Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision statue sur deux émissions de la World Wrestling Federation

Ottawa, le 10 avril 2001 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié deux décisions distinctes aujourd’hui concernant la diffusion, à l’antenne de TSN, de deux émissions de lutte de la World Wrestling Federation (WWF), soit une au sujet de WWF Monday Night Raw et une autre se rapportant à WWF Raw is War.

Dans le cas de WWF Monday Night Raw, un téléspectateur s’est plaint du contenu « écœurant et obscène » de l’émission dans laquelle une entraîneuse de lutte nommée Mae, dont l’âge apparent n’aurait pas suggéré qu’elle soit enceinte, « a donné naissance » à une main. En ce qui concerne l’épisode visé de Raw is War, un téléspectateur s’est plaint à TSN au sujet de certains aspects précis de l’émission qu’il qualifie de « vulgaires, ignobles, sexistes et violents. »

Le Comité national chargé des services spécialisés a examiné les deux émissions à la lumière de deux codes de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR), soit le Code concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la télévision et le Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision.

Une question préliminaire : la lutte en tant que sport?

Même si le Comité saisit très bien l’élément de divertissement de la programmation de la WWF, il a jugé que la lutte présentée par la WWF, quelque irrégulière qu’elle puisse être, est un sport en vue de l’application des dispositions du code de l’ACR sur la violence. Dans sa décision concernant Monday Night Raw, le Comité a déclaré :

Certains pourraient mettre en question la nature de ce genre de lutte et avancer l’argument voulant qu’il s’agit plutôt de divertissement que de lutte. Même s’il ne fait aucun doute qu’il ne s’agit pas de la lutte grécoromaine, ou même de la lutte en style libre, que l’auditoire a l’habitude de voir dans le cadre des Jeux olympiques ou des sports au niveau collégial, ou encore ailleurs, le Comité national n’a aucun doute quant à sa nature. C’est du sport. Premièrement, le fait que ce soit peut-être du divertissement n’exclut pas la possibilité que ce soit également du sport. Rares sont les exploitants d’entreprises de radiodiffusion qui soutiendraient qu’ils ne veulent pas, en fin de compte, que toute leur programmation divertisse l’auditoire ciblé. Le fait qu’on ait modifié les règles qui s’appliquent à la lutte traditionnelle offerte aux Olympiques ou dans les collèges, n’empêche pas de considérer cette forme de lutte comme étant du sport. Cette forme de lutte n’est pas non plus exclue du domaine des sports en raison du fait que certains aspects de la partie sont scénarisés (comme le soutient TSN). Après tout, du point de vue des téléspectateurs, la partie semble être une compétition. Ils en ignorent la conclusion. Qu’ils regardent l’émission au complet ou des parties de celleci pour voir la comédie qui se déroule, l’action dans le ring englobe de l’athlétisme, une compétition (quelque irrégulière qu’elle soit), et un gagnant et un perdant.

Questions concernant les stéréotypes sexuels

Dans Monday Night Raw, le Comité a conclu que l’épisode ne « dénigre pas ou n’abaisse pas les femmes, ou même Mae en particulier. » De l’avis du Comité, « il est évident que le fait tout d’abord qu’une femme plus âgée se trouve dans le ring, qu’elle puisse en fait donner naissance et que sa progéniture soit ensuite une main est, pour le moins, une histoire tirée par les cheveux. Toutefois, le fait que le segment est absurde, ne le rend pas exploitant. »

Dans sa décision concernant Raw is War, le Comité a toutefois conclu que le télédiffuseur a fait des commentaires dénigrants et abaissants à l’endroit des femmes, et que ces commentaires sont contraires au code sur les stéréotypes sexuels. De l’avis du Comité, l’emploi de langage comme « salope facile » à l’égard d’une des femmes, « Terry, cette petite diablesse en rut », à l’égard d’une autre et « cesse d’être une saloperie d’ordure de putain dégueulasse, brutale et pleine de crasse » enfreint l’article 4 dudit code.

Les limites de la pratique régulière du sport

Le Comité a également étudié l’application du paragraphe 10.1 du code concernant la violence. Cette disposition interdit aux télédiffuseurs d’encourager ou d’exploiter les actes de violence qui sont en marge de la pratique régulière du sport dont il s’agit. Dans sa décision concernant Raw is War, il a affirmé que

[...] même si la lutte en style libre permet l’emploi de tactiques plus brusques que la lutte traditionnelle gréco-romaine, le Comité n’est pas d’avis que cette disposition du Code prévoit l’emploi d’objets dangereux, d’armes qui ne servent pas en effet à ces deux styles de lutte. Que cela soit acceptable ou non près du ring n’importe pas au CCNR, car celui-ci s’intéresse uniquement aux aspects des parties de lutte qui se rapportent à la télédiffusion. À cet égard, le Comité n’a aucune hésitation à conclure qu’en diffusant WWF Raw is War, le télédiffuseur encourage ou idéalise l’emploi d’armes ou d’objets dangereux, ce qui va au-delà de la pratique régulière ou permise du sport et qui enfreint les dispositions du paragraphe 10.1 du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision de l’ACR.

Mise à l’horaire

Dans sa décision sur Monday Night Raw, le Comité n’a pas trouvé que le fait d’avoir présenté l’émission à 20 h 00 en Alberta, soit avant l’heure limite, constituait une violation du code concernant la violence. Il a déclaré [qu’]« aucun élément de l’histoire était exclusivement destiné aux adultes », ce qui constitue « le seul critère établissant le besoin de diffuser après l’heure limite. » La question n’a pas été soulevée dans la décision concernant Raw Is War, puisque cette émission a été diffusée après l’heure limite dans le fuseau horaire de Vancouver, ville d’où provient la plainte.

Mises en garde à l’auditoire

Finalement, le Comité a trouvé que TSN avait enfreint le paragraphe 5.1 du code concernant la violence en négligeant de présenter une mise en garde après chaque pause commerciale pendant la première heure de Raw is War. Citant une décision rendue antérieurement par le CCNR, le Comité a déclaré :

La raison d’être qui sous-tend l’exigence de diffuser des mises en garde à l’auditoire se trouve dans la section du Code intitulée « Contexte ». Il y est déclaré : « [...] avec la liberté créatrice, il faut aussi assumer la responsabilité [...] de [...] s’assurer que les téléspectateurs disposent de suffisamment d’information sur le contenu des émissions pour prendre des décisions éclairées sur le choix des émissions en fonction de leurs normes et de leurs goûts. » En répétant la mise en garde pendant la première heure, le télédiffuseur donne au téléspectateur une deuxième chance d’obtenir de l’information importante au sujet de l’émission qu’il songe à regarder. Le Code tient compte du fait que la majorité des téléspectateurs se décident dans les premières minutes d’une émission, ce qui leur fait parfois manquer une mise en garde initiale.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, à la télévision et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 460 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

– 30 –

Toutes les décisions du CCNR et tous les codes qu’il administre sont affichés sur son site Web, à www.ccnr.ca, où l’on a aussi accès à ses rapports annuels et à d’autres documents et renseignements pertinents, ainsi qu’aux sites de ses membres et à d’autres sites d’intérêt. Pour plus de renseignements, communiquer avec le président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.