Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision déclare que la couverture en direct d’une présumée prise d’otages aurait dû manifester plus de tact et de retenue

Ottawa, 19 mai 2021 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) publie aujourd’hui sa décision concernant la couverture d’une présumée prise d’otage diffusée à l’antenne de LCN le 13 novembre 2020. LCN, une chaîne d’information continue, a couvert l’incident et le déroulement de l’intervention policière d’urgence en direct. Le CCNR conclut que la divulgation de renseignements cruciaux dans une situation potentiellement dangereuse, de même que le manque de tact dans leur recherche d’informations, enfreignent le Code de déontologie journalistique de l’Association des services de nouvelles numériques et radiotélévisées (ASNNR).

Le 13 novembre, une opération policière de grande envergure s’est déroulée à Montréal à la suite d’un appel téléphonique signalant une prise d’otages dans les bureaux d’Ubisoft. L’incident a été couvert en direct par LCN de 14 h à 16 h environ. La station a diffusé des images du groupe d’intervention tactique autour de l’immeuble et de plusieurs personnes barricadées sur le toit-terrasse prises depuis son hélicoptère. L’équipe de journalistes sur place tentait d’obtenir des informations des badauds et un journaliste a même ouvert la porte d’une ambulance pour interroger les gens qui s’y trouvaient. Cette couverture a permis de localiser l’étage de l’immeuble où se seraient réfugiés des gens ainsi qu’une garderie à proximité. La police n’a cessé de prendre cette intervention très au sérieux pendant la couverture de LCN. Toutefois, l’incident s’est finalement avéré être un canular.

Le CCNR a été saisi de plusieurs plaintes de téléspectateurs qui estimaient que la divulgation de la localisation des employés, y compris les images du groupe sur le toit, avait mis la vie de ces derniers en danger. Les plaignants ont aussi déploré le comportement agressif des journalistes qui interrogeaient des témoins dans la rue et celui du journaliste qui avait ouvert la porte d’une ambulance.

Le comité décideur francophone du CCNR a étudié les plaintes à la lumière de l’article 5.2 du Code de déontologie journalistique de l’ASNNR qui prévoit que les journalistes doivent faire preuve de tact et de retenue lorsqu’ils rapportent des situations potentiellement dangereuses. Il conclut à l’unanimité que l’annonce, bien que non confirmée, de l’endroit précis de l’immeuble où des gens s’étaient enfermés violait le code car ce type d’information ne devrait pas être rendu public pendant une intervention policière dangereuse. De plus, les membres du comité estiment majoritairement que le journaliste qui a ouvert la porte de l’ambulance a agi en violation du code. S’ils admettent que la recherche d’informations commande parfois des stratégies audacieuses lors de couvertures en direct, ils sont d’avis que ce geste a dépassé les bornes.

La majorité des membres du comité décideur estime que la diffusion des images des employés barricadés sur le toit est acceptable parce que leur position était visible de n’importe tour à proximité et parce qu’elle indiquait que ces personnes étaient saines et sauves à ce moment-là. Elle pense aussi que la divulgation de l’emplacement de la garderie était pertinente dans la mesure où ce renseignement avait rassuré les parents inquiets de la sécurité de leurs enfants et permis de leur demander d’éviter de venir sur place pour le moment.

Le CCNR est conscient des difficultés de la couverture en direct d’événements dangereux et comprend que ce type de reportage exige que les journalistes prennent des décisions sur le vif. Toutefois, ces décisions doivent respecter les exigences des codes de radiodiffusion. LCN a l’obligation d’annoncer la décision du CCNR en ondes à deux reprises.

Le CCNR a été créé en 1990 par les radiodiffuseurs privés du Canada pour veiller au respect des codes de normes qu’ils ont adoptés pour leur industrie. À l’heure actuelle, le CCNR administre cinq codes concernant la déontologie, la représentation équitable, la violence, les nouvelles et l’indépendance journalistique. Quelque 800 stations de radio, services de radio par satellite, services de télévision traditionnels et facultatifs dans l’ensemble du Canada sont membres du Conseil.

– 30 –

Toutes les décisions du CCNR, les codes et d’autres renseignements pertinents sont affichés sur son site web. Pour obtenir de plus amples renseignements, visitez www.ccnr.ca.