L’emploi, dans un contexte sportif, d’une expression analogique du domaine de la violence sexuelle n’est pas acceptable, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 28 mai 2003 -- Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant une émission sportive diffusée à l’antenne de CJAY-FM de Calgary le 17 septembre 2002. Dans sa décision, le Comité régional des Prairies du CCNR en vient à la conclusion que l’emploi d’une métaphore inspirée de la violence sexuelle ne convenait pas pour les ondes.

L’annonceur qui a fait le reportage du score de la partie de football de la NFL qui avait eu lieu la veille a déclaré « Les Redskins se sont faits penchés en deux et ont eu droit à un fisting par l’équipe de Philly qui les a vaincus 37 à 7. » (traduction) Il a enchaîné en disant « Peux-tu le sentir ?! Peux-tu, bébé ?! » (traduction) Un auditeur s’est plaint au CCNR que l’emploi du terme « fisting » était « grossier, obscène et dégoûtant » (traduction).

Le Comité régional des Prairies a examiné la plainte à la lumière de l’article 9 (Radiodiffusion) de l’édition 2002 du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) qui stipule que les émissions diffusées à la radio ne doivent pas comprendre de la violence gratuite ou du contenu qui est indûment sexuellement explicite. Le Comité a trouvé que l’effet combiné du caractère à la fois violent et sexuel de l’expression employée dans le reportage sportif constitue une infraction de cet article, tout particulièrement en raison du fait que le commentaire a été diffusé sur les ondes à 7 h 20. Le Comité a fait les commentaires suivants :

Même s’il est évident que la suggestion selon laquelle l’équipe « s’est faite penchée en deux et a eu droit à un fisting par l’équipe opposante » est du domaine de la métaphore, son emploi crée néanmoins une image de violence sexuelle. Bien qu’on puisse comprendre le désir de vouloir communiquer l’idée de la dominance dans le reportage d’un score entre équipes sportives, le fait d’établir un lien entre ce genre de dominance et un scénario à caractère sexuel dans ce contexte est injustifié et pas nécessaire. La connotation sexuelle de cette déclaration a été davantage soulignée et exacerbée par ce que l’annonceur a dit pour enchaîner sur son sujet, à savoir « Peux-tu le sentir ?! Peux-tu, bébé ?! ». Le Comité régional des Prairies estime par conséquent que ce choix de qualificatifs est gratuit.

[...]

On n’a aucunement tenté de voiler le sens sexuel de cette déclaration en utilisant des doubles sens ou des sous-entendus. Il s’agissait d’une mention sexuellement explicite et évidente qui a sans doute été comprise par la majorité des auditeurs de la station.

Le Comité a également reconnu « le désir de la part des radiotélédiffuseurs de trouver des expressions et des analogies uniques, novatrices et divertissantes », mais il a fait remarquer que les codes que les radiotélédiffuseurs privés ont convenu de respecter imposent en effet des limites au type de contenu à caractère violent et sexuel qu’il est acceptable de diffuser sur les ondes canadiennes.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, sur les ondes, et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 530 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.