Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision juge que la violence faites aux femmes contenue dans la version télévisuelle d’un long-métrage est gratuite

Ottawa, le 31 août 1999 — Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a publié aujourd’hui sa décision concernant la présentation par CHCHTV (Hamilton) du long-métrage Strange Days. Les téléspectateurs se sont dits [traduction] « extrêmement stupéfaits du contenu de ce film » qui, selon certains, [traduction] « n’équivaut à autre chose qu’un film pornographique ».

Le Conseil régional de l’Ontario a examiné la plainte à la lumière du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR). Le Conseil a trouvé que le long-métrage contenait « des éléments de violence gratuite et une violence faite aux femmes qui n’est pas permise en vertu du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision de l’ACR ».

Question épineuse s’il en est, le Conseil a dû déterminer si les scènes de violence que contient Strange Days sont [...] à ce point essentielles au développement de l’intrigue qu’elles ne constituent pas une violence gratuite. La difficulté, dans le cas présent, [...] est que la violence est une des prémisses du film dans la mesure où le contexte est la ville futuriste et assiégée de Los Angeles, « caractérisée par un ordre social qui s’écroule, le crime, la violence, la pauvreté et les conflits raciaux ». Dans ce cas, où la violence sert de prémisse au film, le Conseil a dû déterminer si cette seule prémisse justifie toute représentation de violence que les créateurs du long-métrage y ont insérée. À cette question circulaire, le Conseil a dû répondre que non. Si le contraire était vrai, l’Article 1 perdrait tout son sens et le Conseil ne peut croire que c’était là l’intention des codificateurs.

[...]

Le Code a établi des limites quant à la représentation de la violence incluse dans la version télévisuelle d’un long-métrage, dans la mesure où il s’agit d’une question d’utilisation des ondes publiques. Le Conseil, reconnaissant ce fait, doit décider d’un cas à l’autre où se situent ces limites. En appliquant les principes susmentionnés à la version télévisée de Strange Days, le Conseil reconnaît qu’une bonne partie de la violence contenue dans le film est contextuelle, puisqu’elle illustre la décadence et la violence projetées de la ville de Los Angeles au tournant du millénaire. Une part de cette violence et, en particulier, les batailles fréquentes impliquant Lenny Nero, le protagoniste revendeur de Playback du film, est plutôt ironique. Cependant, la scène qui a le plus dérangé le Conseil est celle de la strangulation et du viol d’une femme qui, de par sa longueur et sa présentation détaillée, outrepassait, dans le contexte télévisuel, ce qui était nécessaire à l’avancement de l’intrigue. Que cette scène ait pu être aussi longue (ou plus longue) dans sa version cinématographique n’est pas en cause. Le Conseil est d’avis que la version télévisuelle aurait pu, en vertu des codes de radiotélédiffusion, être tronquée sans pour autant compromettre l’intégrité artistique du film, et aurait dû l’être de façon à expliciter le sujet sans aller jusqu’à proposer de violence pour le seul plaisir de la chose. De plus, la question est exacerbée par l’exigence de l’Article 7 que « [l]es télédiffuseurs doivent prendre soin plus particulièrement de ne pas perpétuer le lien entre la femme dans un contexte sexuel et la femme victime de violence ». Ce lien ne peut être plus évident dans ce cas, où l’enregistrement de l’événement dans le but de le vendre comme film érotique était, de fait, sa raison d’être. La longueur et la composante graphique de la scène constituent un exemple inacceptable de violence gratuite contre les femmes, contrairement à l’Article 7 du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR).

Les radiodiffuseurs privés du Canada ont établi des normes pour l’industrie de la radiodiffusion sous forme d’un code de déontologie, d’un code portant sur les stéréotypes sexuels et d’un code portant sur la violence à la télévision auxquels les membres de la profession doivent souscrire. En 1990, ils ont aussi créé le CCNR, qui est l’organisme d’autoréglementation ayant la responsabilité d’administrer ces codes, ainsi que le code des pratiques journalistiques créé par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision du Canada (ACDIRT), en 1970. Plus de 430 stations de radio et de télévision à travers le Canada sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les hyperliens avec les sites Web des membres et d’autres sites ainsi que l’information connexe sont accessibles dans le Web au www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec le président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.