Une parodie d’une annonce axée sur un thème autochtone n’enfreint pas les normes de radiotélévision, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 10 août 2005 - Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant la parodie d’une annonce diffusée à l’antenne de CKTF-FM (Énergie 104,1 de Gatineau) dans le cadre de l’émission Les Grandes Gueules. La parodie portait sur les annonces télévisées des produits Lakota pour le soulagement de la douleur causée par l’arthrite, lesquelles présentent un porte-parole autochtone. Le Comité régional du Québec en est venu à la conclusion que le sketch n’a pas violé la disposition sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR).

La séquence dont il est question se compose d’une entrevue simulée avec un des animateurs de l’émission qui se fait passer pour le porte-parole autochtone des produits de soulagement de la douleur Lakota. Les autres animateurs ont posé des questions à « l’Indien Lakota » au sujet de ses produits. Pendant l’entrevue, on a également fait allusion à du « hot hibou », à sa « grosse femme nu-pieds » et au « BS à plume ». Un auditeur s’est plaint que la séquence de parodie était discriminatoire envers les Autochtones.

Le Comité régional du Québec a étudié la plainte à la lumière de l’article sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR, lequel dispose que les radiotélédiffuseurs doivent veiller à ce que leur programmation ne renferme pas de contenu ou de commentaires abusifs ou indûment discriminatoires quant à la race. S’inspirant de décisions antérieures du CCNR, le Comité en est venu à la conclusion que même si le sketch a présenté quelques commentaires stéréotypés au sujet des Autochtones, il s’agissait essentiellement d’une parodie des annonces télévisées plutôt que d’une attaque abusive des Autochtones en tant que groupe. Le Comité a fait les observations suivantes au sujet de l’émission :

Dans le cas qui nous occupe, le Comité comprend facilement que le plaignant puisse avoir été offensé par les propos « BS à plume », « grosse femme nu-pieds » et « on mange du hot hibou ce soir ». Toutefois, il trouve également que ces commentaires sont une parodie de l’annonce publicitaire plutôt que des Autochtones en général ou même de l’individu qui paraît dans l’annonce en particulier. Il reconnaît que l’annonce télévisée des produits s’engage elle-même sur le terrain du milieu culturel autochtone. Les réalisateurs de cette annonce publicitaire ont choisi de souligner le rapport entre le médicament, la tribu des Lakota et la nature. Le Comité note que l’expression « hot hibou » établit un lien anodin avec la notion de communier avec la nature, ce qui traduit en fait toute l’approche de Lakota envers le produit qu’elle annonce. Pour ce qui est des expressions « grosse femme nu-pieds » et « BS à plume », le Comité admet d’emblée qu’il s’agit d’un véhicule de satire plutôt de mauvais goût, mais il en vient à la conclusion que la parodie ne fait que poursuivre le raisonnement qui sous-tend le thème établi par l’annonce elle-même à son extrême logique ou peut-être ridicule. Le Comité est d’avis que bien que ces expressions aient un caractère légèrement stéréotypé, elles évoquent une technique plutôt chatouillante que massacrante qui frappe à coups de marteau. Vu sous l’angle de la décision [antérieure] concernant les Méchants matins du monde, la parodie rit de l’annonce et non pas des Indiens. [...] Il ne s’agit pas, de l’avis du Comité, d’une infraction à l’article 2 du Code de déontologie de l’ACR.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont créé eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant la déontologie, l’emploi de stéréotypes sexuels et la présentation de violence à la télévision et ils s’attendent à ce qu’ils soient respectés par les membres de leur profession. En 1990, ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code d’éthique journalistique adopté en 1970 par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 550 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.