CFEL-FM concernant 100 % Normandeau (cyclistes)

COMITÉ DÉCIDEUR FRANCOPHONE
Décision CCNR 16/17-2906+
2018 CCNR 7
4 avril 2018
S. Courtemanche (présidente), C. Crépin, V. Dubois, M. Lorrain, C. Scott, C. Simard
LES FAITS

100 % Normandeau est une émission-causerie animée à l’époque par Nathalie Normandeau et Marc-André Lord. Elle est diffusée à l’antenne de CFEL-FM (BLVD 102,1 ville de Québec) (« BLVD ») de 14 h à 18 h. Le 27 mars 2017, un autre animateur de BLVD à l’époque, André Arthur, s’est joint à titre de chroniqueur à Normandeau et Lord. Ils ont discuté d’actualité. À un moment donné, vers 16 h 30, ils ont eu la conversation suivante :

Arthur :                Moi, ma définition d’un idiot c’est quelqu’un qui fait du bicycle en hiver.

Normandeau :  Tsk. Il y a, il y a des vélos qui se vendent, le fat bike, vous connaissez?

[...]

Arthur :                Oui, oui, le fat bike, le gros pneu large.

Normandeau :  Oui, oui.

Arthur : Mais ça c’est drôle. Mais c’est pas ça que tu vois sur la rue là, avec une barbe de vingt, avec une barbe de dix ans là. Pas ça que tu vois là.

Lord :    C’est quasiment des vélos de route qu’on voit là.

[...]

Arthur : Ça c’est la définition d’un idiot. Aujourd’hui quelqu’un en bicycle là, frappez-le, soulagez-le, faites quelque chose.

Normandeau :  Mais c’est sûr c’est pas très prudent. Merci André Arthur.

Le 28 mars, Mme Normandeau et M. Arthur sont revenus sur le sujet :

Arthur : On a parlé à un moment donné des vélos avec des grosses roues, bon, advienne que pourra, pis moi j’essayais d’expliquer que quelqu’un qui se promène avec un vélo d’été en hiver, c’est quelqu’un qui a pas d’affaire là. J’essayais de faire mon point, j’essayais de me, et, comme, ben c’est pas vraiment ma semaine, j’ai eu ce que moi j’appellerais comme une crampe au cerveau. Je sais pas si ça vous est déjà arrivé de faire une gaffe, c’est-à-dire de dire de quoi pis vous voyez vos paroles monter [Normandeau rit] vers le plafond comme un ballon en disant « Dieu –

Normandeau :  Oups! [toujours en riant].

Arthur : – j’ai pas dit ça là, moi là ». [Normandeau rit toujours] Alors hier –

Normandeau :  Oh c’est déjà arrivé, André.

Arthur : – je parlais de ces gens qui font du vélo en hiver et je disais « Mais faites quelque chose, frappez-les, faites quelque chose ». Jamais, jamais j’ai pensé que ça pouvait être interprété comme étant une invitation à tuer les, les cyclistes, bon.

Normandeau :  Franchement.

Arthur : Mais ce, évidemment il y a des gens qui choisissent de penser ça, et euh, tous ceux qui se sont sentis menacés, dépréciés par ça. Ce que j’essayais de faire, dans ma tête, avant d’avoir une crampe au cerveau j’essayais de dire, j’essaie toujours de, j’ai toujours peur de les frapper.

Normandeau :  Okay. Oui, oui, oui.

[...]

Arthur : Pis, malheureusement, j’ai pas été à la hauteur. J’ai eu une crampe au cerveau et j’ai dit quelque chose qui est en soi, au pied de la lettre, absolument inacceptable. Et je m’en excuse, et probablement que, aux oreilles de ceux qui sont habitués, euh, à mon langage pis à ma façon de m’exprimer qui est des fois colorée, ben ils ont compris qu’Arthur il voulait pas dire il faut que j’aille tuer un cycliste aujourd’hui. Bon. Mais ça été interprété comme ça sur certains endroits du Net où, euh, on fait des cabales très poussées –

Normandeau :  Ben oui!

Arthur : – sur certaines formes de radio.

Normandeau :  Ben oui.

