La mise en garde était excellente, mais elle n’a pas été diffusée assez fréquemment. Il y a donc infraction, déclare le Conseil des normes

Ottawa, le 24 mai 2001 -- Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) a fait connaître aujourd’hui sa décision sur la diffusion de huit épisodes de la série The Sopranos à l’antenne de CTV. Il a reçu de nombreuses plaintes concernant cette émission, qui raconte la vie d’un patron fictif de la Cosa Nostra, ou l’« honorable société » du New Jersey. La plupart des plaintes portaient sur l’extrême grossièreté du langage employé et sur les scènes de violence, de sexe et de nudité présentées. Certaines gens se sont en outre plaints de la façon dont l’émission dépeint les Italiens.

Le Comité national de la télévision générale a examiné les plaintes à la lumière du Code de déontologie, du Code concernant les stéréotypes sexuels et du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision établis par l’ACR. À son avis, la série n’enfreint aucune des prescriptions de ces codes en ce qui a trait au contenu de la programmation. Pour ce qui est de faire de la discrimination à l’endroit des Italiens, le Comité convient qu’« aucun peuple, aucune ethnie ne souhaite voir ses membres présentés comme des criminels. Toutefois, cette considération ne peut être tenue comme un facteur déterminant, puisque le sexe, la couleur et la nationalité comptent parmi les caractéristiques servant à identifier tous les criminels ». Il ajoute :

Il faut se rappeler que c’est un tableau d’ensemble du bon et du mauvais, un portrait de la vie domestique et « professionnelle » d’une famille, non d’une collectivité entière qu’on nous présente... et qu’il ne s’agit pas d’une famille typique. Il s’agit, vu les activités professionnelles du père, d’une famille de criminels. [...] il n’y a absolument rien qui porte à croire que l’image de ce microcosme que présentent les créateurs ou le diffuseur est censée être le reflet de la nature, des moeurs ou des pratiques d’un peuple entier.

D’autre part, aux yeux du Comité, la grossièreté du langage utilisé et les scènes de violence, de sexe et de nudité n’ont rien de déplacé dans le contexte : cela va de pair avec ce qui est relaté. Quant aux scènes de brutalité explicites occasionnelles, le Comité remarque qu’elles sont « relativement peu fréquentes » dans les épisodes controversés et qu’il ne s’agit « ni de scènes de violence gratuite ni de scènes glorifiant la violence ». Il constate en outre que l’émission a été « reléguée à la plage des heures tardives » et s’accompagne de « mises en garde très précises ».

Il félicite CTV de ne pas s’en être tenu aux formules normalisées pour prévenir les téléspectateurs du caractère extrême de certains éléments de l’émission et d’avoir diffusé la mise en garde deux fois avant le début des épisodes controversés. Néanmoins, il estime que, sauf dans le cas des deux premiers épisodes, le télédiffuseur  n’a pas respecté toutes les stipulations du paragraphe 5.1 du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision à l’égard de la fréquence des mises en garde. « Dans les cas où une mise en garde s’impose, il faut la diffuser à la suite de chaque pause publicitaire », affirme-t-il, et ce n’est pas là « un simple point de détail. Les règles susmentionnées forment un tout : elles ne peuvent être séparées. Elles sont toutes essentielles à la mise en oeuvre des balises établies par le Code [...] pour la diffusion de programmation au public. »

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, sur les ondes, et ils s’attendent que leurs collègues les respectent.  Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 460 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.