Une blague concernant les musulmans est allée au-delà de l’humour de mauvais goût, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 27 janvier 2004 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant un « quiz » à choix multiples (pour lequel l’option « c » était toujours la bonne réponse) qui a été diffusé à l’antenne de CJAY-FM de Calgary entre 8 h 30 et 9 h le 10 février 2003. Un auditeur s’est plaint que la troisième réponse à une question se rapportant aux musulmans constituait un commentaire raciste. Le Comité régional des Prairies du CCNR était d’accord. Il en est venu à la conclusion que la réponse à la question visée du « quiz » enfreint effectivement l’article 2 (Droits de la personne) du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR), lequel stipule que « les radiotélédiffuseurs doivent veiller à ce que leur programmation ne renferme pas de contenu ou de commentaires abusifs ou indûment discriminatoires quant à la race, l’origine nationale ou ethnique, la couleur, la religion, l’âge, le sexe, l’orientation sexuelle, l’état matrimonial ou le handicap physique ou mental. »

La séquence faisant l’objet de la plainte est un « quiz » qui est souvent diffusé par cette station. On pose quelques questions à choix multiples à l’interlocuteur. La réponse que celui-ci ou celle-ci doit donner est le troisième choix, à savoir la réponse « c », qui, comme on peut le prévoir, est le choix le plus provocant des trois choix possibles. Le matin dont il s’agit, le quiz comprenait trois questions. Le Comité des Prairies a jugé que bien que les deux dernières blagues concernaient un sujet complètement différent et frôlaient la limite de l’acceptable, la première blague, soit celle au sujet des musulmans, a enfreint le Code. Ce qui était supposément la bonne réponse à la question de savoir pourquoi les musulmans du monde entier continuent à se rendre à La Mecque les fins de semaine laissait entendre que tous les musulmans participent à des activités de terrorisme. Le Comité en est venu à la conclusion suivante :

Il y a des moments dans l’histoire d’une société quand il est bien trop facile de s’en prendre à un groupe identifiable en particulier et d’en faire la cible de commentaires rudes et discriminatoires. La société est souvent disposée à trouver un bouc émissaire sur lequel faire retomber certains de ses torts, et pour servir peut-être comme moyen cathartique pour leur redressement. C’est peut-être lorsque ces solutions se présentent le plus facilement que la société devrait redoubler de vigilance. Depuis les événements bouleversants qui sont maintenant simplement connus sous le nom « 11 septembre », et la prolifération d’incidents de terrorisme avant et après cette date, il est devenu trop facile de faire des collectivités musulmanes la cible de généralisations et de commentaires négatifs, blessants et tout à fait injustifiés.

C’était le cas de l’émission mise en question. L’humour qui faisait partie de cette émission était singulièrement inacceptable. Il est outré de laisser entendre que tous les musulmans (quelle autre interprétation y a-t-il pour la déclaration « les musulmans du monde entier » ?) pourraient se rendre à leur ville la plus sainte dans le but de financer des activités de terrorisme. Pour mettre les choses en perspective, le fait de ne pas faire de distinction entre la collectivité musulmane et les terroristes n’est pas plus acceptable ou justifiable que le fait de ne pas distinguer entre les blancs et le Ku Klux Klan, pour ne choisir qu’un exemple parmi les nombreux exemples possibles. Les musulmans ne sont pas plus responsables de ceux de leur collectivité qui enfreignent la loi que tous les blancs sont responsables des actes illégaux des membres du Klan […] La diffusion de cette partie du

« quiz » constitue une infraction à l’article 2 du Code de déontologie de l’ACR.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, sur les ondes, et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 500 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.