconnu ce qui suit : [traduction] « il n’y a pas eu d’annonce formelle d’un avertissement traditionnel, mais les téléspectateurs ont été prévenus dès le début du téléjournal qu’ils allaient être informés d’une série d’agressions. » CTV a cité le titre au bas de l’écran qui mentionnait [traduction] « Agression terrifiante », de sorte que le contenu lui-même était expliqué avant la diffusion des images et servait d’avertissement aux téléspectateurs. CTV a exprimé l’avis que les images respectaient un « juste équilibre entre, d’une part, ne pas exploiter la réalité et, d’autre part, ne pas l’édulcorer » et que ces types d’images sont courants aux nouvelles du soir. Le télédiffuseur s’est dit préoccupé par le fait qu’une décision négative à l’égard de cette émission aurait un effet dissuasif sur la couverture médiatique des scènes de crime, des accidents ou des catastrophes, ce qui n’est pas souhaitable pour la liberté de la presse. (La correspondance complète figure à l’annexe B, disponible en anglais seulement.)

LA DÉCISION

Le comité décideur anglophone a étudié la plainte à la lumière des dispositions suivantes du Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) et du Code de déontologie journalistique de l’Association des services de nouvelles numérique et radiotélévisées du Canada (ASNNR) :

Code de l’ACR concernant la violence, article 6.0 – Nouvelles et émissions d’affaires publiques

6.1 Les télédiffuseurs doivent faire preuve de discernement dans les reportages de scènes de violence, d’agression ou de destruction qu’ils présentent aux nouvelles et dans leurs émissions d’affaires publiques.

6.2 Il faut faire preuve de circonspection dans le choix et la présentation répétée d’images présentant des scènes de violence.

6.3 Les télédiffuseurs doivent informer à l’avance les téléspectateurs de la présentation de scènes de violence qui sortent de l’ordinaire ou de reportages qui font état de sujets délicats comme l’agression sexuelle, ou les poursuites judiciaires liées à des crimes sexuels, et ce plus particulièrement pendant les bulletins de nouvelles ou les dépêches de l’après-midi ou du début de soirée, que les enfants pourraient regarder.

6.4 Les télédiffuseurs doivent faire preuve de discernement dans l’utilisation des termes explicites ou crus liés aux reportages qui contiennent des actes de destruction, des accidents ou des actes de violence sexuelle pouvant perturber les enfants et leur famille.

[...]

6.6 Bien que les télédiffuseurs doivent prendre soin de ne pas exagérer ni d’exploiter les aspects de l’agression, du conflit ou de la confrontation présentés dans le reportage, ils doivent aussi veiller à ne pas édulcorer les réalités de la condition humaine.

6.7 Les télédiffuseurs doivent se reporter au Code de déontologie de l’Association canadienne des directeurs de l’information en radio-télévision [depuis 2011, renommée l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées – ASNNR] pour plus de directives sur les reportages en général.

Code de déontologie journalistique de l’ASNNR, article 5.0 – Respect

[...]

5.2 Nous procéderons avec tact et retenue en rapportant des situations potentiellement dangereuses ou impliquant des images ou des descriptions violentes.

Les membres du comité décideur ont lu toute la correspondance afférente et ont visionné un enregistrement de l’émission en cause. Le comité conclut majoritairement, compte tenu de l’abstention d'un membre, que CTV Vancouver n’a pas enfreint les articles 6.1, 6.2 et 6.4 du Code de l'ACR concernant la violence ni l’article 5.2 du Code de déontologie journalistique de l'ASNNR. Le Comité conclut à l’unanimité que CTV a enfreint l’article 6.3 du Code de l'ACR concernant la violence pour avoir omis de diffuser un avertissement adéquat avant la présentation de ce reportage.

Les questions soumises au comité ont été les suivantes :

CTV a-t-il fait preuve de discernement, de circonspection, de tact et de retenue lors de la diffusion du reportage et des images de cet incident en vertu des articles 6.1, 6.2 et 6.4 du Code de l’ACR concernant la violence et de l’article 5.2 du Code de déontologie journalistique de l’ASNNR?

L'obligation de faire preuve de discernement, de circonspection, de tact et de retenue lors de la diffusion de séquences violentes est examinée dans le contexte de l'article 6.6 du Code de l'ACR concernant la violence qui précise que les radiodiffuseurs ne doivent pas édulcorer les réalités. Cela signifie que, dans le contexte approprié et si la séquence n'est pas horrible ou inutile, les images violentes sont acceptables et peuvent être diffusées.

Dans la première décision du CCNR concernant les dispositions de la section sur les Nouvelles et émissions d’affaires publiques du Code concernant la violence de 1993 (CTV concernant Canada AM (Bizutage du Régiment Airborne), Décision CCNR 94/95-0159, 12 mars 1996), le comité a étudié une plainte relative à l’emploi d’une séquence vidéo plutôt longue dans laquelle on montrait les pratiques de bizutage du Régiment Airborne qui fut dissous par la suite. Cette séquence faisait partie du téléjournal de 7 h dans le cadre de l’émission Canada AM. Le ton, les indications visuelles et les mots de la lectrice de nouvelles « ont clairement indiqué, dès la fin de la première phrase, que cette nouvelle serait déplaisante. » On avait donné des avertissements très précis avant de présenter la séquence vidéo. Le comité n’avait pas conclu à l’infraction et avait alors fait les observations suivantes :

Le code reconnaît que la société a le droit, sinon l’obligation, de se faire présenter dans les bulletins de nouvelles la réalité telle qu’elle est, aussi déplaisante voire intolérable soit-elle à certains moments.

Cela n’implique pas d’ouvrir toutes grandes les portes à chaque petite parcelle de réalité qui peut passer pour une nouvelle, et à chaque détail de chaque histoire qui attire l’attention du public canadien. Le service de la rédaction doit exercer son jugement à plusieurs niveaux. Tout d’abord, puisqu’il y a de nombreux faits à rapporter et un temps limité pour le faire, ceux qui méritent de figurer aux nouvelles doivent faire mieux que « simplement attirer l’attention du public », comme l’explique le vice-président de CTV News dans sa lettre du 16 août. [...]

Pour presque tous les faits qui méritent d’être rapportés, la rédaction doit porter un jugement sur la façon de les rapporter. Or, toutes les nouvelles qui exigent l’exercice d’un tel jugement ne sont pas portées à l’attention du CCNR. Les rares fois où elles le sont, c’est qu’elles auront ébranlé les téléspectateurs à qui, malgré l’intervention de la rédaction, elles auront paru trop effrayantes, violentes, crues ou autrement déplaisantes. Dans des cas comme ceux-là, le télédiffuseur doit faire la part entre le droit du public à l’information et la quantité d’information qu’il faut lui donner sans outrepasser les limites qu’impose le Code concernant la violence.

