Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision déclare que les radiodiffuseurs doivent s’assurer que les informations présentées dans des émissions d’affaires publiques sont complètes et exactes

Ottawa, 6 septembre 2023 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) publie aujourd’hui deux décisions concernant la présentation d’informations complètes et exactes dans des émissions d’affaires publiques. La première met en cause un segment de l’émission de journalisme d’enquête W5 diffusée sur CIVT-DT (CTV de la Colombie-Britannique). La deuxième concerne The Vassy Kapelos Show, une émission causerie diffusée sur la station de radio CFRA (Ottawa). Dans les deux cas, le CCNR a décidé que le radiodiffuseur avait fait défaut de présenter les faits de manière complète, juste et exacte et omis de rectifier ses erreurs, le tout en contravention au Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR) et au Code de déontologie journalistique de l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées (ASNNR).

W5 « Dog Fight » (Combat de chien)

Le segment de W5 intitulé « Dog Fight » (Combat de chien), diffusé le 11 mars 2023, concernait les conflits au sujet de la garde d’un animal de compagnie. Il comportait une longue interview avec une femme qui avait entrepris des procédures judiciaires contre son ex-compagnon en vue d’obtenir la garde du chien du couple. On y déclarait ce qui suit : [traduction] « tout a commencé le jour de la rupture avec son compagnon qui est parti en emmenant le chien ». La femme expliquait l’importance qu’elle accordait au chien et on présentait une vidéo la montrant prodiguer des gestes d’affection à celui-ci.

Le CCNR a reçu une plainte de l’ex-compagnon selon qui W5 avait omis des faits importants et déformé l’histoire. Il contestait plus particulièrement l’allégation selon laquelle il s’était emparé du chien. Selon lui, la femme avait d’abord pris possession du chien lors de la rupture, pour ensuite signer un accord juridique lui remettant la possession de l’animal; mais elle avait plus tard entrepris des procédures judiciaires en vue de contester la validité de cet accord. Le plaignant a déclaré avoir informé W5 de ces faits mais que l’équipe de l’émission n’avait ni obtenu ni diffusé sa version. Le plaignant alléguait aussi que l’émission avait porté atteinte à sa vie privée : selon lui, même s’il n’y avait pas été nommé, les téléspectateurs pouvaient le reconnaître parce que le nom de son ex-compagne avait été révélé.

CTV a prétendu que l’émission avait délibérément omis des détails parce qu’il aurait été périlleux de discuter du bien-fondé d’une affaire pendante devant les tribunaux. La question du bien-fondé des arguments de part et d’autre n’ayant pas été soulevée, la chaîne CTV n’était pas, selon elle, tenue d’assurer l’équilibre dans la présentation. Le cas ne servait qu’à illustrer la complexité des conflits sur la garde d’animaux de compagnie.

Le comité décideur anglophone du CCNR a étudié la plainte à la lumière des dispositions du Code de déontologie de l’ACR et du Code de déontologie journalistique de l’ASNNR concernant l’exactitude, l’impartialité, l’équilibre, la rectification des erreurs et la vie privée. Le comité a conclu que certaines déclarations faites dans le segment ainsi que le défaut de CTV de faire état des complexités de la situation ont résulté en une présentation incomplète, injuste, partiale et inexacte de l’histoire, le tout en contravention aux articles 5, 6 et 7 du Code de déontologie de l’ACR et aux articles 1.0 et 2.0 du Code de l’ASNNR. De plus, CTV aurait dû présenter des clarifications au sujet des détails de l’affaire, comme l’exige l’article 1.3 du Code de l’ASNNR.

Pour ce qui est de la vie privée, le comité a conclu que CTV n’avait pas enfreint l’article 5.5 du Code de l’ASNNR, parce que le plaignant n’avait pas été nommé dans le segment en cause.

The Vassy Kapelos Show

The Vassy Kapelos Show est une émission causerie pendant laquelle des animateurs et leurs invités discutent des actualités. Au cours d’un épisode diffusé sur CFRA le 3 avril 2023, Kapelos et ses invités ont discuté de l’inculpation de l’ex-président des États-Unis Donald Trump relativement aux finances de sa campagne. L’invité Tom Mulcair a mentionné que Trump pourrait bientôt faire face à des accusations plus graves parce que [traduction] « Des policiers ont été tués le 6 janvier ». Il s’agissait là d’une référence aux événements survenus le 6 janvier 2021 lorsque des supporters de Trump ont envahi l’édifice du Capitole à Washington, DC afin de protester contre le résultat des élections présidentielles américaines de 2020.

Le CCNR a reçu la plainte d’une auditrice selon qui la déclaration de Mulcair était inexacte parce qu’aucun officier de police n’a pas été tué le 6 janvier 2021 au Capitole des États-Unis. CFRA a expliqué qu’un officier de police était mort le lendemain et que, même si un médecin légiste a plus tard conclu que le décès du 7 janvier était de cause « naturelle », soit deux accidents vasculaires cérébraux, certains, dont le chef de police du Capitole, ont attribué la mort de l’officier aux événements vécus la veille alors qu’il avait dû confronter les manifestants.

La majorité du comité décideur anglophone du CCNR a donné raison à la plaignante et a conclu qu’il était inexact de déclarer que des officiers de police ont été tués le 6 janvier. CFRA a par conséquent contrevenu à l’article 6 du Code de déontologie de l’ACR pour cause d’inexactitude. Deux décideurs étaient dissidents sur cette question parce que, selon eux, il était impossible de conclure de façon certaine si les événements du 6 janvier avaient ou non contribué à la mort de l’officier, ce qui permettait une certaine latitude dans l’interprétation de ce fait.

Le comité a unanimement conclu que le radiodiffuseur aurait dû clarifier cette imprécision sur la mort des officiers de police, comme l’exige la disposition du Code de l’ASNNR sur la rectification des erreurs. Cette absence de clarification a posé un problème surtout que l’animatrice a déclaré au cours de l’émission qu’elle vérifierait les faits au regard des informations sur Trump, mais qu’elle n’a rien mentionné sur la déclaration discutable de Mulcair.

Tant CTV que CFRA doivent annoncer les conclusions du CCNR en ondes à deux reprises.

Le CCNR a été créé en 1990 par les radiodiffuseurs privés du Canada pour veiller au respect des codes de normes qu’ils ont adoptés pour leur industrie. À l’heure actuelle, le CCNR administre cinq codes concernant la déontologie, la représentation équitable, la violence, les nouvelles et l’indépendance journalistique. Quelque 800 stations de radio, services de radio par satellite, services de télévision traditionnels et facultatifs du Canada sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes et d’autres renseignements pertinents sont affichés sur son site web. Pour obtenir de plus amples renseignements, visitez www.ccnr.ca.