Arthur : Mon choix de mots était pas inapproprié, il était inacceptable. C’était une crampe au cerveau. Je pensais dans ma tête à ma hantise, ma peur de les frapper quand je roule en auto, avec un véhicule lourd. Et, ça a sorti « frapper » et j’en, et, je, il ne me reste qu’une chose à faire c’est de m’en excuser. C’est une erreur d’amateur, mais je l’ai faite.

(Une transcription plus complète figure dans l’annexe A.)

Le CCNR a reçu 1 112 plaintes concernant cette diffusion. Les plaignants trouvaient que les propos d’André Arthur témoignaient d’indifférence face à la vie des cyclistes et que sa suggestion de les frapper semait de la haine et incitait sans équivoque des auditeurs à commettre des actes violents envers les cyclistes.

Dans sa réponse, CFEL-FM reconnaît que « la phrase énoncée par M. Arthur peut s’entendre comme un appel à “frapper” les cyclistes qui circulaient dans la tempête qui avait cours » et que « une telle expression est inacceptable et n’a pas lieu d’être prononcée sur les ondes radiophoniques; BLVD 102,1 tient à le reconnaître d’emblée ». Le radiodiffuseur souligne également que les opinions des animateurs ne représentent pas nécessairement celles du diffuseur.

CFEL-FM explique qu’il « ne tolère aucune forme d’incitation à la violence ou à la haine sur ses ondes, et ce, contre quiconque. Nous avons immédiatement rencontré M. Arthur à la suite de cet incident. Il a lui-même convenu qu’une telle situation ne devait pas se reproduire », il a présenté ses excuses le lendemain et a « insisté que jamais il n’a voulu inviter quiconque à tuer des cyclistes qui circulaient sur la route. » Le radiodiffuseur ajoute que la « rétraction de ces propos était sincère et très claire à l’effet qu’il n’avait pas de mauvaise intention et qu’il était désolé d’avoir échoué à exprimer la pensée qu’il souhaitait réellement communiquer. »

Quatre plaignants ont envoyé des notes d’insatisfaction quant à la réponse de CFEL-FM. CFEL-FM a fourni des informations supplémentaires le 16 février 2018 au CCNR, soulignant que M. Arthur a « très rapidement réalisé l’impact de ses paroles et a convenu sa gaffe et nous a expliqué que son bafouillage était le résultat de sa tentative maladroite d’exprimer sa hantise de frapper un cycliste avec un véhicule lourd dans des conditions de mauvais temps et qu’il souhaitait interpeller les cyclistes hivernaux pour qu’ils prennent conscience du stress que leur choix pouvait causer. » C’est pourquoi l’animateur s’est excusé sans hésitation en ondes dès le lendemain. Par ailleurs, le radiodiffuseur a informé le CCNR que cet animateur n’était plus à l’antenne de la station depuis le 29 janvier 2018. (La correspondance complète figure dans l’annexe B.)

LA DÉCISION

Le comité décideur francophone a étudié les plaintes à la lumière de l’article 9(a) (Radiodiffusion) du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) qui se lit comme suit :

Reconnaissant que la radio est un média local et qu’il reflète par conséquent les normes de la collectivité desservie, les émissions diffusées aux ondes d’une station de radio locale doivent tenir compte de l’accès généralement reconnu à la programmation qui est disponible sur le marché, de la répartition démographique de l’auditoire de la station et de la formule empruntée par la station. Dans ce contexte, les radiodiffuseurs prendront un soin particulier de veiller à ce que les émissions diffusées à l’antenne de leurs stations ne comprennent pas :

a) de violence gratuite sous quelque forme que ce soit ou de contenu qui endosse, encourage ou glorifie la violence;

Les membres du comité décideur ont lu toute la correspondance afférente et ont écouté la diffusion en question. Le comité conclut que CFEL-FM a enfreint l’article 9(a) dans la diffusion des commentaires d’André Arthur pendant 100 % Normandeau.

Les questions auxquelles avait à répondre le comité décideur :

Est-ce que le commentaire de M. Arthur endosse, encourage ou glorifie la violence à l’encontre de l’article 9(a) du Code de déontologie de l’ACR?