Les dispositions qui portent sur ce sujet exigent que la rédaction fasse preuve de « discernement dans les reportages de scènes de violence, d’agression ou de destruction ». Les télédiffuseurs doivent exercer de la « circonspection » dans leur choix d’images présentant des scènes de violence. Ils doivent « prendre soin de ne pas exagérer ni d’exploiter les aspects de l’agression, du conflit ou de la confrontation présentés dans le reportage » et rester discrets « dans l’utilisation des termes explicites ou crus liés aux reportages qui contiennent des actes de destruction, des accidents ou des actes de violence sexuelle ». Il faut noter enfin que, dans les circonstances où la rédaction est forcée de rapporter « des scènes de violence qui sortent de l’ordinaire ou de[s] reportages qui font état de sujets délicats », le télédiffuseur doit en « informer à l’avance les téléspectateurs ». Bien que le public ait droit à l’information, chaque téléspectateur a le droit, lui, de décider qu’il y a des choses qu’il ne veut pas voir, ou que ses enfants ne doivent pas voir.

Dans CTV concernant un reportage (fusillade par la police) (Décision CCNR 94/95-0213, 26 mars 1996), le dernier élément du téléjournal de 7 h était un bulletin de 22 secondes montrant une femme abattue par la police de Californie alors qu’elle sortait de sa camionnette. Un avertissement relatif aux images de cette séquence avait été diffusé environ 9 secondes après le début du reportage. Le Comité avait conclu que, dans ces circonstances, CTV avait enfreint le Code de l’ACR concernant la violence. Le comité avait alors fait la distinction entre cette décision et CTV concernant Canada AM (Bizutage du Régiment Airborne) comme suit :

Le cas dont il est question offre un net contraste. Cette histoire américaine n’avait aucune pertinence fondamentale pour les téléspectateurs canadiens et l’on n’a, de plus, aucunement tenté d’établir un tel lien. En termes généraux, on n’a pas fourni de contexte éditorial pour l’histoire à l’intention des téléspectateurs d’un pays quelconque. De plus, aucune histoire n’a été racontée à l’exception du moment de la fusillade. On n’a pas donné les raisons pour cette fusillade et l’on n’a pas non plus indiqué si cette femme était armée. Il n’y avait ni introduction, ni suivi. Le Conseil est d’avis que la diffusion de cette nouvelle était tout simplement axée sur la disponibilité de la séquence vidéo. [...]

Par conséquent, le Conseil considère que la diffusion de la nouvelle dont il est question constituait une « scène de violence » totalement inutile, contraire au Code de l’ACR concernant la violence [...].

L’insertion d’une mise en garde ne change en rien le point de vue du Conseil qui, plutôt, se préoccupe du peu de temps alloué entre l’avertissement et la séquence vidéo visée par cet avertissement. Non seulement la mise en garde n’a-t-elle pas été placée au début du reportage, elle n’a paru que presque au milieu de la séquence et seulement sept secondes avant le coup de feu comme tel. Le téléspectateur avait à peine le temps de réagir à cette mise en garde avant que le coup soit tiré.

Le comité, dans CHAN-TV (BCTV) concernant un bulletin de nouvelles (Meurtre sur le métro de Toronto) (Décision CCNR 97/98-0383, 20 mai 1998), a déterminé qu’en montrant une vidéo du visage ensanglanté de la victime, BCTV avait dépeint inutilement la violence associée à cette tragédie, contrairement aux dispositions du Code concernant la violence :

Bien que [...] le Conseil régional de la C.-B. accepte que le fait divers fût fondamentalement violent et qu’une certaine représentation visuelle de la violence qui s’est produite eût pu être acceptable, il estime que le segment vidéo du visage de la victime pris alors qu’elle reposait, mourante, sur le chariot des ambulanciers, n’était nullement nécessaire aux fins du reportage. Il n’ajoutait aucune clarification aux points qui y étaient soulevés, et ne donnait pas les explications ou les renseignements dont aurait eu besoin le téléspectateur pour comprendre la série d’événements. La présentation supplémentaire pouvait seulement avoir été calculée pour mettre le téléspectateur mal à l’aise ou, à tout le moins, pour le décontenancer.

Le CCNR a étudié une plainte concernant un reportage sur le prononcé de sentence en juin 1999 de l’auteur notoire d’une série de meurtres, Charles Ng, qui avait été déclaré coupable quatre mois auparavant du meurtre de onze personnes entre 1984 et 1985 (CTV concernant un reportage du prononcé de sentence de Charles Ng, Décision CCNR 98/99-1120, 22 mars 2000). Le reportage, diffusé par CTV dans le cadre de son téléjournal national de 23 h, comportait entre autres une vidéo d’une durée d’environ sept secondes montrant soit M. Ng, soit son complice, qui se mettait à couper la blouse d’une des femmes victimes qui était attachée à une chaise à ce moment-là, sans pouvoir bouger. Une téléspectatrice s’est plainte que [traduction] « [les] gestes [de CTV] ont non seulement causé un préjudice à toutes les familles de victimes de meurtre, mais [CTV] a également violé mes droits en tant que téléspectatrice. Je ne devrais pas m’attendre, ou avoir à me préparer, à faire face à de telles images. » Le comité a jugé que le segment présenté dans le cadre du reportage constituait « une scène de violence totalement inutile » et dépassait les limites du terme « agression » dans le libellé du paragraphe 6.1 du Code de l’ACR concernant la violence. Il a aussi fait remarquer que le paragraphe 6.2 du Code de l’ACR concernant la violence prévoit que les télédiffuseurs devront « faire preuve de circonspection dans le choix d’images présentant des scènes de violence. » Il a de plus souligné que les télédiffuseurs doivent faire preuve de « vigilance spéciale supplémentaire » lorsqu’ils choisissent des images qui se rapportent « à des circonstances dans lesquelles les images qu’ils souhaitent présenter ont été créées par les auteurs d’un crime dans le cadre de leurs activités malveillantes ». Le comité a constaté :

En premier lieu, le reportage diffusé par CTV traitait du prononcé de sentence d’un des deux meurtriers et non de questions se rapportant à l’exécution même des crimes. Tandis que cela aurait pu avoir une pertinence pour le reportage des activités criminelles elles-mêmes (or le Conseil ne conclut pas ainsi dans le contexte de ce reportage-là), il juge sans hésitation que l’inclusion du segment dans le contexte de ce reportage-ci n’avait aucun rapport.

L’inclusion de segments non nécessaires découle tout simplement du souci de présenter une histoire efficacement ou de s’assurer de la qualité du montage, ce qui est généralement sans conséquence. Lorsque cette inclusion comporte des scènes de violence et d’agression, les conséquences ne sont plus cependant sans importance. En pareil cas, le paragraphe 6.1 du Code concernant la violence stipule que les télédiffuseurs « doivent faire preuve de discernement » dans le choix des images qu’ils présentent à l’écran.

