South Park ne propose pas de violence gratuite, selon le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 31 août 1999 — Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié aujourd’hui deux décisions concernant CICTTV (Calgary). La première de ces deux décisions porte sur la série animée intitulée South Park. Un parent a dénoncé la blague de l’enfant qui est tué dans chaque épisode. Bien que sa plainte soit principalement axée sur l’effet psychologique de cette blague à répétition sur son fils, qui porte le même nom que le personne qui se fait tuer, elle a également soulevé la question de la violence gratuite.

Le Conseil régional des Prairies a examiné la plainte à la lumière du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR). Le Conseil était majoritaire à trouver qu’il n’y avait pas eu de manquement au code. Au sujet de la première question, le Conseil n’a pas trouvé que cet épisode de South Park contenait de violence gratuite. Le Conseil a noté que :

l’émission contient par moments des éléments violents; il faut s’y attendre dans un épisode qui traite de chasse, de gros fusils et d’animaux qui se font abattre. Mais l’émission, finalement, véhicule une morale ou une leçon, nommément, que la chasse est une pratique cruelle et immorale. Ces éléments violents relativement courts sont nécessaires au développement de l’intrigue; par conséquent, ils ne correspondent pas à la définition de violence gratuite telle que définie dans le Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision.

Dans la mesure où la préoccupation de la plaignante se limite à « l’assassinat de Kenny », cette violence irréaliste qui revient d’un épisode à l’autre correspond à un thème de la série South Park, qui tente de ridiculiser les attitudes, les conventions et les tabous sociétaux. Bien que le Conseil ne considère pas que la violence servant de prémisse à un filon de l’intrigue ou encore à un thème puisse échapper à toute supervision en vertu de l’Article 1 du Code concernant la violence (c.f. CHCH-TV au sujet du long-métrage Strange Days (Décision du CCNR 98/99-0043 0075, le 3 février 1999)), il estime que cette violence irréaliste qu’est « le meurtre de Kenny » se manifeste de façon telle qu’elle ne contrevient pas à l’Article 1 du Code concernant la violence.

Quant à l’allégation que cette blague à répétition est nuisible aux enfants, le Conseil a surtout trouvé que « South Park n’est décidément pas destiné aux enfants ».

Ce n’est pas ainsi que l’on présente l’émission. Elle arbore un démenti explicite. Elle n’est pas présentée à une heure où des enfants pourraient y avoir accès. Le Conseil reconnaît la regrettable réalité que certains, voire plusieurs, enfants, sont peut-être exposés à l’émission par l’entremise de la technologie du magnétoscope, d’Internet ou par d’autres moyens, mais il est très conscient que le télédiffuseur original ne peut être tenu responsable pour un événement qui échappe à ce point à son contrôle.

Un membre du Conseil est en dissidence sur ce point, cependant. Il note que « le marketing de l’émission a pour effet de contrer les efforts du télédiffuseur d’en faire une émission adulte ». Aussi trouve-t-il que l’émission contrevenait à la disposition du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision relative aux émissions pour enfants.

Dans une autre décision émise aujourd’hui, le Conseil régional des Prairies a trouvé que CICT-TV, dans un reportage sur une agression à coups de couteaux survenue à High River, avait enfreint certaines dispositions du Code de déontologie de l’ACR et d’autres du Code d’éthique (journalistique) de l’ACDIRT. Le Conseil a trouvé que :

en permettant qu’une allégation non confirmée soit faite au sujet du rôle possible de drogues dans l’homicide, le télédiffuseur a manqué à son obligation de présenter les informations de façon juste et précise, en vertu des dispositions du Code de déontologie de l’ACR et du Code d’éthique (journalistique) de l’ACDIRT. De plus, le Conseil considère que l’inclusion de ce renseignement avait pour but de sensationnaliser la nouvelle, en violation de l’Article 3 du Code d’éthique (journalistique) de l’ACDIRT.

Les radiodiffuseurs privés du Canada ont établi des normes pour l’industrie de la radiodiffusion sous forme d’un code de déontologie, d’un code portant sur les stéréotypes sexuels et d’un code portant sur la violence à la télévision auxquels les membres de la profession doivent souscrire. En 1990, ils ont aussi créé le CCNR, qui est l’organisme d’autoréglementation ayant la responsabilité d’administrer ces codes, ainsi que le code des pratiques journalistiques créé par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision du Canada (ACDIRT), en 1970. Plus de 430 stations de radio et de télévision à travers le Canada sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les hyperliens avec les sites Web des membres et d’autres sites ainsi que l’information connexe sont accessibles dans le Web au www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec le président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.