À supposer que le commentaire enfreigne l’article 9(a) du Code de déontologie de l’ACR, la station devrait-elle être tenue d’annoncer la décision du CCNR en ondes?

Le comité décideur a examiné les propos de M. Arthur et considère que ceux-ci constituaient des commentaires agressifs ayant pour effet d’encourager des actes violents contre les cyclistes qui circulent sur la route. Lorsque l’animateur déclare le 27 mars que sa « définition d’un idiot c’est quelqu’un qui fait du bicycle en hiver » et qu’il poursuit cette caractérisation avec la déclaration suivante « Aujourd’hui quelqu’un en bicycle là, frappez-le, soulagez-le, faites quelque chose », le comité ne peut faire autrement que conclure que ces propos encouragent la violence contre les cyclistes sur la route.

Par le passé, le CCNR a traité des cas similaires y compris un cas où un animateur avait fait des commentaires agressifs à l’égard des cyclistes[1]. Dans certaines de ces décisions, le CCNR n’a constaté aucune violation du code et dans d’autres les comités ont trouvé que les propos incitaient à la violence. Les éléments clés à retenir dans ces décisions sont :

Le comité saisit bien le style provocateur de l’animateur, mais estime que dans les circonstances et surtout durant la première discussion à ce sujet, celui-ci n’a offert aucun contrepoids à sa déclaration et qu’en raison de la gravité des propos, il est clair que ses commentaires ont débordé les normes établies en vertu du code et qu’il était donc essentiel de tempérer la discussion immédiatement.

Le comité a pris bonne note des efforts de l’animateur le 28 mars de faire une mise au point sur ses propos du 27 mars concernant les cyclistes. D’ailleurs le comité ne met pas en doute la sincérité de l’animateur. Les excuses offertes étaient authentiques et indiquent clairement que les propos de ce dernier étaient inacceptables. M. Arthur explique son manquement en indiquant qu’il a une hantise de frapper les cyclistes lorsqu’il « roule en auto, avec un véhicule lourd. »

Le CCNR a souvent eu à trancher au sujet de l’obligation d’annoncer une décision à la suite d’une infraction[2]. Le CCNR encourage les radiodiffuseurs à prendre l’initiative de reconnaître que des propos inacceptables ont été diffusés et d’offrir des excuses, comme cela été fait en l’occurrence. Lorsque des excuses sincères et complètes sont offertes, le CCNR n’oblige pas le radiodiffuseur de diffuser l’annonce de la décision.

Puisque le radiodiffuseur a pris l’initiative dès le lendemain d’assurer que l’animateur fournisse une mise au point et des excuses sincères et complètes, le comité est d’avis qu’il n’est pas nécessaire en l’occurrence de diffuser l’annonce de la décision.

Réceptivité du radiodiffuseur

Dans toutes les décisions rendues par le CCNR, ses comités évaluent dans quelle mesure le radiodiffuseur s’est montré réceptif envers le plaignant. Bien que le radiodiffuseur ne soit certes pas obligé de partager l’opinion du plaignant, sa réponse doit être courtoise, réfléchie et complète. Dans la présente affaire, CFEL-FM avec sa réponse et les informations supplémentaires qu’il a fournies a satisfait à son obligation de répondre adéquatement aux plaintes. Ce radiodiffuseur ayant rempli son obligation de se montrer réceptif, il n’y a pas lieu d’en exiger davantage de sa part.

La présente décision devient un document public dès sa publication par le Conseil canadien des normes de la radiotélévision.

[1] CHOI-FM concernant Le show du matin (cyclistes) (Décision CCNR 14/15-0563+, 15 juillet 2015); CIWW-AM concernant le Geoff Franklin Show (Décision CCNR 92/93-0181, 26 octobre 1993); CIQC-AM concernant Galganov in the Morning (Décision CCNR 97/98-0473, 14 août, 1998); CKAC concernant un épisode de l’émission de Gilles Proulx (Décision CCNR 98/99-1108, 21 février 2000); CFRB-AM concernant un épisode du Michael Coren Show (Décision CCNR 06/07-1428, 14 avril 2008); CKAC-AM concernant une séquence diffusée dans le cadre de Bonsoir les sportifs (Décision CCNR 06/07-0441, 7 avril 2008); CFNY-FM concernant le Dean Blundell Show (Manifestation à la célébration du Jour du souvenir) (Décision CCNR 12/13-0454, 17 juillet 2013); CKMF-FM concernant Énergie le matin (tweet controversé) (Décision CCNR 16/17-0498, 28 novembre 2017).