Dans CICT-TV concernant un reportage sur le Tour de France (Décision CCNR 00/01-0982, 14 janvier 2002), le comité du CCNR a évalué une plainte portant sur un reportage présenté aux nouvelles de 18 h dans lequel on voyait une voiture se ruer sur la foule des spectateurs pendant la course du Tour de France. Sous l’effet de l’impact, un spectateur rebondissait sur le capot de la voiture. La vidéo amateur d’une durée de 45 secondes avait été montrée une fois, puis reprise deux fois au ralenti. Le comité n’a pas vu de sensationnalisme dans ce reportage, ni d’infraction au Code de l’ACR concernant la violence, que ce soit aux articles 6.1, 6.2 ou 6.3.

Dans un reportage concernant la mort d’un cycliste renversé par un camion, le comité n’a trouvé aucune violation de l’article 6.0 du Code de l’ACR concernant la violence dans CHAN-TV concernant une nouvelle rapportant un accident fatal (bandes-témoins) (Décision CCNR 00/01-0839, 23 janvier 2002). Le plaignant a contesté la diffusion de cette séquence parce qu’en montrant les pompiers en train d’arroser le pavé, on [traduction] « laissait entendre aux téléspectateurs que c’était le sang de la victime qu’on faisait disparaître à l’eau. » Le comité a déclaré ce qui suit :

[L]e Comité considère qu’il est évident que le plaignant est arrivé à une conclusion subjective et exagérée. Il est certainement possible, et en effet très possible, que le sang de la victime faisait partie de ce que les pompiers ont déblayé. Cependant, il est tout aussi probable que d’autres débris de l’accident aient également été enlevés en même temps. Il y aurait, à la suite d’un accident du genre, des morceaux de métal et de verre, peut-être des bouts de tissu, sans doute de la saleté du châssis du camion, etc. à enlever de la rue. Il n’y avait absolument rien dans l’activité générale de l’arrosage du pavé suggérant qu’on nettoyait surtout du sang. La lecture hors champ ne mentionnait aucunement la présence de sang, même si le Comité tient pour acquis qu’il devait y en avoir une certaine quantité sur le pavé, le contraire eut été impossible. [...] Le Comité est d’avis que du point de vue des codes régissant la radiodiffusion, le télédiffuseur a fait preuve du jugement approprié en décidant du contenu du film qu’il a tourné (film dont il s’est servi pour choisir les segments à diffuser) et en évitant de faire mention du sang – mentions qui en fin de compte auraient pu sembler macabres. Il n’y a pas eu violation de ce point de vue.

Le CCNR a examiné un reportage diffusé sur les ondes de Chinese Central Television (CCTV), un télédiffuseur de la Chine continentale, dans lequel il s’agit de l’histoire de Fu Yi-bin, accusé d’avoir tué sa femme et son père dans Talentvision concernant un reportage (Meurtres en Chine continentale) (Décision CCNR 01/02-0416+, 3 mai 2002). Le reportage comportait une entrevue avec l’accusé et on a pu voir quatre fois de suite les images de l’appartement baignant dans le sang. Le CCNR a constaté une violation des articles 6.1 et 6.2 du Code de l’ACR concernant la violence :

[I]l convenait de signaler ces meurtres à l’attention du public. Mis à part son caractère sordide, un meurtre, quel qu’il soit, est une atteinte à l’ordre public dans la plupart des pays et rapporter un homicide s’avère être dans l’intérêt public. Il y a néanmoins, comme on le voit dans les décisions du CCNR citées plus haut, des balises à respecter, également dans l’intérêt public. Les télédiffuseurs et les directeurs de nouvelles ont déterminé qu’il fallait exercer le jugement approprié dans le choix des images qui accompagnent le récit d’une nouvelle et, comme pour insister sur ce point, ils évoquent chacun de leur côté la circonspection dans le choix et la répétition des images choisies. Dans le cas qui nous occupe, on ne montre pas moins de quatre fois de suite les images de l’appartement ensanglanté. De l’avis du Comité, une seule présentation de ces images suffisait pour expliquer le caractère particulièrement épouvantable du meurtre de cette famille. Les présentations supplémentaires étaient excessives et constituaient une répétition inappropriée de scènes de violence dans un reportage contraire aux dispositions des paragraphes 6.1 et 6.2 du Code de l’ACR concernant la violence et [l’ancien] article 6 du Code de déontologie de l’ACR.

Dans CTV Newsnet concernant un reportage (Meurtre d’un otage à Riyad) (Décision CCNR 03/04-1817, 15 décembre 2004), le CCNR a examiné une plainte portant sur les images d’un meurtre diffusées à 18 h 05. Le reportage concernait l’assassinat d’un Américain en Arabie Saoudite, attribué à Al-Qaïda. Le présentateur a introduit ces images en annonçant que [traduction] « Les téléspectateurs sont avertis que cette nouvelle contient une vidéo très explicite. » Le présentateur a ensuite fourni le contexte avec des renseignements sur la victime présumée et les circonstances entourant sa mort. La séquence à l’écran a duré environ huit secondes. L’image était floue et la caméra instable. Au début, on ne voyait rien de précis et on entendait seulement la voix d’un homme suppliant : [traduction] « Non, non, s’il vous plaît, non ! » Il y avait ensuite le son d’un coup de feu et, de loin, on voyait un corps tomber au sol et un individu se précipiter vers lui. Les visages n’étaient pas visibles. Un téléspectateur s’en est plaint en alléguant que les Canadiens n’avaient pas à se faire imposer de telles images explicites lorsqu’ils regardent les nouvelles. Le comité a conclu que l’utilisation de cette séquence était appropriée.

En procédant à cette évaluation, le comité croit important de rappeler que la télévision est un média visuel et que les télédiffuseurs sont justifiés de vouloir diffuser des images pour illustrer leurs propos, à moins que ces images soient, ou bien trop hors de l’ordinaire et explicites, ou bien trop exagérées et sensationnelles, pour être diffusées. Il n’y a évidemment pas de formule mathématique qu’on puisse appliquer à une telle évaluation. C’est une question de jugement de la part du télédiffuseur, et lorsqu’un membre du public se plaint d’avoir été offensé et réclame une décision, le comité concerné doit en tenir compte.

[... L]e Comité est d’avis que les images sélectionnées étaient adéquates. Qu’il y ait eu de la frayeur, sinon de la terreur, dans la voix de l’otage, est indéniable. Or le clip ne montre pas le visage de la victime, ni d’autres manifestations physiques de l’assassinat. Un coup de feu a été tiré hors champ et, bien que nous ayons vu tomber la victime (de derrière et de loin), nous n’avons pu voir ni de sang ni d’autre manifestation physique du terrible événement. Selon le Comité, le télédiffuseur a bien agi en reprenant un visuel qu’il croyait approprié, tout en prenant en ligne de compte le fait que les téléspectateurs ne voudraient pas être exposés à des images indûment explicites. De plus, le présentateur avait précisé avant la diffusion des images que : [traduction] « Les téléspectateurs sont avertis que cette nouvelle contient une vidéo très explicite ». Le Comité estime qu’il n’y a pas eu manquement aux normes susmentionnées.

