Kevin Spencer enfreint l’interdiction d’endosser, d’encourager ou de glorifier la violence, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 23 mars 2000 — Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) publie aujourd’hui sa décision concernant la série Kevin Spencer diffusée à l’antenne de CTV. Une téléspectatrice s’est plainte que de ce dessin animé est une « tentative perverse de faire passer pour de l’humour le portrait d’une famille dépravée où règnent sexe, violence, sodomie et ivrognerie » et que le personnage principal « cherche et trouve toujours des moyens de blesser les autres ou, ce qui est tout aussi horrifiant, de s’infliger des blessures ».

Le Conseil régional des Prairies a étudié sa plainte à la lumière du Code concernant les stéréotypes sexuels à la radio et à la télévision et du Code d’application volontaire concernant la violence à la télévision, adoptés par l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR). Il a constaté tout d’abord que, bien qu’elle se présente sous forme de dessins animés, Kevin Spencer n’est pas une émission pour enfants : l’émission est présentée tard en soirée (minuit sur la plupart des marchés), elle porte la cote « 14+ » et elle est précédée d’une mise en garde informant l’auditoire qu’elle « s’adresse à un auditoire adulte averti et ne convient pas à de jeunes téléspectateurs ». Selon le Conseil, « Kevin Spencer regorge d’exemples de comportement antisocial et de mauvais goût; mais, sous ce rapport, l’émission n’enfreint aucun code des radiotélédiffuseurs ».

Le Conseil trouve néanmoins troublante la violence qui y est dépeinte. Bien qu’on ne puisse parler de violence gratuite vu sombre thématique de l’émission, la série a, croit-il, pour effet d’endosser, d’encourager ou de sanctionner la violence et, de ce fait, enfreint l’article 1 du Code concernant la violence.

Le Conseil convient avec le télédiffuseur que ce dessin animé est une satire et que « la violence irréaliste qu’il renferme est un moyen de créer l’ambiance sombre et contestataire de l’ordre établi qui est recherchée ». Il remarque que l’émission est piquée de quantité d’autres exemples de comportement antisocial et criminel. Bien qu’il reconnaisse que l’émission se veut satirique et qu’elle accentue et exagère tous les stéréotypes négatifs qui peuvent exercer une influence sur la société, le recours généralisé à la violence comme source d’humour l’inquiète.

De l’avis du Conseil, des scènes comme celles qui dépeignent le vol de la tête d’un humain décapité dans un accident et son utilisation comme source d’amusement, ou celle où la tête de Kevin baigne dans son sang, ou encore celle où l’on montre des parties de corps humain ensanglantées jonchant çà et là sur la rue, ont pour effet, lorsque intégrées à un contexte comique comme celui-ci, d’endosser, d’encourager ou de glorifier la violence, à l’encontre de ce que prescrit l’article 1 du Code concernant la violence. Le Conseil comprend très bien que les personnages et les situations présentés dans Kevin Spencer ne sont pas attrayants ni attachants et qu’il y a peu de chances qu’on les voit comme autre chose que l’antithèse de modèles de comportement. Néanmoins, ce n’est pas ce qui importe ici. En effet, d’après lui, ce n’est pas tant par son emploi de modèles de comportement que Kevin Spencer endosse la violence, c’est plutôt par sa façon de trouver matière à humour dans des images d’une horreur frappante et excessive.

Les radiodiffuseurs privés du Canada ont établi des normes pour l’industrie de la radiodiffusion, sous forme d’un code de déontologie, d’un code portant sur les stéréotypes sexuels et d’un code portant sur la violence à la télévision auxquels les membres doivent souscrire. En 1990, ils ont aussi créé le CCNR, qui est l’organisme d’autoréglementation ayant la responsabilité d’administrer ces codes, ainsi que le code des pratiques journalistiques de l’Association canadienne des directeurs de l’information en radio-télévision (ACDIRT) établi en 1970. Plus de 430 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, de même que les codes, les liens avec les sites Web des membres et d'autres sites et l'information connexe sont accessibles par le Web, au www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, communiquez avec le Président national du CCNR, Ron Cohen, au (###) ###-####.