Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision déclare qu’une émission de ligne ouverte à la radio enfreint le Code de déontologie visant l’industrie

Ottawa, le 5 septembre 2002 -- Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant des épisodes du John Michael Show diffusés les 6 et 7 mars 2002 à l’antenne de CKTB-AM de St. Catharines. Le sujet dont on discutait en ligne ouverte dans le cadre de ce service radiophonique de formule parlée était le conflit au Moyen-Orient entre les Israéliens et les Palestiniens. Un auditeur a déposé une plainte auprès du CCNR dans laquelle il exprimait ses préoccupations quant au contenu provocant des deux épisodes. Le Comité régional de l’Ontario du CCNR a trouvé que certains des commentaires faits par l’animateur pendant l’émission du 6 mars enfreignaient le Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR).

Pendant les émissions, l’animateur John Michael a déclaré qu’à son avis, il n’est pas possible de rectifier la situation au Moyen-Orient par le biais de négociations verbales et il est nécessaire de faire appel à la force militaire. Il a également mentionné qu’il favorise le côté israélien. Le Comité de l’Ontario a déclaré qu’il

appuie le droit de l’animateur de choisir le côté qu’il veut dans le cadre du conflit actuel entre les Israéliens et les Palestiniens. Il a choisi le côté israélien. Il aurait pu tout aussi bien choisir le côté palestinien. C’est son droit de choisir. Son évaluation du conflit est également justifiée, notamment que la négociation est vouée à l’échec en tant que solution, même si ce point de vue peut décourager ceux plus portés à être optimistes, et que la seule solution sera celle de l’intervention militaire. Le Comité estime également que M. Michael a le droit d’exprimer le point de vue que « la raison du plus fort est toujours la meilleure », qu’autrement dit, le côté qui prédomine remportera la victoire et pourra à juste raison s’estimer le vainqueur. C’est peut-être une perception amorale de la politique internationale, mais l’animateur a le droit d’endosser et d’exprimer ce point de vue.

Le Comité n’en est toutefois pas arrivé à la même conclusion en ce qui concerne certains autres commentaires faits par M. Michael, comme « allez-y avec les chars les plus gros, les armes les plus puissantes, en somme tout ce que vous avez de plus fort, et faites sauter les Palestiniens, Yasser Arafat y compris, en éclats » (trad.), et les Israéliens devraient « tuer tous ceux qui ne sont pas leurs amis » (trad.). Le Comité a trouvé que la recommandation de tuer sans distinction constituait un commentaire inapproprié et injuste qui est contraire au paragraphe 6 (3) du Code de déontologie de l’ACR. Son avis au sujet de ces commentaires est le suivant :

Il ne s’agit pas simplement d’une conviction subtile. Ces commentaires préconisent de la violence généralisée contre un peuple et sentent le génocide. Ce serait une chose de préconiser la violence contre ceux qui commettent des actes de terrorisme, mais proposer un tel recours contre tous les gens d’une nationalité simplement parce qu’ils ont les mêmes origines, ça c’est une chose pour laquelle il n’y a aucune place sur les ondes canadiennes.

Le Comité a aussi constaté qu’il y avait violation de l’article 2 du Code de déontologie de l’ACR entraînée par les commentaires abusifs et indûment discriminatoires de M. Michael contre les Palestiniens. Le Comité estime que « la condamnation généralisée faite par John Michael voulant que tous les Palestiniens détestent les Juifs et veulent mettre fin à leur existence était excessive », et que « le fait d’envelopper tous les Palestiniens dans la haine, constitue, de l’avis du Comité de l’Ontario, un commentaire indûment abusif fondé sur l’origine nationale ou ethnique. » Le Comité a également fait une déclaration sur la nature et la valeur des émissions de ligne ouverte qui passent à la radio :

Le Comité admet clairement que les prises de bec sont acceptables sur les ondes dans une certaine mesure, mais il s’attend que la vraie valeur des émissions de ligne ouverte à la radio soit qu’elles servent de forum pour les idées.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, sur les ondes, et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 500 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

– 30 –

Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.