Le CCNR a été saisi de plusieurs plaintes concernant un incident aux Jeux Olympiques qui a donné lieu à CTV concernant la couverture de l’accident mortel en luge aux Jeux olympiques d’hiver de 2010 (Décision CCNR 09/10-0895+, 12 novembre 2010). Lors d’une séance d’entraînement juste avant le début des Olympiques d’hiver de 2010 à Vancouver, un lugeur géorgien a été victime d’un accident tragique lorsqu’il a été éjecté de sa luge et de la piste à la sortie d’un virage serré, et a heurté un poteau soutenant la toiture. L’accident a été capté par les caméras de CTV et diffusé à plusieurs reprises ce jour-là, lorsque la nouvelle a d’abord été annoncée, puis une fois qu’il a été confirmé que cet accident avait entraîné la mort de l’athlète géorgien. La séquence vidéo durait environ 40 secondes. De nombreuses caméras étaient situées le long de la piste afin que les téléspectateurs puissent voir les descentes de tous les lugeurs à divers endroits le long du parcours et selon divers angles de prise de vues. Quand le lugeur a été projeté de son traîneau, les téléspectateurs ont entendu un son métallique, lequel s’est probablement produit lorsque son casque a percuté le poteau. D’autres poteaux devant la caméra cachaient partiellement le corps inanimé du lugeur, mais l’auditoire de CTV a vu plusieurs personnes, pour la plupart du personnel médical affecté aux lieux, se précipiter vers le lugeur. Chaque fois qu’on a diffusé la séquence vidéo, une personne de CTV a avisé les téléspectateurs qu’elle était pénible à regarder. Les plaignants ont exprimé le point de vue que la diffusion de la séquence, en plus d’être perturbante pour les téléspectateurs, constituait un manque de respect envers le lugeur décédé et ses proches. Le comité n’a trouvé aucune violation de l’article 6 du Code de l’ACR concernant la violence, mais il a noté que les mises en garde en format vidéo (et pas seulement audio) auraient aidé les téléspectateurs :

[...L]e Comité admet sans hésitation qu’il était horrible de voir, dans l’extrait, Nodar Kumaritashvili qui dégringole de la piste et vole par-dessus le mur. Cela dit, il est également conscient du fait qu’il n’y avait aucun plan serré montrant la condition de l’athlète géorgien après l’impact. Autrement dit, il n’y avait aucune tentative de sensationnalisme ou d’exagération de cet accident terrible. Le Comité considère que les prises de vue ont été faites de façon juste et à une distance suffisante, et qu’elles ne traduisaient aucune intention d’exagérer les circonstances affreuses de la collision avec le poteau. En outre, chaque reportage de nouvelles, même avant qu’on sache l’ultime résultat des blessures subies par M. Kumaritashvili, était précédé d’une introduction formulée en langage mesuré avertissant les téléspectateurs au sujet du reportage vidéo qui suivrait, par exemple [traductions] « cette vidéo est très difficile à regarder », « ce qu’on y voit est très explicite et nous tenons vraiment à vous avertir que, euh, ce que vous allez voir n’est pas agréable », « nous vous avertissons que les images de l’accident sont perturbantes », « Nous vous prévenons, encore une fois, qu’il est difficile de regarder la vidéo que vous allez voir. Et le résultat est tout à fait dévastateur », et « Notre couverture englobe une séquence vidéo perturbante qui est néanmoins nécessaire pour relater cette histoire ».

[...]

Dans l’affaire qui nous occupe, le Comité constate que chaque présentation de l’extrait perturbant était précédée d’un avertissement explicite traduisant l’approche personnelle de la personne qui le communiquait. Cet avertissement fournissait suffisamment d’information aux téléspectateurs pour qu’ils puissent éviter de regarder le reportage s’ils le voulaient.

En 2017, le CCNR a étudié une plainte concernant la couverture par CTV d’une agression à un école à Abbotsford dans CTV Vancouver (CIVT-DT) concernant CTV News at 6 (agression mortelle à l’école secondaire d’Abbotsford) (Décision CCNR 16/17-0554, 26 septembre 2017). Le présentateur a d’abord prévenu les téléspectateurs qu’elle était [traduction] « très explicite » et « montre une situation effroyable ». Il n’y avait pas de trame sonore, mais la vidéo était projetée au ralenti. Elle montrait un jeune homme se ruant sur une femme qui gît au sol. Pendant qu’on voit approcher la silhouette d’un homme plus âgé, le jeune homme lève le bras comme s’il s’apprêtait à enfoncer un poignard. Il y avait coupure, puis on voyait un objet métallique revoler au sol et le jeune homme s’écarter. Le corps de la victime était flouté, tout comme la mare de sang à côté d’elle. Le journaliste décrivait verbalement la scène qui se déroulait sur la vidéo. Le CCNR a reçu des plaintes concernant cette diffusion, mais un seul plaignant a déposé une demande de décision. Il estimait que le fait de montrer la vidéo d’un [traduction] « meurtre » était « tout à fait inapproprié et extrêmement irrespectueux envers la famille de cet enfant ». CTV a fait observer qu’il n’avait pas inclus la portion sonore, qu’il avait coupé la scène au moment où le meurtrier poignarde sa victime et que le visage de cette dernière était flouté. Le comité a donc conclu à une violation des articles 6.1 et 6.2 du Code de l’ACR concernant la violence, tout en notant que CTV avait respecté l’article 6.3 en fournissant une mise en garde. Le comité a conclu que « la vidéo, même de sa version éditée, ne contribuait rien au récit et démontre un manque de jugement éditorial de la part du télédiffuseur. [...] Le fait d’avoir omis la portion sonore et l’agression comme telle ne diminue pas l’impact créé par ce clip troublant. »

