La répétition excessive de contenu violent sans avertissement enfreint le Code, déclare le Conseil des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 14 février 2007 - Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant une séquence de l’émission Entertainment Tonight diffusée par le réseau de télévision Global le 21 avril 2006, laquelle donnait les grandes lignes d’un prochain épisode de l’émission américaine d’affaires publiques Primetime sur le sujet des familles reconstituées en difficulté. Cette séquence montrait des scènes troublantes de parents et de beaux-parents abusant leurs enfants verbalement et physiquement. Le Comité national de la télévision générale du CCNR en est venu à la conclusion que l’émission a enfreint la disposition sur les nouvelles du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR).

L’épisode de l’émission Entertainment Tonight dont il est question a commencé à 19 h 30, et la séquence de trois minutes sur la partie de Primetime consacrée aux familles reconstituées en difficulté a débuté à 19 h 52. Avant de présenter cette séquence, Entertainment Tonight a passé plusieurs aguiches informant les téléspectateurs au sujet de la séquence prévue. Ces aguiches, ainsi que la séquence comme telle, contenaient des scènes répétées d’une belle-mère qui crie après sa belle-fille sans provocation et d’un père qui frappe sa fille adolescente de coups de poing à plusieurs reprises. On y montrait aussi des clips de l’animatrice de Primetime, Diane Sawyer, faisant des commentaires sur combien la situation est grave au sein de ces familles. Bien que l’animateur de Entertainment Tonight ait souligné que ces scènes étaient [traductions] « stupéfiantes », « déchirantes » et « horrifiantes », on n’a donné aucun avertissement réel quant au caractère des images que lorsqu’une partie de la séquence avait déjà été montrée.

Le CCNR a reçu une plainte de la part d’un téléspectateur qui s’est plaint qu’il était inapproprié de diffuser ces scènes troublantes pendant les heures où les familles sont à l’écoute. Global a expliqué que la séquence avait pour but de tenter d’aider les familles reconstituées et ne glorifiait ni n’endossait les comportements montrés.

Le Comité national de la télévision générale a étudié la plainte à la lumière de l’article 6 du Code de l’ACR concernant la violence, lequel exige du discernement dans les reportages de scènes de violence et d’agression, de la circonspection dans la présentation répétée de vidéoclips à caractère violent, la communication d’avertissements aux téléspectateurs avant de présenter des scènes de violence, du discernement dans l’utilisation de reportages qui pourraient perturber les enfants, et aucune exagération ou exploitation de situations d’agression, de conflit ou de confrontation. Le Comité en est venu à la conclusion que Global n’a pas enfreint le Code pour avoir simplement diffusé la séquence, mais plutôt pour avoir fait la présentation répétée de ces clips à caractère violent et ne pas avoir averti les téléspectateurs à l’avance. Il a fait les observations suivantes :

[L]e Comité ne considère aucunement que l’épisode n’aurait pas dû être diffusé. En effet, le Comité accepte volontiers la pertinence de la séquence annonçant le reportage que ABC prévoyait diffuser dans le cadre de Primetime sur les conflits au sein des familles reconstituées, et il estime que les extraits des commentaires faits par Diane Sawyer démontraient le caractère sensible de la discussion qui se ferait sur Primetime. Le caractère controversé de la question sous-jacente n’est pas ce qui pose un problème. C’est plutôt la méthode de sa présentation à l’auditoire. Le libellé du Code de l’ACR concernant la violence prévoit la nécessité de traiter les questions se rapportant au contenu à caractère violent dans les émissions de nouvelles et d’affaires publiques avec sensibilité, discernement et discrétion. [...]

Le Comité a tenu compte de deux éléments du contenu télédiffusé dans ce cas. Il y a d’abord la séquence de moins de trois minutes qui a été présentée par l’émission Entertainment Tonight, et ensuite le rôle important des accroches publicitaires diffusées pendant cette émission.

[...]  Après avoirmontré trois des cinq clips à caractère querelleur, mais avant de répéter les deux derniers, l’animateur a averti l’auditoire de ce qui allait passer à l’écran [...]. Pour le Comité, cette brève mise en garde verbale revient à un coup d’épée dans l’eau. Les téléspectateurs n’ont aucunement été avertis, ni avant l’avalanche de moments violents dans la série d’aguiches, ni avant le premier 60 % de clips à caractère violent dans la séquence de trois minutes. [...]

Pour ce qui est des vidéoclips, le Comité considère que c’est l’effet d’ensemble combiné qui est en cause. Ces clips sont répétés trop souvent. On les montre à maintes reprises sans tenir compte des mesures de précaution stipulées au paragraphe 6.2 ou du discernement exigé par le paragraphe 6.4. Leur réutilisation n’a rien ajouté à l’histoire. Le Comité en vient à la conclusion qu’ils n’étaient rien de plus que des appâts pour attirer les téléspectateurs. Il y a une différence entre avertir les téléspectateurs de ce qu’on va leur présenter et les attirer vers ce contenu. Il va sans dire qu’il n’y a rien d’inapproprié à attirer les téléspectateurs, à condition que ce but se réalise sans enfreindre les normes codifiées. Dans le cas qui nous occupe, le Comité est d’avis que la combinaison des images et du choix de langage sensationnaliste enfreint la disposition du paragraphe 6.6 exigeant que les télédiffuseurs prennent soin de ne pas exagérer ni exploiter les aspects de l’agression, du conflit ou de la confrontation, lesquels sont tous présents dans cette émission.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont créé eux-mêmes les codes qui constituent les normes du secteur concernant la déontologie et l’emploi de stéréotypes sexuels ainsi que la présentation de violence à la télévision et ils s’attendent à ce qu’ils soient respectés par les membres de leur profession. En 1990, ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du Code de déontologie (journalistique) adopté en 1970 par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 600 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

– 30 –

Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.