Des propos dénigrants à l’endroit d’un groupe ethnique enfreignent le Code, déclare le Conseil canadien des normes de la radiotélévision

Ottawa, le 6 août 2003 - Le Conseil canadien des normes de la radiotélévision (CCNR) rendait publique aujourd’hui sa décision concernant l’émission Phil Hendrie Show qui est diffusée à l’antenne de CKTB-AM de St. Catharines. Le Comité régional de l’Ontario du CCNR a trouvé que cette émission a enfreint les dispositions sur les droits de la personne du Code de déontologie de l’Association canadienne des radiodiffuseurs (ACR), pour avoir diffusé des commentaires abusifs ou indûment discriminatoires à l’endroit des Italiens.

Le Phil Hendrie Show est une émission radiophonique d’interview-variétés d’origine américaine qui est axée sur la parodie. Dans l’épisode du 26 novembre 2002, M. Hendrie a fait des commentaires au sujet d’un reportage annonçant qu’un scientifique italien avait cloné un bébé humain. Il s’est servi de certaines expressions communes indésirables. Puis, après des discussions sur d’autres sujets et une pause publicitaire, l’animateur a déclaré qu’il n’avait pas du tout eu l’intention d’offenser lorsqu’il a fait les propos désagréables plus tôt dans son émission. Il a de plus suggéré que les Italiens offusqués par le fait qu’ils sont présentés comme des gangsters dans les médias devraient intenter un procès contre la mafia pour avoir créé ce stéréotype. Un auditeur s’est plaint qu’il est raciste et dégradant de diffuser des propos dénigrants fondés sur l’origine ethnique à l’endroit des Italiens. Le radiodiffuseur a répondu que c’était avec la langue au coin des lèvres que M. Hendrie a fait ses commentaires au sujet des questions sociales du jour, et qu’il avait critiqué les gestes posés par ce docteur et non son origine ethnique.

Le Comité régional de l’Ontario en est venu à la conclusion que les propos de l’animateur, fondés sur l’origine ethnique, étaient indûment discriminatoires : « Si, comme le suggère le radiodiffuseur, l’animateur ’tentait d’exprimer son dégoût quant à ce que le docteur avait fait et ne faisait pas de commentaire social au sujet de son origine ethnique’, il ne fait aucun doute qu’il a échoué de façon lamentable. »

Certains éléments de la population ont créé plusieurs sobriquets, appellations ou expressions communes qui s’appliquent à des groupes identifiables (souvent des groupes minoritaires qui se caractérisent par leur origine ethnique ou nationale ou encore leur religion ou la couleur de leur peau), et ce n’est pas là une des réalisations notables dont la société puisse se vanter. Même si certains de ces termes peuvent être positifs et dénoter de l’admiration, plusieurs, peut-être même la majorité, et certainement tous ceux en cause dans la présente affaire, ne sont pas de cette catégorie. Ils ont un caractère plutôt insultant, dénigrant et même dérisoire. Se composant généralement d’un seul mot, ces expressions sont souvent utilisées pour susciter une réaction de mépris envers les groupes ciblés par leur « définition ». Dans l’hypothèse la plus pessimiste, ces expressions sont vilaines et méchantes. Dans l’hypothèse la plus optimiste, elles sont condescendantes, un genre de code pour désigner ceux qui, selon les utilisateurs de ces expressions, ne sont pas taillés de la bonne étoffe.

Le Comité n’a également pas accepté l’affirmation de M. Hendrie selon laquelle il n’avait « pas l’intention d’offenser », et a constaté que

Bien qu’il soit vrai qu’il ait dit cela, il l’a dit du même souffle que son affirmation selon laquelle il avait effectivement utilisé les termes en cause. Il n’a pas reconnu leur inopportunité. Il n’a pas non plus tenté de revenir sur sa déclaration et d’expliquer qu’elle était attribuable à une erreur. Au contraire, il a répété les termes indésirables et a confirmé qu’ils les avait effectivement utilisés, fait qu’il a de plus souligné en ajoutant les mots « bien entendu » pour expliquer son choix des mots qu’il a prononcés sur les ondes.

Les radiotélédiffuseurs privés canadiens ont arrêté des codes qui constituent les normes du secteur concernant l’emploi de stéréotypes sexuels, la présentation de violence et le traitement de questions à valeur morale, tels les droits de l’homme, sur les ondes, et ils s’attendent que leurs collègues les respectent. Ils se sont aussi dotés d’un organisme d’autoréglementation, le CCNR, qu’ils ont mandaté de veiller à l’administration de ces codes de responsabilité professionnelle. Le Conseil a par la suite été chargé de veiller également au respect du code de déontologie journalistique adopté par l’Association canadienne des directeurs de l’information radio-télévision (ACDIRT). Plus de 530 stations de radio et de télévision et services spécialisés, d’un bout à l’autre du Canada, sont membres du Conseil.

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Toutes les décisions du CCNR, les codes, les liens vers les sites Web des membres et d’autres sites Web, ainsi que des renseignements pertinents sont affichés sur son site Web à www.ccnr.ca. Pour obtenir de plus amples renseignements, veuillez communiquer avec la présidente nationale du CCNR, Mme Andrée Noël, ou le directeur exécutif du CCNR, M. John MacNab.