En 2018, le CCNR a examiné un reportage pendant le bulletin de nouvelles de 17 h relatif à une collision de véhicules dans CHEK-DT concernant un reportage de CHEK News (accident de moto) (Décision CCNR 17/18-0055 et -0056, 11 avril 2018). La présentatrice a enchaîné : [traduction] « Des images captées par une caméra de surveillance montrent le camion qui exécute un virage en coupant la circulation, heurte la motocyclette et l’écrase. Le motocycliste a été aussitôt transporté à l’hôpital, mais l’homme de 58 ans, un résident de North Saanich, n’a pas survécu. » Pendant que la présentatrice en fait la description, l’accident se déroule à l’écran. Une caméra de surveillance du voisinage a capté l’accident de loin et d’un angle peu favorable. L’accident en soi apparaît dans le coin supérieur gauche de l’écran, à l’intérieur d’un cercle qui le met en évidence. Il est en partie masqué par l’horodatage de l’appareil. On voit un véhicule de couleur sombre traverser l’intersection; la motocyclette est à peine visible. La séquence est ensuite recadrée et tourne au ralenti. La motocyclette, qui est en train de traverser l’intersection, se renverse au moment où le camion traverse l’intersection en direction opposée. Le camion poursuit sa trajectoire en traînant quelque chose derrière lui. Cette séquence est suivie d’autres prises de vue qui montrent la police enquêtant sur la scène de l’accident et la motocyclette démolie. Il n’y a eu aucun avertissement avant la diffusion de la séquence vidéo. Le CCNR a reçu deux plaintes concernant la diffusion déplorant le recours dans ce reportage à la séquence filmée par caméra de surveillance et le fait qu’elle ait été répétée en gros plan, le tout sans le moindre avertissement préalable aux téléspectateurs. Le comité a conclu que montrer, voir répéter la séquence vidéo s’avérait acceptable en vertu des articles 6.1, 6.2, 6.4 et 6.6, mais que la station aurait dû prévenir les téléspectateurs au préalable en vertu de l’article 6.3:

Comme mentionné plus haut, la caméra de surveillance a capté l’accident de loin et d’un angle peu favorable; il n’y avait pas de son et l’image était granuleuse, en partie masquée par l’horodateur. On n’a pu distinguer clairement la motocyclette qu’avec la reprise de la séquence en gros plan et au ralenti. Ce n’est qu’à cet instant que le téléspectateur a pu constater que le camion et la motocyclette étaient entrés en collision et que la moto s’était ensuite renversée. Il était impossible d’identifier le motocycliste ou même le voir, et la présentatrice n’a pas donné son nom. Les images qui ont suivi montraient encore la police enquêtant sur la scène de l’accident ainsi que la motocyclette démolie.

Le comité estime que le télédiffuseur a fait preuve de discernement et de circonspection dans l’utilisation de la vidéo de surveillance. CHEK-DT n’a pas exagéré l’accident et ne l’a pas exploité. Les images étaient filmées à bonne distance, elles étaient dépourvues de son et de piètre qualité et le reportage n’a pas exagéré le terrible accident. Le télédiffuseur a réalisé un bon montage, tout en fournissant des explications additionnelles dans son suivi. Dans les circonstances, le comité est d’avis qu’il y avait un motif légitime pour diffuser la vidéo de surveillance.

[…] De plus, l’image n’était pas accompagnée de son. Puisqu’il n’y a eu qu’une reprise et parce que cette reprise a permis au téléspectateur d’être mieux informé sur l’accident, le comité est d’avis qu’elle était appropriée et n’était pas excessive.

[…]

Le comité note que la présentatrice a bien mentionné, avant de présenter le segment, qu’il était question d’une [translation] « horrible collision qui s’est produite entre une motocyclette et un camion », mais elle n’a pas prévenu les téléspectateurs de la violence de ce segment du bulletin avant sa diffusion.

Quoique la violence des images vidéo n’ait été ni hors de l’ordinaire ni superflue, le comité trouve ces images néanmoins troublantes. Les téléspectateurs auraient dû être prévenus clairement de la séquence à suivre et du fait que les images et le résultat de l’accident pouvaient être qualifiés de troublants. Le comité estime que le public en général a besoin d’être informé de manière à ce que chacun soit en mesure de décider si le segment est acceptable ou non pour lui-même et son foyer.

Finalement, dans CFTO-DT (CTV Toronto) concernant un reportage diffusé à CTV News at 6 (attaque au couteau à Kingston) (Décision CCNR 19/20-0064, 27 novembre 2019), le comité a examiné un reportage concernant une attaque au couteau survenue en plein jour à Kingston (Ontario). Le chef d’antenne a expliqué aux téléspectateurs qu’un homme avait poignardé plusieurs victimes avec un couteau de taille importante à une certaine intersection de la ville. Une des victimes était décédée entre-temps, tout comme le suspect qui s’était lui-même poignardé dans le cou et avait été abattu par la police. Le reportage renfermait une vidéo de l’événement, filmée de loin à partir d’un téléphone cellulaire. On voyait deux individus qui luttaient et tombaient au sol. Un homme enfonçait un couteau dans le côté de l’autre. Un agent de police entrait en courant dans le champ de la caméra et le suspect prenait la fuite, le policier à ses trousses. Il n’y a eu aucun avertissement avant la diffusion de la vidéo. Un téléspectateur s’est plaint que cela était inapproprié. La station a expliqué que la diffusion de la vidéo aussi bien que l’omission d’un avertissement avaient été une erreur et qu’elle avait pris des mesures afin de s’assurer que la chose ne se reproduise plus. Le comité a conclu que la manière par laquelle la vidéo avait été présentée constituait des infractions aux articles 6.2, 6.2 et 6.4 et l’absence d’un avertissement constituait une infraction à l’article 6.3 :

Dans le cas présent, le télédiffuseur n’a pas fourni de contexte à la vidéo et n’a pas non plus émis d’avertissement. Le chef d’antenne s’est contenté de décrire les événements pendant que la vidéo défilait et n’a pas fourni la relation avec la nouvelle. Le comité estime que, même si la vidéo est floue, si on ne voit pas de sang, et que le téléspectateur ne voit pas le visage de la victime ou de l’agresseur, voir deux individus qui se luttent, en voir un qui tombe au sol et l’autre qui lui administre deux coups vraisemblablement pour lui enfoncer un poignard dans le côté cause un choc. Il n’y a aucun doute qu’on assiste à un incident à la fois violent et très troublant. Si on ajoute à la diffusion de cette vidéo le manque d’explications et l’absence d’un avertissement, il y a clairement violation du Code de l’ACR concernant la violence et du Code de déontologie journalistique de l’ASNNR.

La conclusion à laquelle en est venu le comité ne signifie pas que la vidéo n’aurait jamais dû être montrée, mais qu’elle n’aurait pas dû être montrée de la façon dont elle l’a été. Le comité estime qu’avec le bon montage, les bonnes explications et l’ajout d’un avertissement, il aurait été possible d’inclure une vidéo dans le reportage de l’incident. Après tout, cette agression a pris place en plein jour à Kingston (Ontario). Avant de diffuser la vidéo, cependant, le télédiffuseur aurait dû réfléchir à la brutalité du segment et se demander s’il était nécessaire ou pertinent à la nouvelle; en d’autres mots, le télédiffuseur aurait dû faire montre de tact et de retenue comme le lui recommande le Code de déontologie journalistique de l’ASNNR.