[2] CKRS-AM concernant des commentaires faits dans le cadre de Champagne pour tout le monde (Décision CCNR 06/07-0904, 20 août 2008); Sun News Network concernant The Source (Logements pour artistes à Edmonton) (Décision CCNR 10/11-2102 et -2124, 28 mars 2014); CJAB-FM concernant des commentaires faits dans le cadre de 94,5 Le Matin (Décision CCNR 11/12-1392, 6 septembre 2012); Sun News Network concernant The Source (réseau de voleurs) (Décision CCNR 12/13-0069+, 9 septembre 2013); Sun News Network concernant The Source (Idle No More) (Décision CCNR 12/13-0985, 23 octobre 2013); RDS concernant 5 à 7 (Laprise branché) (Décision CCNR 11/12-0649, 24 juillet 2012).


Annexe A

100% Normandeau est une émission-causerie animée à l’époque par Nathalie Normandeau et Marc-André Lord. Elle est diffusée à l’antenne de CFEL-FM (BLVD 102,1, ville de Québec) de 14 h à 18 h. Le 27 mars 2017, un autre animateur de BLVD, André Arthur, s’est joint à titre de chroniqueur à Normandeau et Lord. Ils ont discuté d’actualité. À un moment donné, vers 16 h 30, ils ont eu la conversation suivante :

Arthur :                Moi, ma définition d’un idiot c’est quelqu’un qui fait du bicycle en hiver.

Normandeau :  Tsk. Il y a, il y a des vélos qui se vendent, le fat bike, vous connaissez?

Arthur :                 Le, le flat ô oui –

Normandeau :  Le fat bike, le gros –

Lord :                    Le fat bike.

Arthur :                 Oui, oui, le fat bike, le gros pneu large.

Normandeau :  Oui, oui.

Arthur : Mais ça c’est drôle. Mais c’est pas ça que tu vois sur la rue là, avec une barbe de vingt, avec une barbe de dix ans là. Pas ça que tu vois là.

Lord :    C’est quasiment des vélos de route qu’on voit là.

Arthur : Oui, c’est des vélos de route –

Lord :    Avec les tires, euh [????] de large.

Arthur : Ça c’est la définition d’un idiot. Aujourd’hui quelqu’un en bicycle là, frappez-le, soulagez-le, faites quelque chose.

Normandeau :  Mais c’est sûr c’est pas très prudent. Merci André Arthur. Allez soulager votre euh, votre gros rhume.

Le 28 mars, Mme Normandeau et M. Arthur sont revenus au sujet :

Arthur : J’ai quand même une mise au point à faire sur quelque chose qui –

Normandeau :  Oui, oui.

Arthur : – est arrivé à peu près à ce moment-ci, hier.

Normandeau :  Oui.

Arthur : On a eu une discussion plus qu’animée sur toutes sortes de sujets, y compris, sur l’étrange décision de ceux qui font dans la neige du vélo.

Normandeau :  Oui. Là ça me revient.

Arthur : On a parlé à un moment donné des vélos avec des grosses roues, bon, advienne que pourra, pis moi j’essayais d’expliquer que quelqu’un qui se promène avec un vélo d’été en hiver, c’est quelqu’un qui a pas d’affaire là. J’essayais de faire mon point, j’essayais de me, et, comme, ben c’est pas vraiment ma semaine, j’ai eu ce que moi j’appellerais comme une crampe au cerveau. Je sais pas si ça vous est déjà arrivé de faire une gaffe, c’est-à-dire de dire de quoi pis vous voyez vos paroles monter [Normandeau rit] vers le plafond comme un ballon en disant « Dieu –

Normandeau :  Oops! [toujours en riant].

Arthur : – j’ai pas dit ça là, moi là ». [Normandeau rit toujours] Alors hier –

Normandeau :  Ô c’est déjà arrivé, André.

