La diffusion du langage grossier prononcé par Eminem à l’occasion des Junos a enfreint le Code de déontologie, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 11 février 2004 – Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant la diffusion du discours d’acceptation préenregistré qui a été prononcé par Eminem, à l’occasion de l’édition du 6 avril 2003 du gala de la remise des Junos, qui sont les prix de la musique canadienne. La diffusion de cet événement a débuté à 20 h. Un plaignant s’est opposé au langage grossier diffusé pendant l’émission. Le Comité national de la télévision générale du CCNR en est venu à la conclusion que le télédiffuseur a enfreint deux articles du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR), à savoir l’article 10 (Mise à l’horaire), lequel stipule qu’aucun langage grossier ou injurieux ne doit faire partie d’une émission diffusée en partie ou intégralement avant le début de la plage des heures tardives, soit 21 h, et l’article 11 (Mises en garde à l’auditoire), qui exige qu’une mise en garde à l’auditoire soit diffusée au début d’une émission visée par cet article et après chaque pause commerciale.

Parmi les artistes mis à l’honneur par l’industrie de la musique canadienne lors de ce gala, l’artiste américain de musique rap, Eminem, s’est mérité le Prix de l’album international de l’année. Sachant que l’artiste était dans l’impossibilité d’assister au gala pour accepter ce prix remis par l’industrie, CTV avait fait le nécessaire pour enregistrer son message à l’intention de l’auditoire et jouer la bande vidéo au moment approprié pendant l’émission. Dans son message, diffusé à 21 h 18, l’artiste s’est servi d’un mot dérivé du « mot F » en anglais. Le télédiffuseur n’a diffusé qu’une seule mise en garde à l’auditoire dans les premières minutes de l’émission. Il n’en a pas diffusé d’autres, ni au début de l’émission à 20 h, ni après toutes les autres pauses commerciales pendant la diffusion du gala. S’appuyant sur la décision qu’il avait rendue auparavant au sujet du film The House of the Spirits, le Comité en est venu à la conclusion suivante :

Bien que le Comité estime qu’il peut y avoir des circonstances dans lesquelles le principe mentionné précédemment risque de ne pas s’appliquer à une émission apparemment diffusée en direct, ce n’est pas le cas en ce qui concerne l’émission à l’étude, à savoir le gala des Junos. Étant donné que l’émission faisant l’objet de la plainte était préenregistrée, il n’y avait aucun élément de surprise pour le télédiffuseur. La diffusion du gala des Junos a commencé une heure avant le début de la plage des heures tardives. Les parents avaient par conséquent le droit de s’attendre à ce que la totalité de l’émission ne renferme rien qui puisse les préoccuper. Mais, ce n’était pas le cas, et le télédiffuseur le savait très bien. La tentative « d’avertir » les téléspectateurs du langage extrêmement grossier qui les attendait ne reflétait pas un effort sérieux d’avertissement. En ne diffusant aucune mise en garde au début de l’émission et en présentant ensuite une seule mise en garde à 20 h 08 (alors que Eminem a fait son commentaire offensant à 21 h 18), CTV n’aurait pu faire moins que si elle n’avait diffusé aucune mise en garde. Le télédiffuseur avait un choix. Il aurait pu couper le mot offensant, mot que les comités du CCNR ont d’ailleurs toujours maintenu appartient exclusivement aux émissions pour adultes, ou il aurait pu diffuser le gala des Junos après le début, à 21 h, de la plage des heures tardives. En optant pour ni l’une ni l’autre de ces possibilités, le télédiffuseur a enfreint les dispositions de l’article 10 du Code de déontologie de l’ACR. Il a, de plus, contrevenu à l’article 11 dudit Code pour avoir négligé de diffuser les mises en garde à l’auditoire qui s’imposaient.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, sur les ondes, et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 500 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.