Comme on l’a déjà indiqué, afin de décider si CTV Vancouver a fait preuve de discernement, de circonspection, de tact et de retenue en diffusant les séquences violentes liées à l’agression à l’arme blanche, le comité a tenu compte du fait que, dans un contexte approprié et lorsque la vidéo n’est pas horrible ou inutile, il reste dans l’intérêt du public « de se faire présenter dans les bulletins de nouvelles la réalité telle qu’elle est, aussi déplaisante voire intolérable soit-elle à certains moments ». Par conséquent, le comité, conscient de la gravité de cet incident, estime qu’il était nécessaire de montrer les victimes du crime afin d’informer le public de l’ampleur et de la gravité de l’agression à l’arme blanche. Après tout, il s’agissait de personnes réelles qui ont été victimes d’un incident horrible et terrifiant aux conséquences réelles et graves. À cet égard, la station a exposé le contexte approprié dans ce bulletin de nouvelles. Par conséquent, la diffusion des séquences vidéo liées à l’événement a servi l’intérêt public.

En outre, le comité note que tous les visages des victimes ont été brouillés dans la séquence vidéo diffusée par CTV Vancouver. Le recours à cette technique a été utile car il a permis de protéger l’identité des victimes. Il n’y a pas eu de gros plans inappropriés, de ralentis ou de langage sensationnaliste. On a vu le plan d’un homme sur une civière avec ce qui semblait être du sang sur son abdomen et des bandages autour de sa tête. Ce plan a été utilisé deux fois dans cette séquence; bien que l’utilisation de ce plan particulier ne constitue pas une violation des dispositions du code applicable, le comité estime que chaque plan d’une séquence devrait refléter du tact et de la retenue, conformément aux codes. En outre, l’utilisation du plan où l’auteur du crime se poignarde lui-même, même s’il est assez flou, est du type qui exige beaucoup de tact et ne devrait être utilisé qu’avec une grande prudence, par exemple en brouillant entièrement le moment de l’impact. Le comité conclut majoritairement, compte tenu de l'abstention d’un membre, que l’inclusion de ce plan ne constitue pas une violation, mais il note que, pour la compréhension, l’histoire des coups de couteau auto-infligés aurait pu être racontée simplement par une narration du présentateur ou du reporter.

Le contenu exigeaitil un avertissement préalable aux téléspectateurs à la lumière de l’article 6.3 du Code de l’ACR concernant la violence?

Les décisions antérieures du CCNR citées ci-dessus ont généralement indiqué que, lorsque la violence « sort de l’ordinaire »ou « fait état de sujets délicats », les télédiffuseurs doivent fournir un avertissement aux téléspectateurs avant de diffuser le clip. Dans le cas présent, le comité a été particulièrement attentif aux raisons pour lesquelles des avertissements sont exigés en vertu de la disposition du code applicable. Tout d’abord, il s’agit d’attirer l’attention sur l’inclusion de ce qui pourrait être, pour certains téléspectateurs, une séquence violente et dérangeante. Après tout, le télédiffuseur ne peut jamais savoir avec certitude qui regarde sa programmation et il peut tout à fait s’attendre à ce que des enfants suivent une émission à 18 h.

Plus important encore, les avertissements doivent être clairs, explicites et faciles à comprendre pour le téléspectateur. L’avertissement doit renforcer et attirer l’attention des téléspectateurs sur un contenu vidéo qui pourrait être choquant. Les avertissements sont considérés comme une bonne pratique journalistique pour permettre aux personnes soit d’éteindre la vidéo, soit de se préparer psychologiquement à ce qui pourrait être un contenu dérangeant. Cette mesure est d’autant plus importante aux heures de la journée où les enfants sont susceptibles de regarder la télévision. Les avertissements renforcent également l’impact de la narration, car ils attirent l’attention des téléspectateurs sur l’écran. C’est pourquoi un avertissement implicite ou difficilement compréhensible ne sera pas considéré comme adéquat.

Dans sa lettre du 16 juin CTV Vancouver a reconnu ce qui suit : [traduction] « il n’y a pas eu d’annonce formelle d’un avertissement traditionnel, mais on a annoncé aux téléspectateurs dès le début du téléjournal qu’ils allaient voir une nouvelle sur une série d’agressions, alors que le texte en bas de l’écran affichait Flash spécial : Une agression terrifiante fait un mort et des blessés. »

Bien que CTV Vancouver n’ait pas inclus de séquence vidéo contraire au Code de l’ACR concernant la violence, il est clair que la séquence diffusée comprenait des images explicites telles que celles d’une personne sur une civière avec du sang sur l’abdomen et d’autres de l’auteur de l’agression s’infligeant lui-même des coups de couteau. De telles images devraient inciter une station de télévision à diffuser un avertissement clair et explicite. Le comité estime donc qu’un avertissement clair était nécessaire. Il n’était pas suffisant de s’attendre à ce que le fait d’informer les téléspectateurs du contexte du reportage les prépare à des images qui pourraient être dérangeantes ou troublantes et éventuellement inappropriées pour leur famille. En conséquence, le comité conclut à l’unanimité que l’absence d’un avertissement explicite est contraire à l’article 6.3 du Code de l’ACR concernant la violence.

Réceptivité du télédiffuseur

Dans toutes les décisions rendues par le CCNR, ses comités évaluent dans quelle mesure le radiodiffuseur s’est montré réceptif envers le plaignant. Bien que le radiodiffuseur ne soit certes pas obligé de partager l’opinion du plaignant, sa réponse doit être courtoise, réfléchie et complète. Dans la présente affaire, CTV Vancouver a envoyé au plaignant une longue réponse réfléchie qui expliquait en détail pourquoi il estimait que son reportage était conforme aux normes définies dans les codes pertinents. Ce télédiffuseur ayant rempli son obligation de se montrer réceptif, il n’y a pas lieu d’en exiger davantage de sa part, sauf pour l’annonce de cette décision.

Annonce de la décision

CIVT-DT (CTV Vancouver) est tenu : 1) de faire connaître la présente décision selon les conditions suivantes, en formats audio et vidéo : une fois pendant les heures de grande écoute, dans un délai de trois jours suivant sa publication, et une autre fois dans un délai de sept jours suivant sa publication, dans le même créneau horaire que CTV News at Six, mais pas le même jour que la première annonce, 2) de faire parvenir à la plaignante qui a présenté la demande de décision, dans les quatorze jours suivant la diffusion des deux annonces, une confirmation écrite de son exécution et 3) au même moment, de faire parvenir au CCNR copie de cette confirmation accompagnée du fichier-témoin attestant la diffusion des deux annonces, qui seront formulées comme suit :

Le Conseil canadien des normes de la radiotélevision a jugé que CTV Vancouver a enfreint le Code concernant la violence de l’Association canadienne des radiodiffuseurs le 27 mars 2021. Lors de la diffusion de CTV News at Six, CTV a omis de donner aux téléspectateurs un avertissement préalable concernant le contenu perturbant d'un reportage sur une agression à l’arme blanche. Cette omission constitue une violation de l'article 6.3 du code.