Arthur : – je parlais de ces gens qui font du vélo en hiver et je disais « Mais faites quelque chose, frappez-les, faites quelque chose ». Jamais, jamais j’ai pensé que ça pouvait être interprété comme étant une invitation à tuer les, les cyclistes, bon.

Normandeau :  Franchement.

Arthur : Mais ce, évidemment il y a des gens qui choisissent de penser ça, et euh, tous ceux qui se sont sentis menacés, dépréciés par ça. Ce que j’essayais de faire, dans ma tête, avant d’avoir une crampe au cerveau j’essayais de dire, j’essaie toujours de, j’ai toujours peur de les frapper.

Normandeau :  Okay. Oui, oui, oui.

Arthur : C’est ce qu’il y avait dans ma tête à ce moment-là.

Normandeau :  Oui, oui, oui. [?]

Arthur : Pis, malheureusement, j’ai pas été à la hauteur. J’ai eu une crampe au cerveau et j’ai dit quelque chose qui est en soi, au pied de la lettre, absolument inacceptable. Et je m’en excuse, et probablement que, aux oreilles de ceux qui sont habitués, euh, à mon langage pis à ma façon de m’exprimer qui est des fois colorée, ben ils ont compris qu’Arthur il voulait pas dire il faut que j’aille tuer un cycliste aujourd’hui. Bon. Mais ça été interprété comme ça sur certains endroits du Net où, euh, on fait des cabales très poussées –

Normandeau :  Ben oui!

Arthur : – sur certaines formes de radio.

Normandeau :  Ben oui.

Arthur : Mon choix de mots était pas inapproprié, il était inacceptable. C’était une crampe au cerveau. Je pensais dans ma tête à ma hantise, ma peur de les frapper quand je roule en auto, avec un véhicule lourd. Et, ça a sorti « frapper » et j’en, et, je, il ne me reste qu’une chose à faire c’est de m’en excuser. C’est une erreur d’amateur, mais je l’ai faite.

Normandeau :  Ben, c’est fait, André. Le parallèle qui me vient en tête c’est quelqu’un qui se promène, euh, avec ses pneus d’été, euh.


Annexe B

Les plaintes

Le CCNR a reçu 1 112 plaintes contre cette diffusion. Quatre d’entre eux ont envoyé des notes d’insatisfaction quant à la réponse de CFEL-FM. Ces quatre plaintes sont reproduites ci-dessous et sont représentatives de l’ensemble des plaintes.

Dossier 1617-2906

Le CCNR a reçu la plainte suivante le 28 mars 2017 :

Nom de la station :         BLVD

Nom de l’émission :       100 % Normandeau

Date :                                    2017/03/27

Heure :                                 16h30

Préoccupation :                16h30 : AA- « Moi ma définition d’un idiot, c’est quelqu’un qui fait du bicycle en hiver (…) Aujourd’hui, quelqu’un en bicycle, frappez-les, soulagez-le, faites quelque chose. »

Dossier 1617-3245

Le CCNR a reçu cette plainte le 29 mars :

Nom de la station :         Boul 102.1

Nom de l’émission :       André Arthur

Date :                                    2017/03/27

Heure :                                 16:30

Préoccupation :                l’émission 100 % Normandeau

Il est toutefois impératif de dénoncer cette incitation à la violence, car si alimenter les tensions entre les usagers de la route est imprudent, inciter des auditeurs à commettre des actes violents devrait être considéré comme criminel.

Dossier 1617-3273

Le CCNR a reçu cette plainte le 28 mars :

Nom de la station :         BLVD 102,1

Nom de l’émission :       André Arthur / Nathalie Normandeau

Date :                                    2017-03-27

Heure :                                 16h30

Préoccupation :                Propos haineux et incitation à la violence envers les cyclistes. Ce qui a été dit par AA : « Moi ma définition d’un idiot, c’est quelqu’un qui fait du bicycle en hiver (…) Aujourd’hui, quelqu’un en bicycle, frappez-les, soulagez-le, faites quelque chose. »

Sans compter que la radio-poubelle est une habituée des menaces de violence envers les cyclistes. Le 13 décembre 2016, Denis Gravel les traite « d’égoïstes », le 3 novembre Pierre Mailloux propose de les « ramasser solide » en voiture, le 8 mars, Gravel fantasme d’en frapper un. Et que dire de la fameuse campagne d’intimidation Honk a cyclist.

