Les commentaires abusifs et indûment discriminatoires à l’endroit d’un groupe identifiable vont à l’encontre du Code de déontologie des radiotélédiffuseurs privés

Ottawa, le 30 mars 2005 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant des commentaires faits au sujet de l’immigration et des immigrants dans le cadre de l’émission Doc Mailloux à l’antenne de CKAC-AM de Montréal. Dans l’épisode du 2 décembre 2003 de cette émission, les animateurs et les interlocuteurs ont discuté de questions se rapportant à l’immigration et à l’intégration des immigrants à la société québécoise. Une plaignante a allégué que l’animateur « a tenu des propos malsains, teintés de racisme primaire, insultant. »

Animée par le psychiatre Docteur Pierre Mailloux et sa coanimatrice Janine Ross, l’émission Doc Mailloux est une émission radiophonique à ligne ouverte consacrée aux discussions sur les affaires publiques. Pendant l’épisode faisant l’objet de la plainte, le Docteur Mailloux a critiqué les politiques en matière d’immigration et les immigrants en général pour avoir apporté les aspects négatifs de leurs cultures respectives au Canada et avoir manqué de s’intégrer pleinement à la société canadienne. Le Comité régional du Québec a fait remarquer que même si certains groupes peuvent trouver ce genre de commentaires offensants, l’animateur est libre d’adopter ce point de vue en vertu du principe de la liberté d’expression.

Chez ceux pour qui les mots ont plus d’effet, certaines réflexions revêtent un caractère acéré, alors qu’elles sont, d’un point de vue plus détaché et objectif, que des observations ou commentaires politiques. Ainsi, par exemple, on peut faire des commentaires au sujet de la politique générale du gouvernement en matière d’immigration qui, ça se comprend, perturbent les immigrants. […] Par conséquent, les commentaires au sujet desquels les groupes « intéressés » sont sensibles ne tiennent parfois qu’à rien d’autre que la perspective historique ou politique. Cependant, il peut certainement y avoir de temps à autre des commentaires qui, bien qu’ils puissent blesser les plus susceptibles, constituent effectivement des commentaires abusifs ou indûment discriminatoires ne respectant pas les normes codifiées régissant les radiotélédiffuseurs privés du Canada.

La majorité des commentaires faits par Mailloux s’adressaient aux aspects concernant uniquement le côté des politiques sur la question de l’immigration et même si le point de vue de l’animateur à ce sujet pouvait sembler très conservateur et peu attrayant, celui-ci ne constituait pas une infraction d’un quelconque des codes des radiotélédiffuseurs. Toutefois, une des réflexions faites par l’animateur consistait en une caractérisation négative d’un groupe religieux en particulier, que le Comité a trouvé abusive et indûment discriminatoire et par conséquent contraire à la disposition sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’ACR. Le Comité a déclaré qu’il

est tout à fait conscient du fait que Pierre Mailloux a une opinion très ferme sur la question de l’immigration et qu’il est disposé à en faire part volontiers et en termes percutants à ses auditeurs. Le Comité admet également que malgré l’attitude de l’animateur, si désagréable qu’elle puisse être pour certaines personnes des diverses collectivités d’immigrants (ainsi que pour les nombreux Québécois et Canadiens davantage bienveillants et réceptifs), il a le droit, en vertu du principe de la liberté d’expression, de s’élever contre la possibilité de l’immigration à grande échelle. [...]

Cependant, lorsqu’il fait des groupes identifiables la cible du ridicule et du manque de respect en faisant des commentaires abusifs ou indûment discriminatoires à leur endroit, il outrepasse les bornes de son droit et ne peut plus bénéficier de la protection accordée par la liberté d’expression. […] En bout de ligne, le Comité considère que l’animateur a le droit d’épouser son intolérance chauvine jusqu’au moment où son manque de respect se propage aux races et aux nationalités individuelles, comme se fut le cas lorsqu’il a traité les sikhs d’« une gang de bozos ».

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont créé eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant la déontologie, l’emploi de stéréotypes sexuels et la présentation de violence à la télévision et ils s’attendent à ce qu’ils soient respectés par les membres de leur profession. En 1990, ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code d’éthique journalistique adopté en 1970 par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 550 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.