La présente décision devient un document public dès sa publication par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision.

Appendix A

On March 27, 2021 during the 6:00 pm CTV News at Six newscast, CTV Vancouver had as its top story an incident of a stabbing incident in the North Vancouver neighbourhood known as Lynn Valley. A description and transcription of the report is as follows:

caption at bottom of screen: “Brazen Attack Kills One, Injures Others”

anchor Angela Jung: Good evening. Thanks for joining us. We begin with breaking news on that horrifying incident in North Vancouver where six people have been taken to hospital. One person has already succumbed to their injuries. CTV’s Penny Daflos joins us now from Lynn Valley with the latest. Penny, what do we know so far?

reporter Penny Daflos [on scene]: Well, it’s still a very fluid situation. The homicide team is now on the scene. A lot of investigators still here right now. And we’re hearing from witnesses who say this appeared to be a completely random series of attacks. People were just out in that pedestrianized plaza, that mall, living their lives as normal and they say it seemed this man simply started attacking people at random. Among the victims: an elderly man and a beloved local high school teacher. [footage of a woman sitting on the ground with her back up against a blue construction fence while paramedics attend to her; her face is blurred out] So there are six victims in the Lynn Valley Village here, a pedestrianized strip mall of sorts in this suburb. [a person sitting on the ground near a small outdoor dining table while 4 individuals attend to the person; one is holding a cloth around the victim’s arm; the victim’s face is blurred] Some of the victims were outside. A couple of them in a library complex. There was a book sale going on that’s apparently a weekly event here as well. [a man is sitting up on a stretcher which is in an interior lobby; he has a towel over his shoulder; he is shirtless, seemingly with blood on his torso and hand; there are RCMP officers and other emergency personnel standing around him; the man’s face is blurred] One person stabbed in their vehicle parked outside the library. [emergency personnel surround another person who is sitting on the floor near tables stacked with books; a firefighter holds a towel to the person’s face] Another woman managed to make her way into a local restaurant after some sort of scuffle at the door. [people wearing “Fire Rescue” shirts surround a person sitting in a vehicle; the person’s face is blurred] Everybody absolutely shocked by what they saw.

interview with male bystander #1: We saw a stabbing victim in this car right here [points off camera] who was getting out of her, er, going into her vehicle. She had a seven-year-old son who was, uh, multiple stab wounds and bleeding profusely. We helped her into the restaurant. [another scene of the woman by the fence, taken from a more direct angle; 3 emergency personnel assist her; her face is blurred] She said there was a man with a knife on the loose that was stabbing people at random. [police, emergency personnel & civilians surround the person sitting on the ground near the coffee shop’s outdoor table; the police officer is touching the person’s head and holding a white cloth that has what appear to be blood on it; a man is on a stretcher being wheeled into an ambulance by paramedics; he is shirtless but partly covered by a towel; there is blood on his torso; his face is blurred] And we saw multiple victims and helped another one around the corner. [a different person being wheeled on a stretcher towards ambulances by emergency personnel; the person’s face is mostly covered by blankets and bandages] There’s at least five within this little circle of a hundred yards and the police caught him just down the street. [emergency personnel help the woman by the fence get to her feet and walk towards a stretcher; her face is blurred; a woman in a yellow jacket is standing nearby, pointing with one hand, which her other arm is around another woman]

interview with female bystander: It’s really scary. It’s quite scary for everyone to go through this, I think. But, I think the community hopefully can come back together. [more scenes of the people around the coffee shop table; the victim’s face is blurred] But in twenty years, I haven’t, I haven’t seen this.

reporter to bystander: It’s surreal to watch this?

female bystander: So, it’s real, it’s really real. [another scene of emergency personnel attending to shirtless man inside; they wrap a bandage around his torso and there appears to be a cloth on his head] And there’s so many, there’s so many children around here.

[Grainy, distant footage of numerous police vehicles near an intersection. There is a man in the crosswalk. He stops to face all the police vehicles, then bends at the waist and jumps. An object falls away from him and he falls to the ground.]

interview with a male bystander #2: He came out and he was just walking, pacing back and forth on the side of the street, like, between that crosswalk down there. And he stabbed himself and then they, apparently someone said he, they bean-bagged him as well. And then they just were tackling him and all over him.

[footage of police and emergency personnel attending to the person on the ground in the crosswalk, with an ambulance nearby; they hoist him to his feet and onto a stretcher]

Daflos: Again, footage from multiple angles appears to show the suspect stabbing himself before he was arrested by RCMP. I’ve spoken with a teenage witness just moments before going on the air here. He says that he estimates that the knife was at least one foot long. He says the man was screaming obscenities at police as they were trying to arrest him. Witnesses peg his age probably somewhere in his twenties, perhaps early thirties. He was taken away on a stretcher, but he had leg shackles on according to witnesses at the time, uh, when he was taken away. So, IHIT is preparing to, uh, give us a briefing, an update around 6:15. We’re just on standby to hear the details from investigators. But I have to tell you, there’s no shortage of witnesses here. There were dozens and dozens of people who saw what happened because it spread over such an area. A bus was actually brought in to take care of all the witnesses. But aside from the people who saw firsthand what happened, there are so many videos from people that have already been posting to social media. There was even a drone in the air. So investigators are going to have a whole lot of evidence as they look into this, Angela.

Jung: Penny, you mentioned that this appears to be random. It is early on in the investigation. But do police have an idea what the possible motive could be?

Daflos: You know, I’m curious to see if IHIT’s going to be able to tell us something at this point, Angela. ʼCause this all happened around 1:30 this afternoon. They have had a chance to speak to the suspect that they have in custody. We’re going to find out or at least we’re going to ask, “Has he been cooperative with them? Is there anything that he said?” because, uh, judging from the obscenities that we heard that he was slinging at police, uh, we don’t know how cooperative he’s been or exactly what he’s told them.

Jung: Thank you very much, Penny. Penny Daflos joining us live from Lynn Valley tonight.

Appendix B

The Complaint

The CBSC received the following two complaints from the same complainant via its webform on March 27, 2021:

Name of Television or Radio Station: CTV

Program Name: CTV News Vancouver

Date of Program: 27/03/2021

Time of Program: 4:00PM

Specific Concern: Concerned that Shannon Paterson of CTV News found it appropriate to tweet out a video of stabbing victims.

https://twitter.com/ctv_shannon/status/1375946461423099904

Name of Television or Radio Station: CTV

Program Name: CTV News Vancouver at 6

Date of Program: 27/03/2021

Time of Program: 6:00PM

Specific Concern: CTV News Vancouver at 6:00, on March 27th, 2021, aired video of stabbing victims at the beginning of the show.