Dossier 1617-3524

Le CCNR a reçu cette plainte le 1er avril :

Nom de la station :         BLVD

Nom de l’émission :       André Arthur

Date :                                    2017-03-27

Heure :                                 12:00

Préoccupation :                Frapper un cycliste??? Sans blague!?!?

Je suis un cycliste de route et montagne, j’ai une auto.

Si vous ne faites rien avec cela, soit vous êtes complices, soit vous prouvez votre incompétence et votre impertinence.

La réponse du radiodiffuseur

CFEL-FM a envoyé ses réponses le 28 juillet. Le radiodiffuseur a répondu plus ou moins de la même façon à tout le monde :

Madame, Monsieur,

Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (« CCNR ») nous a transmis votre plainte concernant des propos qui ont été tenus sur les ondes de BLVD 102,1 par M. André Arthur, commentateur à l’émission 100 % Normandeau, le 27 mars dernier.

La phrase énoncée par M. Arthur peut s’entendre comme un appel à « frapper » les cyclistes qui circulaient dans la tempête qui avait cours. Une telle expression est inacceptable et n’a pas lieu d’être prononcée sur les ondes radiophoniques; BLVD 102,1 tient à le reconnaître d’emblée. En radio d’opinion, il est convenu que les opinions des animateurs sont les leurs et ne représentent pas nécessairement celles du diffuseur. Cela dit, Leclerc Communication ne tolère aucune forme d’incitation à la violence ou à la haine sur ses ondes, et ce, contre quiconque. Nous avons immédiatement rencontré M. Arthur à la suite de cet incident. Il a lui-même convenu qu’une telle situation ne devait pas se reproduire.

M. Arthur a réalisé l’impact de ses paroles et convenu de sa gaffe. Il nous a expliqué que son bafouillage était le résultat de sa tentative maladroite d’exprimer sa hantise de frapper un cycliste avec un véhicule lourd dans des conditions de mauvais temps et son souhait d’interpeller les cyclistes hivernaux pour qu’ils prennent conscience du stress que leur choix lui cause. Nous ne doutons pas de sa sincérité.

C’est d’ailleurs sans aucune hésitation qu’il a présenté ses excuses dès le lendemain, 28 mars, à l’émission 100 % Normandeau, et insisté que jamais il n’a voulu inviter quiconque à tuer les cyclistes qui circulaient sur la route. Il a reconnu qu’il a dit quelque chose qui, « en soi, pris au pied de la lettre, est totalement inacceptable » et s’en est excusé auprès de quiconque ait pu être offensé par ses paroles. Il a aussi reconnu que son « choix de mots n’était pas (seulement) inapproprié, mais inacceptable » et qu’il n’a pas été à la hauteur, au moment de prononcer ces paroles. La rétractation de ses propos était sincère et très claire à l’effet qu’il n’avait pas de mauvaise intention et qu’il était désolé d’avoir échoué à exprimer la pensée qu’il souhaitait réellement communiquer.

Cet incident malheureux nous a rappelé notre rôle et notre impact dans la communauté et raffermi notre désir d’offrir une radio de qualité. Nous avons saisi l’occasion pour sensibiliser les animateurs de la station à l’importance de faire preuve de prudence et de modération dans leurs propos.

Nous désirons vous remercier de l’intérêt que vous portez à notre station et à sa programmation. Nous prenons très au sérieux vos préoccupations et travaillons très fort à l’amélioration continue de nos émissions et de notre programmation.

N’hésitez pas à communiquer avec nous pour toute autre question ou commentaire.

Nous vous remercions de votre considération et vous prions de recevoir nos meilleures salutations.

Correspondance afférente

Dossier 1617-2906

Le 28 juillet, le plaignant a répondu au radiodiffuseur avec copie au CCNR :

Madame, j’ai entendu les paroles de M. Arthur, les mots comme les paroles témoignaient de toute évidence de son indifférence face à la vie des cyclistes et son invitation à les frapper étaient sans équivoque.

