Le Président Du Ccnr Explique Pourquoi Les Normes De Radiodiffusion Sont Essentielles

Ottawa, le 22 novembre 1997 -- Dans un article qui paraît aujourd’hui dans le Ottawa Citizen sous le titre « Why We Need Broadcast Standards » (« Pourquoi les normes de radiodiffusion sont essentielles »), le président national du CCNR, Ronald Cohen, explique pourquoi le Canada dispose, et doit disposer, de normes de radiodiffusion. Il répond également à l’article d’Andrew Coyne, dans le Citizen du 13 novembre, dans lequel le CCNR est assimilé à « une façade visant à satisfaire les ambitions de réglementation du seul organisme dont les opinions comptent réellement dans la radiodiffusion au Canada, le Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes ». [traduction de l’article qui n’est disponible sur le site web qu’en sa version publiée, c’est-à-dire, en anglais]

L’article précise que ce sont « les diffuseurs qui ont proposé l’auto-réglementation à la Commission, et non l’inverse » et aborde les Codes administrés par le CCNR. Il remarque que par la possession de tels Codes, les diffuseurs se comparent à d’autres corps professionnels comme les médecins et les avocats de même que les journaux canadiens.

De surcroît, comme l’article le spécifie, « Les stations et les réseaux de radiodiffusion sont tous, finalement, composés d’hommes et de femmes qui jouent souvent un rôle significatif, qu’il soit public ou plus discret, au sein de leurs communautés. Ces gens rentrent chez eux le soir et, contrairement à Howard Stern qui déclare interdire à sa fille de 11 ans d’écouter son émission mais ne pas se soucier que la vôtre l’écoute, ces diffuseurs, eux, s’en inquiètent. »

L’article précise que le CCNR a rendu 18 décisions négatives depuis juin 1993, incluant l’affaire des Power Rangers. Aucune de ces décisions n’a détruit, ne serait-ce que partiellement, le tissu social du pays. Comme le conclut l’article :

Bien que les diffuseurs aient fait des choix concernant ce qu’ils mettront en ondes et ce qu’ils ne diffuseront en fonction de l’interprétation par le CCNR de ces normes, la vie a suivi son cours au Canada. Peut-être même un tout petit mieux, grâce à ces normes. Et, en dépit de la décision sur M. Stern, elle continuera d’en être ainsi.

Dans l’article, M. Cohen se demande si les journaux seraient prêts, pour eux-mèmes, à adopter l’approche « tous les coups sont permis » que M. Coyne préconise pour les diffuseurs. Il poursuit: « C’est curieux, mais j’imagine que ni M. Coyne, ni son directeur n’autoriseraient les excès à la Stern dans leurs journaux. » Le texte original soumis au Citizen incluait des extraits offensants d’épisodes du Howard Stern Show, et Cohen demandait sans détour comment le journal y réagirait :

Quel groupe identifiable désignerait-il, lui, comme « chipoteux » (« peckerheads »), « salauds » (« scumbags ») ou « tapettes » (« pussy-assed jackoffs ») dans ses colonnes? Quelles lettres de lectrices seraient jugées publiables, ou non publiables, en fonction du tour de poitrine de leurs auteures? Quel chroniqueur humoristique de la chaîne Southam serait autorisé à dire, comme le fit M. Stern, « Ouais, je veux simplement prendre ce beau cul de femme, lui mettre du papier collant sur la bouche et lui faire des choses. [...] Et l’avoir étendue sur le bord de ma piscine, en bikini, pour qu’elle vienne me servir. Alors, je m’allonge près de ma piscine. Cette femme à poil vient vers moi, elle arrive nue juchée sur ses talons hauts. Et là, je lui enfonce la main, je broie ses cordes vocales, et elle me suce au bord de la piscine. Wow, Kim est totalement muette. Et elle est totalement nue. [...] Ensuite, je lui casse les jambes et je les place derrière sa nuque, alors la fille est assise et ses jambes sont comme ça pour toujours. On les laisse se faire coudre et cicatriser. » N’est-ce pas charmant? C’est bon pour les journaux? J’en doute. C’est bon pour les diffuseurs? Certainement pas.

Ironiquement, le quotidien qui a publié l’article d’Andrew Coyne critiquant le jugement sur M. Stern, et accusant sans retenue et sans fondement le Conseil de « violation flagrante de la liberté d’expression », sans s’interroger sur les « commentaires abusifs dirigés contre des groupes identifiables » ... a lui-même refusé de reproduire en entier ces citations de M. Stern.

Le Citizen a d’abord retouché les citations de M. Stern concernant les Français et les francophones; les mots offensants sont ainsi transcrits cryptiquement : « p***erh**ds » (« chip***ux »), « sc****gs » (« sal**ds »), « p***y-a**ed j****ffs » (« tap**tes »). Par la suite, sans nullement l’indiquer, le journal a supprimé ce passage de M. Stern de l’article, qui pour le reste est publié intact :

Alors, je m’allonge près de ma piscine. Cette femme à poil vient vers moi, elle ne porte que des talons hauts. Et là, je lui enfonce ma main, je broie ses cordes vocales, et elle me suce au bord de la piscine. Wow, Kim est totalement muette. Et elle est totalement nue. [...] Ensuite, je lui casse les jambes et je les place derrière sa nuque, alors la fille est assise et ses jambes sont comme ça pour toujours. On les laisse se faire coudre et cicatriser.

Le président national du CCNR, Ronald Cohen, note que la rédaction du Citizen a simplement fait, en privé, ce que les radiodiffuseurs ont jugé nécessaire de faire en appelant au CCNR.Il ajoute :

C’est une pratique courante dans les journaux. La rédaction décide elle-même ce qu’elle juge publiable et ne dévoile jamais ses choix aux lecteurs. L’affaire Stern en est un exemple parfait. Le Conseil dont se sont dotés les radiodiffuseurs a jugé que les paroles reproduites ci-haut violaient les normes de radiodiffusion, mais il l’a dit publiquement. Lorsque le Conseil, par un article du Citizen, a voulu démontrer le caractère nocif de ces paroles, il est apparu clairement que le journal partageait les vues du CCNR, en « corrigeant » ou supprimant des citations de M. Stern. Que pourrait-on ajouter?

Dans l’intérêt du public, le Conseil a choisi de présenter cet article sous sa forme originale; par souci de clarté, les extraits omis ou modifiés y figurent entre crochets.

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