The CBSC explained to the complainant that it has no jurisdiction over Twitter content, but that it could deal with the television broadcast.

Broadcaster Response

CTV responded on May 12:

Your complaint to the Canadian Broadcast Standards Council has been forwarded for our reply.

Thanks very much for reaching out and sharing your concern about the decision by CTV News journalists to show images on our 6PM newscast of the scene of a mass stabbing attack that occurred on March 27th, 2021 in a busy outdoor shopping plaza in North Vancouver.

You appear to take issue with the fact that some of the wounded survivors of this incident – all adults, between the ages of 22 and 78, according to RCMP – were shown on our broadcasts – with faces blurred – as police investigated and paramedics provided first aid.

First of all, I share your feelings of shock and concern about this attack. I happen to live a few minutes from where this happened and was shopping there with my wife just an hour earlier.

While we appreciate your concern and understand that stories such as these are very disturbing, we believe that CTV News reported this incident fairly, responsibly, and with sensitivity and restraint in accordance with Article 5 of the RTDNA Code of Journalistic Ethics (RTDNA Code). And we must respectfully disagree with your suggestion that the images we broadcast were inappropriate for a news program.

We believe we exercised appropriate editorial judgment in choosing the images that aired and respecting the dignity of the victims as per the RTDNA Code. And as mentioned above, we chose to blur the faces of the survivors in our coverage of this important story, so as to not cause them further trauma, while at the same time showing our news viewers the scene of this very public attack. We note that one of the survivors has since publicly identified herself in thanking the community for its expressions of support.

The Canadian Association of Broadcasters Voluntary Code Regarding Violence in Television Programming (the Violence Code) https://www.cbsc.ca/codes/cab-violence-code/ recognizes that broadcasters shall use appropriate editorial judgment in the reporting and pictorial representation of violence in their news and public affairs programming, but at the same time, should not sanitize the news. “While broadcasters shall not exaggerate or exploit situations of aggression, conflict or confrontation, equal care shall be taken not to sanitize the reality of the human condition.”

The CBSC has also acknowledged this principle in past decisions. “The [Violence] Code recognized that society has a right, if not an obligation, to have presented to it the reality of the news however unpleasant or even intolerable the news may be from time to time.” The Code also calls on broadcasters to “advise viewers in advance of showing scenes of extra-ordinary violence ...”

We believe our broadcast followed all these guidelines including a warning to viewers about the images they were about to see. Accordingly, in our opinion, our news reporting of this tragic event struck the right balance between reporting essential information to the community, while at the same time being sensitive to the use of troubling images.

While we regret you were offended by the images shown in the report, and that was certainly not our intention, we believe our report was in accordance with all applicable industry codes and that there was a legitimate need for CTV News to tell this story with appropriate images.

CTV News is a member in good standing of the Canadian Broadcast Standards Council and adheres to all applicable codes and guidelines administered by the CBSC.

Additional Correspondence

The complainant submitted her Ruling Request on May 12 with the following note:

I am not satisfied with CTV's response that I received today (May 12th, 2021) and feel a review is warranted. Especially given the fact that they have been reprimanded for similar news stories in the past.

Once it has determined that a file requires Panel Adjudication, the CBSC gives the broadcaster one last opportunity to provide comments. CTV did so in this case on June 16:

In regards to the upcoming CBSC Adjudicating Panel meeting of June 30, 2021, please accept this additional submission from CTV News in response to the complaint regarding the reporting of a stabbing incident broadcast on CIVT-DT on March 27th, 2021.

Regarding CTV News Vancouver’s decision to broadcast images from a mass stabbing at a busy shopping centre in North Vancouver on March 27th, 2021, we again wish to emphasize that the images of this crime scene were newsworthy and essential to our journalism in that the attacks occurred in a public shopping plaza. The images in question also mostly showed first responders and police investigators performing their duties. In our opinion, these images were all editorially essential. As for the victims themselves, they were part of the crime scene, not separate from it, and as such the images that included the victims being treated by paramedics and interviewed by police were a key part of accurately telling the story and explaining to our audience the nature of this very public and random attack.

We believe it is important to stress that these images were not gathered by aiming a camera lens through a hospital or ambulance window; they were in public and part of the crime scene journalists were covering and bystanders in the area were witnessing, some of whom spoke to CTV News and explained the situation they were seeing on-camera. Notwithstanding, we made the editorial decision to blur the faces of every victim to protect their identities and thus showed caution and sensitivity to their trauma and to our viewers. We also point out that the images themselves were not exploitive or gratuitous. The victims in these images were all adults, were mostly sitting up and were fully conscious and responsive as first aid was being delivered calmly and professionally to them. These images were not used sensationally, but in an editorially relevant, respectful and journalistically sound way. While this attack was brazen, and very unfortunate, with one death and six injured individuals, thankfully, no orange tarps covering many dead bodies was part of the coverage as was the case in the Toronto van attack.

While there was no formal announcement of a traditional warning per se, viewers were told from the onset of the newscast that they were going to learn about a mass attack, along with a caption which read: “Breaking News: Brazen attack kills one, injures others”, and so the content itself was explained in advance before any images were shown and served the role of a warning to viewers. This is consistent with the way CTV Toronto handled the reporting of a deadly van attack in Toronto. And as you are aware, the CBSC did not choose to adjudicate the Toronto van complaints and did not find a breach in regards to the lack of a formal warning. We also note that none of the complainants in this case expressed any concern about the absence of a formal warning, which suggests that they likely understood what the report was going to be about.

And the images themselves, in our view, strike the right balance of not exploiting and not sanitizing reality, as per the CAB Violence Code. A conscious adult patient being treated professionally at the scene of a crime that is thankfully now over is an extremely common image on the nightly news and in this case, besides informing viewers immediately of the seriousness of our top story, we went beyond that level of caution and also fully obscured the identities of the injured. We note that the CBSC in its correspondence in the Toronto van attack found that the non identification of any victims was an important issue.

We believe our editorial decisions are in line with the relevant Codes and we stand behind the work of our journalists in bringing this important story to our community. In our view there should be no difference in reporting standards between the coverage of local events and international events where trauma victims are being treated – and we point out that in our experience, CTV’s international reporting of very similar scenes and images overseas rarely if ever triggers CBSC complaints.

We believe a negative ruling by the CBSC against CTV News Vancouver in this case would send a chill to journalists across the country by suggesting that crime scenes, or even the scenes of accidents or disasters, must no longer show the people who are most directly affected by these newsworthy events – even if those people have their identities obscured and if all of the images chosen are not gratuitous. In our view, that would be a highly negative outcome for those who believe in freedom of the press in covering newsworthy events that occur in public places and certainly not consistent with the Violence Code that acknowledges that “equal care should be taken not to sanitize the reality of the human condition.”

Thank you for your further consideration.