Votre conclusion est décevante et erronée.

Dossier 1617-3245

Le 28 juillet, le plaignant a répondu au radiodiffuseur avec copie au CCNR :

Bonjour,

Des excuses faites par une station de radio qui sème sur la haine…

André Arthur a incité les conducteurs de voitures à frapper des cyclistes… Ce n’est pas rien. Frapper des cyclistes!

De la radio de très base gamme qui incite à la haine.

Les propriétaires de cette station de radio devraient aller directement en prison rien de moins.

Andrée Arthur et les actionnaires de cette entreprise, qui sème la haine, doivent être heureux, il y a eu plusieurs cyclistes de tuer sur nos routes du Québec comme à tous les étés.

Dossier 1617-3273

Le 28 juillet, la plaignante a envoyé le message suivant :

Bonjour,

J’ai bien reçu et bien lu. Et je reste sans voie [sic].

Beaucoup de mots pour en arriver à quoi au juste?

On me résume l’incident, on me rappelle les excuses « sincères », on me précise qu’on a tapé sur les doigts des fautifs et…. ?

On sait tout ça, on les a entendues ces excuses insipides. C’est bien pour ça qu’on a continué à s’insurger et à se plaindre.

On ne veut plus entendre ni des propos haineux envers les cyclistes pas plus qu’on ne veut entendre de plates excuses par la suite.

Si on s’est plaint en mars, ce n’est pas pour recevoir une lettre nous résumant ce pourquoi on s’est plaint SIX MOIS plus tard. C’est un non-sens!

En espérant que cette insipide tentative de noyer le poisson aura une suite autre.

Dossier 1617-3524

Le 4 août, le plaignant a répondu au radiodiffuseur avec copie au CCNR :

Bonjour,

Je ne vise pas directement votre personne, mais vous êtes l’intermédiaire… désolé.

Je n’en reviens tout simplement pas. Le bashing anti-cycliste est bel et bien toléré... Il n’est nulle part mention de réprimande ou sanction à l’égard du Bouffon Arthur, on dirait qu’il n’a même pas eu une tape sur les doigts. Il en dit plus que ce qu’il avait le droit, mais on connaît le fond de sa pensée et il est là le problème, il a encouragé le bashing. Beaucoup de cyclistes avaient remarqué des comportements haineux sur les routes, j’espère ne pas vous surprendre, le mal était déjà fait.

Pour laisser encore un micro à ce déchet humain, ça laisse entrevoir la moralité douteuse de votre employeur. Il rapporte plus en publicité que les frais d’avocat. La radio est une business, je sais, mais de là à accepter que de tels propos soient dits en onde me répugne. Si tous les clients retiraient leur pub des postes de radio où il y a des tatas comme Arthur, il n’y aurait plus de pub… c’est rendu à la mode de basher les cyclistes.

Ce qui est sûr, si un jour je prends un autobus et que c’est le gros colon à Arthur qui conduit, je vais lui souhaiter que ce ne soit pas pour faire Québec/Baie-Comeau : il va trouver la route longue en ta*******. Moi aussi je n’ai pas la langue dans ma poche, l’ennui c’est que je suis habitué de régler ça face à face sur des chantiers de construction alors ce n’est pas un vieux [sic] obèse qui va me stresser.

S’il en avait fait du vélo dans sa vie, il comprendrait 2-3 affaires… mais ça n’excuse pas que des cyclistes ont un comportement répréhensible au sens de la loi. Si on y va au prorata cycliste/automobiliste au niveau des infractions par quantité d’utilisateur, les cyclistes ont une meilleure note, sûre et certaine. J’ai encore vu des photos d’un enfant s’étant fait frapper par un épais qui textait. Pas entendu rien à ce sujet, ah oui, je l’emmerde votre poste de radio.

On vit à une drôle d’époque.

Le CCNR fournit au radiodiffuseur une dernière opportunité d’ajouter au dossier lorsqu’il établit la date de la réunion du comité décideur. CFEL-FM a envoyé la lettre suivante le 16 février 2018 :

Bonjour,

En vue de l’audition du 21 février prochain, nous tenons à vous informer des éléments suivants :

Nous demeurons à votre disposition pour toute autre question.